La prostitution prend une ampleur considérable après la crise de 1929 qui atteint la Tunisie au début des années 30.
La cartographie de la prostitution se complexifie. Elle se fixe sur trois zones de la médina: Bab Souika (Sidi Ben Naïm, el Mlehef), Bab Jedid (rue du Persan) et le quartier de Sidi Abdallah Guech, ce dernier étant réservé aux Européennes et aux "meilleures" tunisiennes, juives ou musulmanes.
Les enseignes rivalisent alors d’artifices: La Feria, La Mossa, Le Cythéria, Le Sphinx, Le Palmier, l’incontournable Grande Maison et Le Chabanais, comme à Paris.
Mais dans une ville où l’on est rompu à la pratique des luttes sociales, le débat tourne autour des conditions matérielles et sociales et l’opinion est partagée entre abolitionnistes et partisans d’une régulation du métier.
En 1935, le Dr Cohen-Hadria, le patron de la section tunisienne de la SFIO (parti socialiste) publie à Tunis, son roman "Maison close" où il accuse le capitalisme d’être à l’origine de la prostitution.
En 1947, la photographe Denise Bellon réalise un reportage à Sidi Abdallah Guech. Dans un formidable geste de critique sociale, elle a va capter, tout à la fois, avec distance et complicité, une certaine vérité derrière le semblant de joie, un peu à l’image de cette "élégante" où le regard dit en même temps l’appel et la démission.
La Seconde Guerre et ses besoins en "consolations pour les soldats" auront raison des arguments abolitionnistes. L’enjeu au moment du reportage est désormais le "progrès" !
Dans ce "cloaque d’une rue chaude", Bellon rencontre un souteneur soucieux de l’avenir de son métier:
"Oui, madame, j’ai bien peur que les ‘trusts’ aient raison des petits comme nous. J’ai l’impression qu’un jour ou l’autre, nos vieux quartiers réservés vont céder le pas aux maisons luxueuses et bien achalandées … Quant aux femmes, entre nous, elle ne seront pas plus heureuse dans une maison à gros numéros que dans leur petits magasins!"
Aujourd’hui, suite à la campagne, souvent très violente, menée par des groupes religieux la plupart des maisons closes des grandes villes ont fermé.
On ne compte plus que 238 prostituées déclarées et d’innombrables filles sont passées à la clandestinité au péril de leur sécurité.
Photographie extraite de l’album publié aux éditions Cérès: "Denise Bellon, photographies". Un chapitre est consacré au quartier réservé de Tunis. Le texte rédigé par la photographe, "Dans le cloaque d’une rue chaude, j’ai vu s’épanouir le petite fleur bleue", est donné en annexe.
50 ans, 50 photos, en partenariat avec Cérès.
La cartographie de la prostitution se complexifie. Elle se fixe sur trois zones de la médina: Bab Souika (Sidi Ben Naïm, el Mlehef), Bab Jedid (rue du Persan) et le quartier de Sidi Abdallah Guech, ce dernier étant réservé aux Européennes et aux "meilleures" tunisiennes, juives ou musulmanes.
Les enseignes rivalisent alors d’artifices: La Feria, La Mossa, Le Cythéria, Le Sphinx, Le Palmier, l’incontournable Grande Maison et Le Chabanais, comme à Paris.
Mais dans une ville où l’on est rompu à la pratique des luttes sociales, le débat tourne autour des conditions matérielles et sociales et l’opinion est partagée entre abolitionnistes et partisans d’une régulation du métier.
En 1935, le Dr Cohen-Hadria, le patron de la section tunisienne de la SFIO (parti socialiste) publie à Tunis, son roman "Maison close" où il accuse le capitalisme d’être à l’origine de la prostitution.
En 1947, la photographe Denise Bellon réalise un reportage à Sidi Abdallah Guech. Dans un formidable geste de critique sociale, elle a va capter, tout à la fois, avec distance et complicité, une certaine vérité derrière le semblant de joie, un peu à l’image de cette "élégante" où le regard dit en même temps l’appel et la démission.
La Seconde Guerre et ses besoins en "consolations pour les soldats" auront raison des arguments abolitionnistes. L’enjeu au moment du reportage est désormais le "progrès" !
Dans ce "cloaque d’une rue chaude", Bellon rencontre un souteneur soucieux de l’avenir de son métier:
"Oui, madame, j’ai bien peur que les ‘trusts’ aient raison des petits comme nous. J’ai l’impression qu’un jour ou l’autre, nos vieux quartiers réservés vont céder le pas aux maisons luxueuses et bien achalandées … Quant aux femmes, entre nous, elle ne seront pas plus heureuse dans une maison à gros numéros que dans leur petits magasins!"
Aujourd’hui, suite à la campagne, souvent très violente, menée par des groupes religieux la plupart des maisons closes des grandes villes ont fermé.
On ne compte plus que 238 prostituées déclarées et d’innombrables filles sont passées à la clandestinité au péril de leur sécurité.
Photographie extraite de l’album publié aux éditions Cérès: "Denise Bellon, photographies". Un chapitre est consacré au quartier réservé de Tunis. Le texte rédigé par la photographe, "Dans le cloaque d’une rue chaude, j’ai vu s’épanouir le petite fleur bleue", est donné en annexe.
50 ans, 50 photos, en partenariat avec Cérès.
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