Que restera-t-il d'une décennie de présence occidentale en Afghanistan? Peut-être ces milliers de tatouages gravés à jamais sur l'épiderme de la jeunesse urbaine qui brave l'interdit et les mollahs pour s'orner de cœurs brisés, têtes de mort ou super-héros américains.
Sous la dictature fondamentaliste des talibans (1996-2001), le moindre accessoire de mode était banni et la police patrouillait dans les rues pour punir tout homme qui osait se raser, tailler sa barbe ou au contraire avoir les cheveux trop longs.
Treize ans plus tard, de jeunes hommes de Hérat, Kaboul et d'autres villes afghanes aiment se glisser dans des jeans moulants et des vestes brodées, et prennent plaisir à sculpter leurs cheveux à grand renfort de gel lustré.
A cette nouvelle esthétique post-2001 se greffe une croissante passion pour les tatouages chez des jeunes influencés par les stars de la pop occidentales ou indiennes, les vedettes du foot, voire des soldats américains tatoués.
En Afghanistan, le tatouage est considéré par certains comme une mutilation du corps proscrite par la religion musulmane. Et les autorités ont interdit les salons de tatouage.
Se faire tatouer requiert donc détermination, ingéniosité et contacts dans de petits cercles d'initiés. "C'est illégal d'avoir un salon de tatouage, j'opère donc en secret. Si les autorités l'apprennent je risque d'être arrêté", lance Reza Yousifi, 19 ans, un tatoueur illégal de Kaboul.
"Certains de mes amis artistes tenaient avant des salons de tatouage, mais ils ont été arrêtés par la police et leurs commerces fermés", souligne le jeune homme, un dessin inspiré des films américains X-Men gravé sur le bras.
Pour opérer, Reza se sert des salons de beauté de ses amis, où certains clients savent qu'il peuvent venir se faire tatouer discrètement. Dès qu'il y a une demande, Reza reçoit un coup de téléphone et rapplique aussitôt avec son attirail de tatouage.
'Peur qu'ils me coupent le bras'
Peu après la chute des talibans, fin 2001, de nombreux salons de tatouage avaient ouvert leur porte dans la capitale afghane, mais sous la pression des mollahs, les autorités ont coupé court à ces fantaisies urbaines.
"Le tatouage est considéré comme un péché dans l'islam. Ceux qui ont des tatouages sur les bras les cachent, mais cela n'empêche pas la mode de se propager", estime Reza, dont la clientèle est composée de jeunes hommes et de quelques femmes, tous en quête d'aventure dans leurs vies souvent tissées d'interdits.
Coeur brisé, image d'un ami perdu, de la guerre qui ravage le pays: les tatoués optent le plus souvent pour des sujets sombres. "Certains choisissent tout de même des motifs romantiques ou des dessins de jolies filles", lance Reza, en soulignant qu'il prévient toujours ses clients que ses gravures sur peau sont "permanentes".
Mehdi, 17 ans, jeans taille basse, cheveux gommés en pointe et une ancre de bateau fraîchement gravée sur l'épaule, confie être "tombé amoureux" des tatouages lors d'un séjour en Inde, pays proche dont la culture influence beaucoup d'Afghans. "Et je me fous bien de ce que les autres en disent", lâche-t-il.
Autre lieu, autre esthétique: dans un gymnase en sous-sol de Kaboul où de jeunes hommes pratiquent le culturisme, une autre activité contemporaine en vogue dans la capitale afghane, les motifs tribaux ont la cote. Basir, un jeune colosse fier d'exhiber ses gros biceps dorés et tatoués, a lui choisi "un oiseau au-dessus des barbelés". "Pour moi, ça signifie la liberté", dit-il.
Mais aussitôt sorti des lieux, il baisse ses manches comme d'autres se couvrent d'une burqa. "Les insurgés ont coupé les doigts de gens qui ont voté lors des élections, alors j'ai peur qu'ils me coupent le bras s'ils découvrent ce tatouage".
Avec la fin de la mission de combat de l'Otan qui soutient le fragile gouvernement de Kaboul face aux tenaces talibans, l'année 2015 ouvre une période incertaine pour ce pays toujours en guerre. Et certains mollahs revanchards y voient l'occasion de rétablir des valeurs traditionnelles en balayant au passage les influences occidentales, tatouages compris.
"Les tatouages sont contraires à l'islam... C'est de la culture occidentale et il n'y pas de place pour ça chez nous", prévient dans sa mosquée de Kaboul le mollah Abdul Latif.
Sous la dictature fondamentaliste des talibans (1996-2001), le moindre accessoire de mode était banni et la police patrouillait dans les rues pour punir tout homme qui osait se raser, tailler sa barbe ou au contraire avoir les cheveux trop longs.
Treize ans plus tard, de jeunes hommes de Hérat, Kaboul et d'autres villes afghanes aiment se glisser dans des jeans moulants et des vestes brodées, et prennent plaisir à sculpter leurs cheveux à grand renfort de gel lustré.
A cette nouvelle esthétique post-2001 se greffe une croissante passion pour les tatouages chez des jeunes influencés par les stars de la pop occidentales ou indiennes, les vedettes du foot, voire des soldats américains tatoués.
En Afghanistan, le tatouage est considéré par certains comme une mutilation du corps proscrite par la religion musulmane. Et les autorités ont interdit les salons de tatouage.
Se faire tatouer requiert donc détermination, ingéniosité et contacts dans de petits cercles d'initiés. "C'est illégal d'avoir un salon de tatouage, j'opère donc en secret. Si les autorités l'apprennent je risque d'être arrêté", lance Reza Yousifi, 19 ans, un tatoueur illégal de Kaboul.
"Certains de mes amis artistes tenaient avant des salons de tatouage, mais ils ont été arrêtés par la police et leurs commerces fermés", souligne le jeune homme, un dessin inspiré des films américains X-Men gravé sur le bras.
Pour opérer, Reza se sert des salons de beauté de ses amis, où certains clients savent qu'il peuvent venir se faire tatouer discrètement. Dès qu'il y a une demande, Reza reçoit un coup de téléphone et rapplique aussitôt avec son attirail de tatouage.
'Peur qu'ils me coupent le bras'
Peu après la chute des talibans, fin 2001, de nombreux salons de tatouage avaient ouvert leur porte dans la capitale afghane, mais sous la pression des mollahs, les autorités ont coupé court à ces fantaisies urbaines.
"Le tatouage est considéré comme un péché dans l'islam. Ceux qui ont des tatouages sur les bras les cachent, mais cela n'empêche pas la mode de se propager", estime Reza, dont la clientèle est composée de jeunes hommes et de quelques femmes, tous en quête d'aventure dans leurs vies souvent tissées d'interdits.
Coeur brisé, image d'un ami perdu, de la guerre qui ravage le pays: les tatoués optent le plus souvent pour des sujets sombres. "Certains choisissent tout de même des motifs romantiques ou des dessins de jolies filles", lance Reza, en soulignant qu'il prévient toujours ses clients que ses gravures sur peau sont "permanentes".
Mehdi, 17 ans, jeans taille basse, cheveux gommés en pointe et une ancre de bateau fraîchement gravée sur l'épaule, confie être "tombé amoureux" des tatouages lors d'un séjour en Inde, pays proche dont la culture influence beaucoup d'Afghans. "Et je me fous bien de ce que les autres en disent", lâche-t-il.
Autre lieu, autre esthétique: dans un gymnase en sous-sol de Kaboul où de jeunes hommes pratiquent le culturisme, une autre activité contemporaine en vogue dans la capitale afghane, les motifs tribaux ont la cote. Basir, un jeune colosse fier d'exhiber ses gros biceps dorés et tatoués, a lui choisi "un oiseau au-dessus des barbelés". "Pour moi, ça signifie la liberté", dit-il.
Mais aussitôt sorti des lieux, il baisse ses manches comme d'autres se couvrent d'une burqa. "Les insurgés ont coupé les doigts de gens qui ont voté lors des élections, alors j'ai peur qu'ils me coupent le bras s'ils découvrent ce tatouage".
Avec la fin de la mission de combat de l'Otan qui soutient le fragile gouvernement de Kaboul face aux tenaces talibans, l'année 2015 ouvre une période incertaine pour ce pays toujours en guerre. Et certains mollahs revanchards y voient l'occasion de rétablir des valeurs traditionnelles en balayant au passage les influences occidentales, tatouages compris.
"Les tatouages sont contraires à l'islam... C'est de la culture occidentale et il n'y pas de place pour ça chez nous", prévient dans sa mosquée de Kaboul le mollah Abdul Latif.
Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.
Retrouvez les articles du HuffPost Maghreb sur notre page Facebook.