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Prix Goncourt 2014: Kamel Daoud, l'écrivain algérien qui pourrait créer la surprise avec son premier roman "Meursault, contre-enquête"

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CULTURE - Tenter une variation sur un monument de la littérature française peut s’avérer risqué. Mais l'exercice n'a pas fait peur à Kamel Daoud qui s'est servi de L'Etranger d'Albert Camus pour raconter une autre histoire. Et le pari semble réussi. Meursault, contre-enquête, le premier roman de cet auteur algérien, paru aux éditions Actes Sud, ne cesse d'être salué par la critique. Mercredi 5 novembre, il pourrait même être consacré par le prix Goncourt face aux trois autres auteurs sélectionnés: Pauline Dreyfus, Lydie Salvayre et David Foenkinos.

Avec Meursault, contre-enquête, Kamel Daoud rebondit sur une des critiques qui avait été faite à Camus: l'absence de noms et d'identité des personnages arabes. Dans son œuvre, Daoud sort de l'anonymat "L'Arabe", la victime de Meursault (le personnage-narrateur de Camus), en lui donnant un nom, Moussa, et une famille, notamment un frère, Haroun, narrateur du roman.

De la littérature avant tout, pas de la politique

"J'ai été fasciné par L'Etranger d'Albert Camus. J'ai trouvé que c'était un bon prétexte pour prendre l'histoire de L'Etranger, et l'inverser, à partir de l'angle de l'Arabe ou de son frère mais aussi de raconter autre chose à partir de Camus", raconte-t-il à l'AFP. Mais Meursault, contre-enquête n'est pas le roman d'un Algérien qui écrit sur Camus, se défend Kamel Daoud. "Je ne suis pas camusien. Je ne voulais pas rester dans le périmètre camusien. Je suis Kamel Daoud, je suis un Algérien, je parle du présent", souligne-t-il.

Dans une interview au Figaro, Kamel Daoud raconte également que "'sans l'avoir lu, de nombreuses personnes m'ont dit: 'Je suis sûr que vous avez rendu sa gifle à Camus'. Elles ont pensé que c'était une attaque de L'Etranger, mais moi, je n'étais pas dans cet esprit-là. Non, ce qui m'intéressait, c'était le fait littéraire, et pas politique ou lié à l'histoire coloniale. Je ne suis pas un ancien moudjahid (résistant indépendantiste lors de la guerre d'Algérie, ndlr du Figaro)", affirme-t-il.

La plume rôdée et acérée

"Parler du présent", Kamel Daoud le fait également au quotidien puisqu'il est journaliste de profession. Signature célèbre du Quotidien d'Oran dont il a également été le rédacteur en chef, le quarantenaire y publie des chroniques acerbes où il égratigne volontiers le pouvoir et les travers de la société algérienne. Une voie qu'il a choisie parce qu'elle lui paraissait être "le métier le plus proche de l'écriture" mais il regrette parfois que ce métier "vous mange, vous dévore".

Avant Meursault, contre-enquête, Kamel Daoud avait déjà fait une incursion dans la littérature en publiant un recueil de nouvelles, Le Minotaure 504, paru en France en 2010. Pour la petite histoire, ce recueil figurait sur la sélection finale du Goncourt des nouvelles en 2011. C'est également en 2010 qu'il s'attaque à un projet d'une plus grande envergure, ce roman dont on parle tant, qu'il a pourtant failli laisser de côté. "J'avais commencé ce roman en 2010, je l'ai abandonné, je l'ai terminé en 2012. Il est resté dans le tiroir. En 2013, on a décidé avec l'éditeur de le sortir", précise-t-il.

Une œuvre déjà doublement récompensée

En Algérie, le livre, édité par les éditions Barzakh, connaît un franc succès. En rupture de stock en septembre, il a dû être réimprimé. Le roman a également déjà reçu deux distinctions: le prix François Mauriac ainsi que le Prix littéraire des 5 Continents décerné par l'Organisation internationale de la Francophonie. A cette occasion, Jean-Marie Le Clézio a félicité "un roman qui interroge nos aveuglements historiques toujours actuels et pose la question de la justice et de la prise en compte de l’altérité une fois apaisée la terreur coloniale".

Meursault, contre-enquête a également été en lice pour le prix Renaudot. "C’est la première fois qu’un auteur algérien est nominé la même année pour les prix les plus prestigieux de la littérature francophone", s'enthousiasmait Sofiane Hadjadj, fondateur des éditions Barzakh, auprès de nos confrères du HuffPost Algérie.

Un accueil plus que bienveillant de la critique dont Kamel Daoud se réjouit. "La presse française a retenu le fait littéraire et j'ai beaucoup apprécié. Ils ont compris qu'il s’agit véritablement d'une histoire qui peut être lue ici comme au Japon ou en Amérique latine. Ce n'est pas un roman enfermé dans le bilatéralisme étouffant entre l'Algérie et la France", souligne-t-il. Quant au Goncourt, Kamel Daoud se dit "dans l'attente". Et d'ajouter: "On va voir ce que ça va donner. Avec ce livre, je suis allé plus loin que je ne l'aie jamais imaginé, espéré. C'est magique !"


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