Le président Marzouki avait annoncé sa levée "prochainement" le 23 juin 2012. En vigueur depuis le 15 janvier 2011, l'état d'urgence en Tunisie a finalement été levé le 6 mars 2014. Près de deux ans plus tard.
Le timing intrigant de cette décision et le faible impact qu'elle devrait avoir sur les forces sécuritaires pointent vers un geste avant tout symbolique.
L'état d'urgence étend les pouvoirs des forces de l'ordre, facilitant notamment les mouvements et l'établissement de troupes à l'intérieur du pays. Selon le décret 78-50 du 26 janvier 1978, il autorise par ailleurs l'interdiction de "circulation de personnes".
Les soldats disparaîtront-ils donc de l'espace public? Pas tout à fait.
Selon la présidence, la décision n'introduit pas de modification dans l'application des lois et des mesures en place dans le pays, y compris celles concernant les zones d'opérations militaires et les zones frontalières tampon. La zone d'opération militaire au Sud ne devrait donc pas être immédiatement concernée.
La levée de l'état d'urgence ne devrait pas non plus empêcher l'armée d'intervenir en tout lieu en cas de besoin, affirme la présidence.
En revanche, la présidence n'a pas fait mention de la présence militaire accrue devant certains bâtiments publics ou aux emplacements cruciaux.
Pour le moment, aucune information n'a confirmé le retrait des troupes.
Quant aux autres mesures exceptionnelles autorisée par le décret, notamment l'interdiction de réunion, les autorités n'y auront quasiment pas eu recours.
Pourquoi maintenant?
Après sa promesse du 26 juin 2012, Moncef Marzouki s'était à nouveau fait l'avocat de la fin de l'état d'urgence le 26 avril 2013.
Selon le décret 78-50 du 26 janvier 1978, l'état d'urgence peut être décrété "en cas de péril imminent " ou en cas de "calamité publique". Il y aurait donc moins de "péril imminent" ou de "calamité publique" aujourd'hui que lors des trois années depuis le 15 janvier 2011.
Force est pourtant de constater que le climat sécuritaire actuel soutient la comparaison.
De juillet à novembre 2012, l'état d'urgence est renouvelé tous les mois. Les autorités assurent à chaque fois que cela témoigne d'une amélioration des conditions de sécurité.
A partir de novembre 2012, le rythme change. L'état d'urgence est alors prorogé tous les deux ou trois mois. Cette décision intervient peu après que des militants islamistes radicaux ont attaqué deux postes de la Garde nationale à La Manouba. Le ministère de l'Intérieur avertit alors que les forces de sécurité recourrait à "tous les outils permis par la loi".
Début novembre 2013, Moncef Marzouki le prolonge de huit mois d'un coup, jusqu'en juin 2014.
Les circonstances? Fin octobre, deux attentats avaient échoué à Sousse et à Monastir. Durant le seul mois d'octobre, neuf agents des forces de l'ordre avaient été tués dans des affrontements. Fin juillet, les combats au Mont Châambi avaient fait huit morts dans les rangs militaires.
Le gouvernement avait par ailleurs placé le groupe Ansar al-Charia sur sa liste des organisations "terroristes".
Qu'en est-il aujourd'hui?
La levée de l'état d'urgence intervient trois semaines après l'embuscade de présumés "terroristes" qui a fait quatre morts à Jendouba, un mois après les opérations "anti-terroristes" à Raoued et à Borj Louzir.
Entre-temps, la rhétorique sécuritaire s'est faite omniprésente.
Une polémique a éclaté sur le traitement des sujets sécuritaires par les médias. Fin janvier, les ministères de la Défense nationale et de l'Intérieur étaient allés jusqu'à rappeler les médias à l'ordre, soulignant que la diffusion d'information portait préjudice aux opérations sécuritaires.
Au regard des évènements, la levée de l'état d'urgence ne semble pas plus justifiable aujourd'hui qu'elle ne l'aurait été il y a deux ans.
D'autres évolutions récentes pourraient avoir influé sur le processus de décision: l'intronisation d'un nouveau gouvernement et l'adoption d'une nouvelle Constitution.
En mars 2013, le porte-parole de la présidence Adnène Mansar avait qualifié l'état d'urgence de "décision politique par excellence".
Aujourd'hui saluée à l'étranger, la classe politique tunisienne vient de prendre sa dernière mesure symbolique pour confirmer l'apaisement en vue des prochaines élections.
Le timing intrigant de cette décision et le faible impact qu'elle devrait avoir sur les forces sécuritaires pointent vers un geste avant tout symbolique.
L'état d'urgence a été levé en #Tunisie !! But wait .. ça change quoi au juste? (Ô_0)
— Oueslati.A (@Al_Pacino_) March 6, 2014
L'état d'urgence étend les pouvoirs des forces de l'ordre, facilitant notamment les mouvements et l'établissement de troupes à l'intérieur du pays. Selon le décret 78-50 du 26 janvier 1978, il autorise par ailleurs l'interdiction de "circulation de personnes".
Les soldats disparaîtront-ils donc de l'espace public? Pas tout à fait.
Selon la présidence, la décision n'introduit pas de modification dans l'application des lois et des mesures en place dans le pays, y compris celles concernant les zones d'opérations militaires et les zones frontalières tampon. La zone d'opération militaire au Sud ne devrait donc pas être immédiatement concernée.
La levée de l'état d'urgence ne devrait pas non plus empêcher l'armée d'intervenir en tout lieu en cas de besoin, affirme la présidence.
En revanche, la présidence n'a pas fait mention de la présence militaire accrue devant certains bâtiments publics ou aux emplacements cruciaux.
#Instantané Retrait des barbelés tranchants installés devant le parlement tunisien, depuis janvier 2011. pic.twitter.com/nc7EFoaRVr
— Ochlocratie (@Ochlocratie) March 6, 2014
Pour le moment, aucune information n'a confirmé le retrait des troupes.
Quant aux autres mesures exceptionnelles autorisée par le décret, notamment l'interdiction de réunion, les autorités n'y auront quasiment pas eu recours.
Levée de l'état d'urgence!
Wawww ! Désormais, les #tunisie-ns peuvent faire des rassemblements de plus de 3 personnes dans les lieux publics
— بالمرصاد (@Boukacheche_TN) March 6, 2014
Pourquoi maintenant?
Après sa promesse du 26 juin 2012, Moncef Marzouki s'était à nouveau fait l'avocat de la fin de l'état d'urgence le 26 avril 2013.
"Je suis conscient de la nécessité de lever l'état d'urgence qui a déjà consommé des énergies considérables. Il est temps d'y mettre un terme afin que l'armée vaque à ses missions essentielles, y compris celles de l'instruction et de la protection des frontières".
Selon le décret 78-50 du 26 janvier 1978, l'état d'urgence peut être décrété "en cas de péril imminent " ou en cas de "calamité publique". Il y aurait donc moins de "péril imminent" ou de "calamité publique" aujourd'hui que lors des trois années depuis le 15 janvier 2011.
Force est pourtant de constater que le climat sécuritaire actuel soutient la comparaison.
De juillet à novembre 2012, l'état d'urgence est renouvelé tous les mois. Les autorités assurent à chaque fois que cela témoigne d'une amélioration des conditions de sécurité.
A partir de novembre 2012, le rythme change. L'état d'urgence est alors prorogé tous les deux ou trois mois. Cette décision intervient peu après que des militants islamistes radicaux ont attaqué deux postes de la Garde nationale à La Manouba. Le ministère de l'Intérieur avertit alors que les forces de sécurité recourrait à "tous les outils permis par la loi".
Début novembre 2013, Moncef Marzouki le prolonge de huit mois d'un coup, jusqu'en juin 2014.
Les circonstances? Fin octobre, deux attentats avaient échoué à Sousse et à Monastir. Durant le seul mois d'octobre, neuf agents des forces de l'ordre avaient été tués dans des affrontements. Fin juillet, les combats au Mont Châambi avaient fait huit morts dans les rangs militaires.
Le gouvernement avait par ailleurs placé le groupe Ansar al-Charia sur sa liste des organisations "terroristes".
Qu'en est-il aujourd'hui?
La levée de l'état d'urgence intervient trois semaines après l'embuscade de présumés "terroristes" qui a fait quatre morts à Jendouba, un mois après les opérations "anti-terroristes" à Raoued et à Borj Louzir.
Entre-temps, la rhétorique sécuritaire s'est faite omniprésente.
Une polémique a éclaté sur le traitement des sujets sécuritaires par les médias. Fin janvier, les ministères de la Défense nationale et de l'Intérieur étaient allés jusqu'à rappeler les médias à l'ordre, soulignant que la diffusion d'information portait préjudice aux opérations sécuritaires.
Au regard des évènements, la levée de l'état d'urgence ne semble pas plus justifiable aujourd'hui qu'elle ne l'aurait été il y a deux ans.
D'autres évolutions récentes pourraient avoir influé sur le processus de décision: l'intronisation d'un nouveau gouvernement et l'adoption d'une nouvelle Constitution.
En mars 2013, le porte-parole de la présidence Adnène Mansar avait qualifié l'état d'urgence de "décision politique par excellence".
Aujourd'hui saluée à l'étranger, la classe politique tunisienne vient de prendre sa dernière mesure symbolique pour confirmer l'apaisement en vue des prochaines élections.
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