Le réfugié syrien soupçonné d'avoir planifié un attentat en Allemagne au nom de l'organisation jihadiste État islamique (EI) s'est suicidé en prison mercredi soir, deux jours seulement après son arrestation, déclenchant une polémique sur ses conditions de détention.
"Jaber al-Bakr s'est donné la mort dans l'infirmerie de la prison de Leipzig", a déclaré dans un communiqué le gouvernement régional de Saxe (est de l'Allemagne), sans donner de détails. Une conférence de presse sera donnée à ce sujet jeudi à 11H00 (09H00 GMT).
Selon le site internet du journal Bild et l'agence de presse DPA, le suspect a été retrouvé pendu dans sa cellule de l'infirmerie. Il avait été incarcéré lundi dans la ville saxonne, située dans l'est du pays.
"Je suis incroyablement choqué et absolument stupéfait que cela ait pu se produire", a déclaré son avocat commis d'office, Alexander Hübner, qualifiant l'affaire de "scandale judiciaire".
Le risque suicidaire de son client était connu des responsables de la prison, a-t-il précisé, soulignant qu'il était en grève de la faim depuis son incarcération et avait tenté de s'électrocuter en manipulant des prises électriques.
Selon Bild, sa cellule était contrôlée seulement une fois par heure et non pas en permanence, ce qui doit être normalement le cas pour des personnes considérées comme susceptibles de se donner la mort.
"C'est un véritable cauchemar", a réagi un responsable du parti de la chancelière Angela Merkel (CDU), Wolfgang Bosbach. "Il s'agit d'une tragédie compte tenu de la gravité des accusations, de l'explosif très dangereux retrouvé et de la menace qu'il représentait pour le pays", a-t-il ajouté.
"Comment est-il possible que quelqu'un qui est censé être sous surveillance permanente puisse être retrouvé pendu?", a interrogé Tobias Lindner, membre du parti écologiste Bündnis 90/Die Grünen.
Le Syrien charge ses dénonciateurs
Jaber al-Bakr, 22 ans, avait été livré à la police dans la nuit de dimanche à lundi, après 48 heures de cavale, par trois de ses compatriotes à Leipzig qui l'avaient hébergé avant de réaliser qui il était et de le dénoncer.
Selon Bild, le suspect avait déclaré lors de ses premiers interrogatoires que ces trois réfugiés syriens étaient au courant de ses projets d'attentat.
Toutefois, les autorités restent prudentes face à ces accusations, n'excluant pas une dénonciation mensongère par vengeance envers ces trois Syriens fêtés comme des héros dans tout le pays depuis lundi.
Ils ont été félicités par la chancelière Angela Merkel et plusieurs voix se sont élevées pour les faire décorer, voire pour leur attribuer la nationalité allemande.
Surveillé par les services de renseignement intérieur, Jaber al-Bakr avait réussi à s'enfuir samedi matin de son appartement de Chemnitz, ville voisine de Leipzig dans l'Etat régional de Saxe, au moment où la police était venue l'interpeller. Ce qui avait déclenché une première polémique.
Malgré un tir de semonce des forces de l'ordre, l'homme était parvenu à prendre la fuite et n'avait été retrouvé que deux jours plus tard.
Les forces de l'ordre avaient trouvé 1,5 kilo d'explosif dans le logement qu'il occupait à Chemnitz, du TATP, substance prisée par l'EI. Il était sur le point de commettre un attentat contre un aéroport de Berlin pour le compte de l'organisation jihadiste.
Le Syrien pouvait passer à l'acte "dans le courant de cette semaine", a indiqué le patron du renseignement intérieur, Hans-Georg Maassen, au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung à paraître jeudi.
Selon les médias allemands, Jaber al-Bakr a passé "plusieurs mois" en Turquie, d'où il serait revenu "fin août" avec une "grande quantité de dollars en billets de banque".
Le gouvernement a annoncé que les services secrets auraient bientôt accès aux dossiers des demandeurs d'asile dans le pays afin de mieux identifier les personnes à risque. Quelque 890.000 sont arrivés en 2015.
Des attentats revendiqués par l'EI ont fait des centaines de morts depuis un an en Europe, essentiellement en France (130 morts en novembre 2015 à Paris, 86 morts en juillet à Nice) et en Belgique (32 morts en mars à Bruxelles). Deux ont été commis en juillet en Allemagne.
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