
SPORT - J’aime rester discrète. Je n’aime pas trop dire ce que je pense ou ce que je ressens. Mais voilà, je pense à ça depuis quelques jours et je pense avoir besoin de dire ce que j’ai à dire.
J’avoue que je n’ai pas été la meilleure supportrice du Maroc lors de cette coupe du monde. Je n’ai pas vu le premier match. J’ai été déçue et dégoûtée quand j’ai vu les résultats. J’ai vite pensé aux “Chikhat de l’Atlas” et je me suis dit que le sport, ce n’est pas ce qu’on fait de mieux dans ce pays et que ce n’était pas près de changer.
Je n’ai pas vu le deuxième match. Quand j’ai appelé mon père après et qu’il m’a raconté à quel point le Maroc a bien joué, que le Portugal a gagné mais que le monde entier a vu comme on était bons, cette vague de fierté et de patriotisme a commencé à me submerger peu à peu. Je me suis dit qu’au moins, là, si ça parle de foot entre amis, j’aurais de quoi garder la tête haute.
Je voulais voir le troisième match. Je ne m’attendais pas à ce qu’on gagne contre l’Espagne mais je ressentais assez de fierté pour voir mon pays jouer et le supporter quel que soit le résultat. Après avoir sillonné les rues de Prague en cherchant un café qui diffuse le match en vain, je suis rentrée chez moi en me disant que j’avais raté trois occasions de me joindre à mes compatriotes et de supporter mon pays. Trois belles occasions où j’aurais pu faire partie de cet ascenseur émotionnel, ressentir cette joie, cette fierté et cet amour.
Je suis rentrée chez moi et j’ai pu rattraper les dernières minutes du match grâce à un appel vidéo avec ma famille. Quand j’ai vu qu’on gagnait 2-1, j’ai ressenti une joie que j’ai rarement connue. Mon pays a vaincu l’Espagne, c’est tout ce que j’avais dans la tête. J’en ai encore des frissons. J’ai vu le dernier but. VAR ou pas VAR, on s’en fiche. Je pense qu’on a gagné bien plus qu’un match. Le Maroc a gagné le respect et la reconnaissance. On est des Lions et le monde en a bien conscience aujourd’hui.
Ce matin j’ai vu une vidéo de l’hymne national dans le stade. Je pense qu’aucun Marocain ne pourrait expliquer ce que ce chant nous fait ressentir. Mon cœur devait être avec eux dans ce stade et il ne l’était pas, en tout cas pas dès le début. Après ça, j’ai eu le temps de me remettre en question. L’attitude que j’avais au premier match et celle que j’ai maintenant sont totalement différentes. Je me suis trouvée un peu égoïste, peut-être même hypocrite. Et j’ai honte de moi-même.
Je ne peux pas me considérer comme une vraie patriote et aimer et supporter mon pays quand ça me chante, pour ensuite le critiquer au moindre faux pas. Cette coupe du monde m’a permis de voir beaucoup de choses. J’ai vu comment les Marocains se sont soudés pour supporter les Lions. Je me suis jointe à eux. Un peu tard mais je me suis jointe à eux. Maintenant je sais que l’union fait la force. Et que ce n’est que comme ça qu’on ira de l’avant.
Le Maroc n’est pas parfait. Comme n’importe quelle autre nation. On a encore du chemin à faire, mais je pense qu’on est dans la bonne voie. Aujourd’hui j’ai envie de crier haut et fort: je suis Marocaine. Fière de mes racines. Fière de mon chemin. Fière de MON PAYS. Je promets de toujours supporter ma nation, dans le meilleur comme dans le pire. Je promets d’apporter ma pierre à l’édifice, de rester soudée à mes compatriotes quoi qu’il en soit. Je promets de ne pas m’enfuir et de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’on aille de l’avant.
Je ne suis personne. Mais si on est beaucoup de “personne” à rester soudés et à joindre nos forces pour faire avancer notre nation, on deviendra forcément quelque chose. Merci aux Lions de m’avoir ouvert les yeux. Merci de m’avoir redonné espoir. Le foot n’est qu’un exemple. On est capable de faire la même chose ou encore mieux dans tout autre domaine!