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La perspective d'un 4ème mandat pour Bouteflika crée des fissures dans le régime algérien

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"Papa, que se passe-t-il en Algérie?" a demandé, lundi soir, une adolescente à son père, chef d’entreprise.
Un signe éloquent de l’inquiétude qui s’est emparée des Algériens avec la multiplication de signes d’une vive fracture au sein du régime au sujet d’un 4ème mandat du Président Abdelaziz Bouteflika.

Pour la première fois dans l’histoire du pays, c’est un dirigeant d’un parti du pouvoir, le Front de Libération nationale (FLN), qui attaque les services de renseignements algériens et met en cause leur "omnipotence".

Mohamed Saadani s’est en est pris publiquement, dans un entretien publié par TSA, au général Mohamed Mediene dit Toufik, patron des services des renseignements algériens, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), présenté comme le "faiseur de présidents" en Algérie. Il révélait ainsi l’ampleur des divisions au sein du régime au sujet d’un quatrième mandat du Président Abdelaziz Bouteflika, à la santé fragilisée par l’âge et la maladie.

Bien que critiquée par l’opposition, cette candidature semblait acquise, les traditionnels relais du régime, les partis FLN, le Rassemblement national démocratique (RND), l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ayant déjà appelé Bouteflika à rempiler pour un nouveau mandat, au nom de la "stabilité".

L’attaque de Saadani contre le DRS a fait sortir sur la place publique le bras de fer feutré entre le "clan présidentiel" et les "services". Amar Saadani ne s’est pas contenté de critiquer le général Toufik, il a dressé un constat d’échec généralisé des services de renseignements algériens.

Ça chauffe dans les couloirs du régime!

Le DRS, a-t-il affirmé dans un entretien publié par TSA, a failli dans la "protection et la sécurité du président Mohamed Boudiaf", "n’a pas protégé Abdelkader Benhamouda (ex- SG de l’UGTA assassiné par les islamistes en 1997) , ni les moines de Tibehirine, ni les bases de pétrole dans le sud, ni les employés des Nations unies en Algérie, ni le Palais du gouvernement".

Un réquisitoire, inimaginable dans la bouche d’un dirigeant d’un parti du pouvoir, qui donne le sentiment aux Algériens, soudain plus inquiets que d’habitude, que les couteaux sont tirés.

"Ça chauffe dans les couloirs du régime", a titré le Quotidien d’Oran.
Pour d’autres titres de la presse algérienne, la guerre est ouvertement déclarée entre le "clan présidentiel" et les services de renseignements.

Le Bureau politique du FLN a apporté son soutien au SG du parti alors qu’un général à la retraite, Mohand Tahar Yala, a appelé les algériens "à faire échec au complot". C’est une attaque contre "le système immunitaire qui protège la nation contre toutes les agressions, d’où qu’elles viennent", a-t-il affirmé.

Le chroniqueur Kamel Daoud, note pour sa part que "celui qui charge aujourd'hui Toufik est celui-là même qui a usé de ses 'services' pour passer de la musique au papier à musique. On ne se fait pas d'illusion car c'est de la purge entre eux, pas de la démocratie".


Une suite judiciaire?

Les journaux Liberté et le Soir d’Algérie affirment aujourd’hui, en citant des "sources sûres" que le DRS a décidé de poursuivre en justice Amar Saadani:

"Le DRS (Département du renseignement et de la sécurité) a décidé de porter plainte contre le SG du FLN, M. Amar Saadani. Cette plainte fait suite aux accusations portées par Amar Saadani contre ce service de sécurité, indiquent des sources sûres".


Aucune annonce officielle n’est venue confirmer le dépôt de plainte.
Les observateurs en Algérie notent qu’il revient normalement au Ministère de la Défense, que dirige le Général Gaïd Salah, vice-ministre de la défense, d’engager des poursuites judiciaires. Or, le général Gaïd Salah passe, lui, pour être un partisan d’un 4ème mandat de Bouteflika…

Maghreb Emergent note que l’institution militaire n’a pas fait de communiqué, "elle qui réagit souvent aux critiques de la presse".

Cette montée des tensions au sein du régime intervient dans un contexte de flou politique persistant. Le président Abdelaziz Bouteflika, dont la capacité physique à exercer un mandat présidentiel est contestée par l’opposition, ne s’est toujours pas prononcé sur sa candidature ou non aux élections présidentielles prévues le 17 avril prochain.


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