INTERNATIONAL - L'Afrique du Sud a fait un long chemin sur la voie de la réconciliation depuis la libération de Mandela en 1990, mais trouver une lecture de l'histoire commune entre Noirs et Blancs reste un défi non résolu pour la "Nation arc-en-ciel".
Le 11 février, le pays célèbre les 25 ans de la sortie de prison de son héros national, qui allait devenir quatre ans plus tard le premier président démocratiquement élu par toute la population.
Mais de récents incidents ont démontré que les différentes communautés sont très loin d'avoir façonné une mémoire collective commune sur l'histoire du régime ségrégationniste d'apartheid, qui réduisit les Noirs à l'état de sous-citoyens pendant des décennies.
La TRC a pourtant beaucoup fait pour rapprocher les bourreaux et les victimes, en accordant aux premiers - sous certaines conditions - une amnistie s'ils acceptaient de confesser leurs crimes. Mais certaines plaies sont encore ouvertes.
La décision, ces derniers jours, de rebaptiser une artère du Cap du nom de Frederik Willem de Klerk, dernier président de l'apartheid et co-prix Nobel de la Paix avec Nelson Mandela, a suscité des grincements de dents dans la communauté noire.
De Klerk est l'homme qui a libéré Mandela en 1990 et démantelé progressivement les lois ségrégationnistes. Mais il était aussi le chef de l’Etat à une époque où les services spéciaux torturaient et tuaient les militants noirs.
Dans un récent discours, de Klerk a dénoncé "le ton de confrontation, nouveau et amer, dans le discours national" - l'antithèse, selon lui, de l'idéal prôné par Mandela. Il faisait référence à certains discours du président Jacob Zuma, qui accuse régulièrement l'apartheid et les Blancs d'être à l'origine des difficultés actuelles.
En janvier, le chef de l’Etat avait suscité une polémique nationale en affirmant: "les problèmes du pays ont commencé" lorsque Jan van Riebeek, le premier colon néerlandais, a posé le pied au Cap en 1652.
Un parti blanc radical a immédiatement menacé de l'attaquer pour "incitation à la haine". Et, plus inattendu, l'ancienne secrétaire particulière de Nelson Mandela, Zelda la Grange, a twitté: "Je suis FATIGUÉE des attaques régulières de Jacob Zuma contre les Blancs".
Mme La Grange, souvent regardée comme un symbole de la possible cohabitation entre Blancs et Noirs, s'est attirée une volée de critiques et d'accusations de racisme.
Crime contre l'humanité
De fait, malgré l'apparition de classes moyenne et riche noires, les habitants des bidonvilles restent quasi-exclusivement noirs. Et les beaux quartiers du Cap ou de Johannesburg encore majoritairement blancs.
"Après la TRC, nous avons cru que tout rentrerait dans l'ordre", admet-elle, déplorant finalement que ce soit essentiellement les victimes qui aient fait l'effort du pardon, alors que les indemnisations n'ont pas été à la hauteur des attentes.
La chercheuse exhibe une étude de sa fondation démontrant que seulement 53% des Blancs sud-africains estiment que l'apartheid a été un crime contre l'humanité.
Pour Andre Keet, directeur de l'Institut pour la Réconciliation et la Justice sociale à l'Université de l’État Libre, le pays "s'est trop concentré sur le processus de la TRC, et pas assez sur ce qui aurait dû être un projet politique démocratique pour nous unifier".
Il ajoute aussi que le sentiment de supériorité reste extrêmement répandu parmi les Blancs, mais que l'actuel discours du pouvoir ne va pas dans le sens d'une réconciliation.
Le 11 février, le pays célèbre les 25 ans de la sortie de prison de son héros national, qui allait devenir quatre ans plus tard le premier président démocratiquement élu par toute la population.
Mais de récents incidents ont démontré que les différentes communautés sont très loin d'avoir façonné une mémoire collective commune sur l'histoire du régime ségrégationniste d'apartheid, qui réduisit les Noirs à l'état de sous-citoyens pendant des décennies.
Verne Harris, directeur de recherche à la Fondation Mandela, est inquiet: "Le projet de réconciliation est en danger". Peut-être, dit-il, parce que "les Sud-Africains ont essayé d'exorciser leur passé trop rapidement", avec la célèbre "Commission Vérité et Réconciliation" (TRC) présidée par Desmond Tutu, dont les travaux ont commencé dès 1996.
La TRC a pourtant beaucoup fait pour rapprocher les bourreaux et les victimes, en accordant aux premiers - sous certaines conditions - une amnistie s'ils acceptaient de confesser leurs crimes. Mais certaines plaies sont encore ouvertes.
La décision, ces derniers jours, de rebaptiser une artère du Cap du nom de Frederik Willem de Klerk, dernier président de l'apartheid et co-prix Nobel de la Paix avec Nelson Mandela, a suscité des grincements de dents dans la communauté noire.
De Klerk est l'homme qui a libéré Mandela en 1990 et démantelé progressivement les lois ségrégationnistes. Mais il était aussi le chef de l’Etat à une époque où les services spéciaux torturaient et tuaient les militants noirs.
Dans un récent discours, de Klerk a dénoncé "le ton de confrontation, nouveau et amer, dans le discours national" - l'antithèse, selon lui, de l'idéal prôné par Mandela. Il faisait référence à certains discours du président Jacob Zuma, qui accuse régulièrement l'apartheid et les Blancs d'être à l'origine des difficultés actuelles.
En janvier, le chef de l’Etat avait suscité une polémique nationale en affirmant: "les problèmes du pays ont commencé" lorsque Jan van Riebeek, le premier colon néerlandais, a posé le pied au Cap en 1652.
Un parti blanc radical a immédiatement menacé de l'attaquer pour "incitation à la haine". Et, plus inattendu, l'ancienne secrétaire particulière de Nelson Mandela, Zelda la Grange, a twitté: "Je suis FATIGUÉE des attaques régulières de Jacob Zuma contre les Blancs".
Mme La Grange, souvent regardée comme un symbole de la possible cohabitation entre Blancs et Noirs, s'est attirée une volée de critiques et d'accusations de racisme.
Crime contre l'humanité
"Nous n'avons pas atteint le but ultime de notre voyage, nous n'avons fait que le premier pas sur une route longue et difficile", admet M. Harris, de la Fondation Mandela. "La grande majorité des Sud-Africains vit dans une réalité encore très fortement héritée de l'apartheid. Ils en conçoivent de la colère (...) Les vieilles divisions et les vieux schismes sont plus marqués aujourd'hui".
De fait, malgré l'apparition de classes moyenne et riche noires, les habitants des bidonvilles restent quasi-exclusivement noirs. Et les beaux quartiers du Cap ou de Johannesburg encore majoritairement blancs.
"Les tensions raciales reviennent à la surface depuis quelques temps, c'était particulièrement visible l'année dernière", constate également Anele Mtwesi, chercheuse à la Fondation Helen Suzman.
"Après la TRC, nous avons cru que tout rentrerait dans l'ordre", admet-elle, déplorant finalement que ce soit essentiellement les victimes qui aient fait l'effort du pardon, alors que les indemnisations n'ont pas été à la hauteur des attentes.
La chercheuse exhibe une étude de sa fondation démontrant que seulement 53% des Blancs sud-africains estiment que l'apartheid a été un crime contre l'humanité.
Pour Andre Keet, directeur de l'Institut pour la Réconciliation et la Justice sociale à l'Université de l’État Libre, le pays "s'est trop concentré sur le processus de la TRC, et pas assez sur ce qui aurait dû être un projet politique démocratique pour nous unifier".
Il ajoute aussi que le sentiment de supériorité reste extrêmement répandu parmi les Blancs, mais que l'actuel discours du pouvoir ne va pas dans le sens d'une réconciliation.
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