INTERNATIONAL - Au petit jour, les fonctionnaires Abou Asaad et Abou Abdo montent chacun dans un micro-bus: le premier pour gagner un quartier rebelle et le second le secteur gouvernemental d’Alep, ville syrienne coupée en deux par la guerre.
Abou Asaad, 45 ans, chauffeur dans un organisme d’Etat, rentre chez lui après avoir travaillé dix jours d'affilée. Il attend à une station de bus de New Aleppo, un quartier tenu par le régime à l’ouest, pour regagner son appartement à Chaar, dans l’est, contrôlé par les insurgés de l’Armée syrienne libre (ASL).
"Avant d’arriver au poste de l'EI, les femmes se mettent derrière et se voilent intégralement. N'ayant pas le droit de voyager seules, selon la loi imposée par les jihadistes, il faut faire en sorte qu’elles soient accompagnées par un mari ou frère. Je vérifie tout, sinon c’est moi qui trinque", raconte à l’AFP le chauffeur Mohammad, qui effectue trois voyages par mois.
Chaque trajet est une plongée dans l'inconnu pour Abou Asaad. "Le jihadiste de Daesh monte à bord, armé non pas d’une kalachnikov mais d’un sabre. Il vérifie les papiers de chacun, fait descendre les suspects en les menaçant de son arme. Je dis que je suis tailleur car si j'avoue que je suis fonctionnaire, il me jettera en prison", confie-t-il plein d’effroi.
Mais chacune des trois forces -l'EI, les rebelles et le régime - possède listes et ordinateurs. "Une dénonciation ou une erreur, et vous pouvez disparaître", dit-il.
Alep est séparée par une ligne de front qui court du nord au sud. Les rebelles contrôlent plus de la moitié de la ville, le régime moins de 40% et les Kurdes 10%. Un point de passage périlleux à Boustane al-Qasr, dans le centre, a fermé il y a un an, à cause des francs-tireurs.
Semé d'embuches
Abou Abdo, qui vient du quartier rebelle de Sakhour (est), emprunte la même route qu'Abou Asaad, mais en sens inverse, pour rejoindre le ministère où il travaille. "Notre voyage d’un secteur d’Alep à l’autre est semé d'embuches. On le faisait en 10 minutes; maintenant il faut 10 heures à cause du grand détour", assure-t-il.
La guerre a fait bondir le prix du trajet, de 20 LS avant à 2.500 LS (12,5 dollars) aujourd'hui à partir de la zone gouvernementale.
Quelque 800 personnes se rendent chaque jour dans les quartiers rebelles et à peu près le même nombre en partent, selon Mounir, en charge de la station de bus.
Ceux qui partent de la zone gouvernementale assurent devoir payer des bakchich aux rebelles de l’ALS et les autres accusent des soldats gouvernementaux d’en faire autant.
Les chauffeurs redoutent surtout le passage dans la zone contrôlée par l'EI. L'un d’eux assure avoir reçu 30 coups de fouet pour s’être rasé de trop près alors que les jihadistes se laissent pousser la barbe mais se rase la moustache.
Un autre, Abou Omar, a été flagellé car il avait oublié d’éteindre sa radio qui diffusait de la musique, interdite chez les jihadistes. Un troisième est resté 48 heures en prison jusqu’à ce qu’il récite correctement une prière.
Beaucoup allument une dernière cigarette avant de monter dans les bus car fumer est interdit par l‘EI.
Ce trajet prenait dix minutes avant que les combats ne scindent la ville en juillet 2012. Il dure aujourd'hui dix heures et les deux hommes vont braver de terribles dangers.
Abou Asaad, 45 ans, chauffeur dans un organisme d’Etat, rentre chez lui après avoir travaillé dix jours d'affilée. Il attend à une station de bus de New Aleppo, un quartier tenu par le régime à l’ouest, pour regagner son appartement à Chaar, dans l’est, contrôlé par les insurgés de l’Armée syrienne libre (ASL).
Ces deux points ne sont distants que de cinq kilomètres mais il lui faudra en faire plus de 400. Il doit traverser la zone tenue par l’armée jusqu’à Attriya, puis bifurquer vers l'est dans un véritable "no man’s land" désertique, avant d’arriver à Al-Bab, une zone tenue par le groupe jihadiste de l’Etat islamique. Puis le bus approche de nouveau à Alep.
"Avant d’arriver au poste de l'EI, les femmes se mettent derrière et se voilent intégralement. N'ayant pas le droit de voyager seules, selon la loi imposée par les jihadistes, il faut faire en sorte qu’elles soient accompagnées par un mari ou frère. Je vérifie tout, sinon c’est moi qui trinque", raconte à l’AFP le chauffeur Mohammad, qui effectue trois voyages par mois.
Chaque trajet est une plongée dans l'inconnu pour Abou Asaad. "Le jihadiste de Daesh monte à bord, armé non pas d’une kalachnikov mais d’un sabre. Il vérifie les papiers de chacun, fait descendre les suspects en les menaçant de son arme. Je dis que je suis tailleur car si j'avoue que je suis fonctionnaire, il me jettera en prison", confie-t-il plein d’effroi.
Mais chacune des trois forces -l'EI, les rebelles et le régime - possède listes et ordinateurs. "Une dénonciation ou une erreur, et vous pouvez disparaître", dit-il.
Alep est séparée par une ligne de front qui court du nord au sud. Les rebelles contrôlent plus de la moitié de la ville, le régime moins de 40% et les Kurdes 10%. Un point de passage périlleux à Boustane al-Qasr, dans le centre, a fermé il y a un an, à cause des francs-tireurs.
Semé d'embuches
Abou Abdo, qui vient du quartier rebelle de Sakhour (est), emprunte la même route qu'Abou Asaad, mais en sens inverse, pour rejoindre le ministère où il travaille. "Notre voyage d’un secteur d’Alep à l’autre est semé d'embuches. On le faisait en 10 minutes; maintenant il faut 10 heures à cause du grand détour", assure-t-il.
"Il y a beaucoup de points de contrôle et de danger sur la route, mais je dois faire ce trajet car je suis un fonctionnaire et c’est ma seule source de revenu. Je l'effectue parfois deux à trois fois par semaine. Que Dieu est pitié de nous", témoigne-t-il.
La guerre a fait bondir le prix du trajet, de 20 LS avant à 2.500 LS (12,5 dollars) aujourd'hui à partir de la zone gouvernementale.
Quelque 800 personnes se rendent chaque jour dans les quartiers rebelles et à peu près le même nombre en partent, selon Mounir, en charge de la station de bus.
Ceux qui partent de la zone gouvernementale assurent devoir payer des bakchich aux rebelles de l’ALS et les autres accusent des soldats gouvernementaux d’en faire autant.
Les chauffeurs redoutent surtout le passage dans la zone contrôlée par l'EI. L'un d’eux assure avoir reçu 30 coups de fouet pour s’être rasé de trop près alors que les jihadistes se laissent pousser la barbe mais se rase la moustache.
Un autre, Abou Omar, a été flagellé car il avait oublié d’éteindre sa radio qui diffusait de la musique, interdite chez les jihadistes. Un troisième est resté 48 heures en prison jusqu’à ce qu’il récite correctement une prière.
Beaucoup allument une dernière cigarette avant de monter dans les bus car fumer est interdit par l‘EI.
"C’est la route de la peur. Devoir sortir de la ville, rouler des heures dans le désert pour rejoindre un autre quartier de la ville c’est absurde. Mais cette division d’Alep est elle-même absurde", confie Abou Ahmad, venu voir son médecin en zone gouvernementale.
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