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Rached Ghannouchi au Washington Post: "Nous ne nous sommes pas trop mal débrouillés"

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Rached Ghannouchi, le président d'Ennahdha, a défendu l'action du gouvernement mené par les islamistes et la situation en Tunisie dans une interview au quotidien américain The Washington Post, en se disant confiant dans une victoire de la démocratie.

"Je ne vais pas dire que nous avons réalisé de grands succès au cours des deux dernières années, mais nous devons nous souvenir que le pays traverse une période de transition après la révolution", a-t-il affirmé.

"Comparez notre situation à d'autres pays se trouvant dans une situation similaire - la Libye, la Syrie, le Yémen, l'Egypte et d'autres pays du Printemps arabe. La Tunisie se porte beaucoup mieux, de toute évidence. Elle est la dernière bougie à briller dans le Printemps arabe malgré tous les vents qui lui soufflent dessus", a-t-il ajouté.


"Si vous regardez la Constitution, qui est presque prête maintenant après deux ans, elle consacre toutes les valeurs de la révolution comme la liberté d'association, la liberté d'expression et l'égalité pour les femmes", a-t-il poursuivi.

"La Tunisie, aux termes de la Constitution existante ratifiée en 1959, est un Etat indépendant -l'Islam est sa religion, l'arabe est sa langue. Cela nous suffit. Dans une démocratie, c'est le Parlement qui fait les lois. Nous ne voulons pas d'une théocratie au-dessus du Parlement. Certains (sic) ont tenté d'ajouter la charia à la nouvelle Constitution, et nous avons rejeté ces appels. Les gens ne sont pas d'accord sur la charia, nous devrions donc la laisser de côté", a-t-il encore dit.

Au bout du compte, a estimé le leader d'Ennahdha, qu'il s'agisse de la Constitution ou sur le plan économique, et compte tenu de la crise économique mondiale, "je pense que nous ne nous sommes pas trop mal débrouillés".


LIRE: La Tunisie aura une Constitution qui fait "kiffer", selon Mustapha Ben Jaâfar


Ennahdha et les salafistes

M. Ghannouchi a en outre démenti l'existence de camps d'entraînement jihadistes en Tunisie, en affirmant que l'attitude du gouvernement vis-à-vis des salafistes et d'Ansar Al Charia avait changé du tout au tout après l'attaque contre l'ambassade des Etats-Unis.

"Avant cela, nous essayions de les convaincre de travailler dans le cadre de la loi. Mais à partir de ce moment-là, nous nous sommes rendu compte que ces gens n'acceptaient pas de travailler dans les limites de la loi, et c'est pourquoi nous avons commencé à sévir contre eux", a-t-il dit.

"Un certain nombre de personnes impliquées dans les assassinats (de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, ndlr) ont été arrêtées par les forces de sécurité. Ces assassinats ont été faits par des professionnels, il est donc difficile de les arrêter. Aux Etats-Unis, il n'est pas encore clair qui a vraiment tué Kennedy", a-t-il ajouté.

LIRE: Tunisie: Des risques d'attentats lors du Nouvel an pris au sérieux par l'armée


Contestation interne

M. Ghannouchi a reconnu que des dissensions étaient apparues au sein de son parti sur les "compromis" nécessaires au succès du dialogue national.

"Au moins ils (les membres du parti, ndlr) ne m'ont pas encore jeté dehors. Il y a des désaccords dans le parti sur les décisions à prendre et les compromis à accorder. Lors du congrès du parti, je n'ai pas été élu à 99%, comme Ben Ali. 70% ont voté pour moi. Peut-être ces 70% ont-ils un peu baissé à cause des compromis que nous avons dû faire, mais je pense que la majorité du parti soutient les choix que nous avons fait", a-t-il jugé.

"Je pense que la démocratie va l'emporter en Tunisie, mais je crois aussi qu'elle va l'emporter dans les autres pays du Printemps arabe. A notre époque moderne, l'âge de la libre information, je ne pense pas qu'il y ait une place pour les dictatures".

A la question de savoir s'il était membre des Frères musulmans, Rached Ghannouchi a répondu: "Nous sommes un parti tunisien", précisant qu'il était membre de l'Union internationale des oulémas musulmans de Youssef Al Qaradaoui. "Ce n'est pas politique", a-t-il tenu à assurer.

M. Ghannouchi a enfin affirmé qu'il était possible de parvenir à un accord sur le futur chef du gouvernement "avant la fin de la semaine", et nié que son parti ait demandé des "garanties" avant de quitter le pouvoir "parce que nous n'avons rien fait de mal".

LIRE: Tunisie - Prochain chef du gouvernement: Confusion autour de Mustapha Filali


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