Après un parcours de plus de 25 ans, la musique d’IAM n’a pas perdu de son éclat.
Les rimes de ces légendes vivantes du rap français sont toujours aussi mordantes et leurs beats sont toujours aussi percutants.
Leurs 6ème et 7ème albums "Arts Martiens" et "…IAM", sortis en 2013, le revendiquent haut et fort. IAM sera en concert, mercredi 23 juillet, à partir de 22h30 au Festival International de Carthage. Interview.
Al Huffington Post Maghreb: Votre précédent concert en Tunisie s’est tenu au Festival de Hammamet en 2009. Et vous vous êtes déjà produit au Festival de Carthage en 1992. Vous en gardez quels souvenirs?
Akhenaton: On en garde de très bons souvenirs. En 1992, on a fait une tournée en Tunisie qui nous a amené à nous produire également à Sousse et à Sfax. C’était une semaine magnifique. On a traversé la Tunisie. Dans le temps, on était habitués à jouer dans des quartiers difficiles surtout à Marseille. Notre passage à Carthage était remarquable. Je me souviens de la scène était complètement recouverte de fleurs et de jasmin. On n’était pas habitué à ça. C’était magique. On est vraiment content de revenir 22 ans après.
Justement, à l’époque, vous aviez 2 albums à votre actif: "Concept" (1989) et "De la Planète Mars" (1991). C’était vos débuts et vous avez fait du chemin depuis…
Plusieurs albums sont sortis entre temps. "L’Ecole du Micro d’Argent" qui a été un très grand succès. Et nous avons joué ces dernières années dans des lieux très importants à nos yeux : Central Park à New York l’an dernier, les pyramides de Gizeh en Egypte, le Temple de Wat Pho à Bangkok (…). Historiquement, Carthage est un lieu important pour nous. C’est le chef-lieu d’une civilisation qui a réuni les Phéniciens, les Romains et les Numides et a réussi le mélange de ces cultures. Nous nous y sentons écrasés par le poids de l’Histoire.
En 2009, vous m’aviez confié qu’il est "très dur d’échapper aux grands classiques" comme "Nés sous la même étoile", "Petit Frère", "Demain, c’est loin" et autres. Ces morceaux feront ils partie du tracklisting de votre concert à Carthage?
C’est devenu quasiment une obligation maintenant. Pendant des années, on ne les a pas trop joués. Un concert d’IAM sans les grands classiques n’est pas vraiment un concert d’IAM.
En juin 2013, Imhotep, le compositeur et beatmaker d’IAM, a soutenu le rappeur tunisien Weld El 15 poursuivi en justice pour son vidéo-clip "Boulicia Kleb". Avez-vous une idée de la scène rap tunisienne?
Je ne connais pas bien la scène rap tunisienne. J’ai hâte de la découvrir. Faites-moi une sélection des bons groupes et je vais les écouter. On m’a dit qu’Armada Bizerta est un bon groupe qui fait de super prods. Il faudrait que j’aille vérifier par moi-même ce qu’ils font exactement.
Vous avez évoqué des difficultés à reconduire votre contrat avec Def Jam qui avait annoncé que votre album "…IAM", sorti en novembre 2013, serait le dernier. S’agit-il d’une décision finale?
Non, depuis, les choses ont changé. Cet album a eu beaucoup de succès. Il y a environ un mois et demi, nous avons à nouveau signé avec Def Jam pour deux albums. C’est une très bonne nouvelle pour nous, pour produire avec de grands budgets, faire des clips et faire rêver les gens qui nous écoutent. Actuellement, je travaille sur mon nouveau projet solo qui sortira vers la fin de l’année, si tout va bien.
Comment s’intitulera-t-il?
Je ne sais pas encore. Pour l’instant, j'en suis encore au stade où je fais les morceaux. Généralement, on travaille comme ça. On fait beaucoup de morceaux. C’est après qu’on dégage le concept et qu’on choisit un titre.
IAM à Carthage !
Depuis quelques années, les règles du jeu semblent changer dans l’industrie de la musique rap en France. Ces bouleversements ont-ils été défavorables à IAM?
Du moment où les chiffres l’emportent sur les lettres… bien sûr que c’est défavorable à IAM. Ce sont des changements inhérents non seulement pour l’industrie du disque mais aussi pour l’industrie tout court. Dans les grandes entreprises comme dans les maisons de disque, le poids des chiffres à tout prix et de ce qu’on distribue aux actionnaires est devenu la préoccupation principale. Heureusement, chez Def Jam, on a trouvé un peu d’humanité et une équipe familiale. Et c’est pour ça qu’on est très contents de pouvoir continuer parce que ça fait des années qu’on n’a pas eu de relation humaine avec des gens des maisons de disque. Ça fait chaud au cœur.
Vous travaillez avec Def Jam France, filiale de la cultissime maison mère américaine éponyme. Que pensez-vous de ces nouvelles connexions structurelles entre rap français et rap américain?
Ça se fait surtout au niveau du business mais pas au niveau des groupes. Le marché américain est essentiellement basé sur des morceaux anglophones. Ce rapprochement entre les structures n’est pas vraiment valable côté création. Peut-être que ça se fera dans le futur. Pour l’instant, pour qu’un groupe français collabore avec des artistes américains, il faut payer. Et ce sont des choses qu’on ne veut plus faire.
NDLR: IAM a déjà collaboré avec le groupe new-yorkais "Sunz Of Man", affilié au Wu Tang Clan, sur le morceau "La Saga" (L’Ecole du Micro d’Argent, 1997) ainsi qu’avec Method Man et Redman sur le morceau "Noble Art" (Revoir un printemps, 2003).
Vous aspiriez à réaliser un album en 2012 en collaboration avec Ennio Morricone. Le projet a été avorté suite à des difficultés à la cession des droits d’auteur. Songez-vous à reconduire la même expérience avec un autre auteur de musiques de films?
C’était surtout une question de contacts. Depuis le temps, on a pris contact avec son fils. Et les choses ont changé. Mais pourquoi pas d’autres expériences avec d’autres compositeurs comme Lalo Schifrin ou des français comme Georges Delerue, Francis Lai, François de Roubaix ou Vladimir Cosma?
Dans une interview paru sur le Figaro en avril 2013, Shurik’n a déclaré que l’actualité est une source d’inspiration pour vos textes. Les révolutions arabes et autres mouvements sociaux comme celui des Indignés ou Occupy, vous ont-ils inspiré dans vos deux derniers albums?
Bien sûr. L’actualité impacte réellement sur notre manière d’écrire. On traite l’actualité avec de la poésie en faisant le constat amer du fait que les changements ne sont pas ceux que les peuples attendaient.
En parlant de sources d’inspiration, certaines œuvres cinématographiques l’ont été pour votre musique. Des Bandes dessinées aussi (Marvel, Spartiate Spirit…). Quels sont les films ou les BD qui vous ont récemment marqué?
Pas de BD mais plutôt des livres de l’écrivain japonais Eiji Yoshikawa: "La Pierre et le Sabre" et "La Parfaite Lumière". C’est la biographie du célèbre samouraï Musashi Miyamoto. D’ailleurs, c’est le flash de mon nouvel album. J’ai trouvé cette œuvre vraiment admirable. Ça fait méditer. Ce livre m’a beaucoup marqué.
Quant aux films, ils m’inspirent toujours. Le morceau "Sombres manœuvres" (" …IAM", 2013) m’a été inspiré par "The Town", un film de Ben Affleck qui nous rappelle la manière dont on a grandi et notre façon de vivre.
Les rimes de ces légendes vivantes du rap français sont toujours aussi mordantes et leurs beats sont toujours aussi percutants.
Leurs 6ème et 7ème albums "Arts Martiens" et "…IAM", sortis en 2013, le revendiquent haut et fort. IAM sera en concert, mercredi 23 juillet, à partir de 22h30 au Festival International de Carthage. Interview.
LIRE AUSSI: Festival de Carthage 2014: Le programme et les dates à retenir (PHOTOS, VIDÉOS)
Al Huffington Post Maghreb: Votre précédent concert en Tunisie s’est tenu au Festival de Hammamet en 2009. Et vous vous êtes déjà produit au Festival de Carthage en 1992. Vous en gardez quels souvenirs?
Akhenaton: On en garde de très bons souvenirs. En 1992, on a fait une tournée en Tunisie qui nous a amené à nous produire également à Sousse et à Sfax. C’était une semaine magnifique. On a traversé la Tunisie. Dans le temps, on était habitués à jouer dans des quartiers difficiles surtout à Marseille. Notre passage à Carthage était remarquable. Je me souviens de la scène était complètement recouverte de fleurs et de jasmin. On n’était pas habitué à ça. C’était magique. On est vraiment content de revenir 22 ans après.
Justement, à l’époque, vous aviez 2 albums à votre actif: "Concept" (1989) et "De la Planète Mars" (1991). C’était vos débuts et vous avez fait du chemin depuis…
Plusieurs albums sont sortis entre temps. "L’Ecole du Micro d’Argent" qui a été un très grand succès. Et nous avons joué ces dernières années dans des lieux très importants à nos yeux : Central Park à New York l’an dernier, les pyramides de Gizeh en Egypte, le Temple de Wat Pho à Bangkok (…). Historiquement, Carthage est un lieu important pour nous. C’est le chef-lieu d’une civilisation qui a réuni les Phéniciens, les Romains et les Numides et a réussi le mélange de ces cultures. Nous nous y sentons écrasés par le poids de l’Histoire.
En 2009, vous m’aviez confié qu’il est "très dur d’échapper aux grands classiques" comme "Nés sous la même étoile", "Petit Frère", "Demain, c’est loin" et autres. Ces morceaux feront ils partie du tracklisting de votre concert à Carthage?
C’est devenu quasiment une obligation maintenant. Pendant des années, on ne les a pas trop joués. Un concert d’IAM sans les grands classiques n’est pas vraiment un concert d’IAM.
En juin 2013, Imhotep, le compositeur et beatmaker d’IAM, a soutenu le rappeur tunisien Weld El 15 poursuivi en justice pour son vidéo-clip "Boulicia Kleb". Avez-vous une idée de la scène rap tunisienne?
Je ne connais pas bien la scène rap tunisienne. J’ai hâte de la découvrir. Faites-moi une sélection des bons groupes et je vais les écouter. On m’a dit qu’Armada Bizerta est un bon groupe qui fait de super prods. Il faudrait que j’aille vérifier par moi-même ce qu’ils font exactement.
Vous avez évoqué des difficultés à reconduire votre contrat avec Def Jam qui avait annoncé que votre album "…IAM", sorti en novembre 2013, serait le dernier. S’agit-il d’une décision finale?
Non, depuis, les choses ont changé. Cet album a eu beaucoup de succès. Il y a environ un mois et demi, nous avons à nouveau signé avec Def Jam pour deux albums. C’est une très bonne nouvelle pour nous, pour produire avec de grands budgets, faire des clips et faire rêver les gens qui nous écoutent. Actuellement, je travaille sur mon nouveau projet solo qui sortira vers la fin de l’année, si tout va bien.
Comment s’intitulera-t-il?
Je ne sais pas encore. Pour l’instant, j'en suis encore au stade où je fais les morceaux. Généralement, on travaille comme ça. On fait beaucoup de morceaux. C’est après qu’on dégage le concept et qu’on choisit un titre.
Depuis quelques années, les règles du jeu semblent changer dans l’industrie de la musique rap en France. Ces bouleversements ont-ils été défavorables à IAM?
Du moment où les chiffres l’emportent sur les lettres… bien sûr que c’est défavorable à IAM. Ce sont des changements inhérents non seulement pour l’industrie du disque mais aussi pour l’industrie tout court. Dans les grandes entreprises comme dans les maisons de disque, le poids des chiffres à tout prix et de ce qu’on distribue aux actionnaires est devenu la préoccupation principale. Heureusement, chez Def Jam, on a trouvé un peu d’humanité et une équipe familiale. Et c’est pour ça qu’on est très contents de pouvoir continuer parce que ça fait des années qu’on n’a pas eu de relation humaine avec des gens des maisons de disque. Ça fait chaud au cœur.
Vous travaillez avec Def Jam France, filiale de la cultissime maison mère américaine éponyme. Que pensez-vous de ces nouvelles connexions structurelles entre rap français et rap américain?
Ça se fait surtout au niveau du business mais pas au niveau des groupes. Le marché américain est essentiellement basé sur des morceaux anglophones. Ce rapprochement entre les structures n’est pas vraiment valable côté création. Peut-être que ça se fera dans le futur. Pour l’instant, pour qu’un groupe français collabore avec des artistes américains, il faut payer. Et ce sont des choses qu’on ne veut plus faire.
NDLR: IAM a déjà collaboré avec le groupe new-yorkais "Sunz Of Man", affilié au Wu Tang Clan, sur le morceau "La Saga" (L’Ecole du Micro d’Argent, 1997) ainsi qu’avec Method Man et Redman sur le morceau "Noble Art" (Revoir un printemps, 2003).
Vous aspiriez à réaliser un album en 2012 en collaboration avec Ennio Morricone. Le projet a été avorté suite à des difficultés à la cession des droits d’auteur. Songez-vous à reconduire la même expérience avec un autre auteur de musiques de films?
C’était surtout une question de contacts. Depuis le temps, on a pris contact avec son fils. Et les choses ont changé. Mais pourquoi pas d’autres expériences avec d’autres compositeurs comme Lalo Schifrin ou des français comme Georges Delerue, Francis Lai, François de Roubaix ou Vladimir Cosma?
Dans une interview paru sur le Figaro en avril 2013, Shurik’n a déclaré que l’actualité est une source d’inspiration pour vos textes. Les révolutions arabes et autres mouvements sociaux comme celui des Indignés ou Occupy, vous ont-ils inspiré dans vos deux derniers albums?
Bien sûr. L’actualité impacte réellement sur notre manière d’écrire. On traite l’actualité avec de la poésie en faisant le constat amer du fait que les changements ne sont pas ceux que les peuples attendaient.
En parlant de sources d’inspiration, certaines œuvres cinématographiques l’ont été pour votre musique. Des Bandes dessinées aussi (Marvel, Spartiate Spirit…). Quels sont les films ou les BD qui vous ont récemment marqué?
Pas de BD mais plutôt des livres de l’écrivain japonais Eiji Yoshikawa: "La Pierre et le Sabre" et "La Parfaite Lumière". C’est la biographie du célèbre samouraï Musashi Miyamoto. D’ailleurs, c’est le flash de mon nouvel album. J’ai trouvé cette œuvre vraiment admirable. Ça fait méditer. Ce livre m’a beaucoup marqué.
Quant aux films, ils m’inspirent toujours. Le morceau "Sombres manœuvres" (" …IAM", 2013) m’a été inspiré par "The Town", un film de Ben Affleck qui nous rappelle la manière dont on a grandi et notre façon de vivre.
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