Le "Tsunami " de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) renseigne autant sur l’envergure prise par une organisation, devenue l’image la plus récente et la plus dangereuse "d’Al-Qaïda mère" que sur l’extrême fragilité de l’Etat irakien et de ses institutions sécuritaires et militaires, écrit Abdelbari Atwan, un des chroniqueurs le plus lus dans le monde arabe.
Le retrait ou "la fuite ", sans combat, des militaires irakiens de Mossoul devant l’avance des combattants de l’EIIL, illustre de manière éloquente cette fragilité.
De fait, l’Etat irakien, détruit par l’intervention américaine en 2003 sous les faux prétextes de détention d’armes de destruction massive (ADM) et du soutien à Al-Qaïda, n’a plus jamais repris le dessus.
Le président George W. Bush a, pour l’image et non pour la réalité, déclaré la fin des combats, le 1er mai 2003, sous la bannière Mission accomplie. Les forces américaines ne seront retirées du pays qu’en décembre 2011, neuf ans après l’invasion.
L’arrestation de Saddam Hussein, dans la nuit du 13 au 14 décembre 2003, présentée comme un tournant n’était qu’un épisode dans un long cauchemar. Sa pendaison, le 30 décembre 2006, dans des circonstances sordides, à Bagdad, ne sera qu’un ingrédient de plus alimentant une irréductible plongée vers les polarisations sectaires.
Dans son communiqué, Paul Bremer indiquait que "l'Autorité provisoire de la Coalition envisage de créer, dans un avenir proche, un nouveau Corps irakien" comme une " première étape conduisant à la formation d'une force de défense nationale d'un Irak libre. Sous le contrôle du gouvernement civil, ce Corps sera composé de militaires professionnels sans appartenance politique et représentant tous les Irakiens".
Les intentions proclamées seront démenties dans les faits. L’armée irakienne qui était sous la coupe de Saddam Hussein n’était pas exclusivement "sunnite" et aurait pu servir d’instrument d’une reconstruction nouvelle de l’Irak. Or, sa dissolution va devenir un grand ingrédient de la grande polarisation sectaire, alimentée d’ailleurs de l’extérieur par les Etats sunnites voisins qui s’inquiètent de la naissance d’un arc chiite Irak-Irak, Syrie.
Dans le reste du pays, le nouveau pouvoir, dominé par des politiques comme Al-Maliki jouant ouvertement la carte sectaire, la polarisation chiite-sunnite va prendre le dessus et submerger l’ensemble des nouvelles institutions.
La faute à Bremer et Bush?
On y retrouve des islamistes mais aussi des membres de milices tribales, Al Sahwa, qui avaient pourtant joué pendant quelques années et avec succès, la carte des américains contre les insurgés islamistes. On y retrouve aussi des anciens cadres et membres de services de sécurité sous le régime de Saddam Hussein.
Aujourd’hui, la déroute de l’armée irakienne étant patente, le Premier Ministre irakien, Nouri Al-Maliki a évoqué l’idée d’armer les civils. Le propos a été immédiatement décodé : appel à un retour des milices chiites.
Aujourd’hui, l’Etat Islamique en Irak et au Levant n’est pas un Etat dans l’Etat. C’est un Etat dans deux Etats malades. La faute à Paul Bremer et son chef George W Bush?
Le retrait ou "la fuite ", sans combat, des militaires irakiens de Mossoul devant l’avance des combattants de l’EIIL, illustre de manière éloquente cette fragilité.
De fait, l’Etat irakien, détruit par l’intervention américaine en 2003 sous les faux prétextes de détention d’armes de destruction massive (ADM) et du soutien à Al-Qaïda, n’a plus jamais repris le dessus.
Aucune arme de destruction massive, susceptible d’être déployée en 45 minutes selon la propagande de guerre de l’époque, n’a été trouvée. Et surtout, Al-Qaïda qui n’était pas présente en Irak allait se voir ouvrir un grand boulevard en devenant la grande attraction du djihad, comme l’est d’ailleurs aujourd’hui la Syrie.
Le président George W. Bush a, pour l’image et non pour la réalité, déclaré la fin des combats, le 1er mai 2003, sous la bannière Mission accomplie. Les forces américaines ne seront retirées du pays qu’en décembre 2011, neuf ans après l’invasion.
L’arrestation de Saddam Hussein, dans la nuit du 13 au 14 décembre 2003, présentée comme un tournant n’était qu’un épisode dans un long cauchemar. Sa pendaison, le 30 décembre 2006, dans des circonstances sordides, à Bagdad, ne sera qu’un ingrédient de plus alimentant une irréductible plongée vers les polarisations sectaires.
La décision la plus lourde de conséquence de l’occupation américaine a été prise le vendredi 23 mai 2003, par Paul Bremer, administrateur civil américain de l'Irak : la dissolution des forces armées et des services de sécurité irakiennes. Elle aura un effet durablement dévastateur.
Dans son communiqué, Paul Bremer indiquait que "l'Autorité provisoire de la Coalition envisage de créer, dans un avenir proche, un nouveau Corps irakien" comme une " première étape conduisant à la formation d'une force de défense nationale d'un Irak libre. Sous le contrôle du gouvernement civil, ce Corps sera composé de militaires professionnels sans appartenance politique et représentant tous les Irakiens".
Lire aussi : Offensive de l'EIIL en Irak : les djihadistes s'approchent de Bagdad
Les intentions proclamées seront démenties dans les faits. L’armée irakienne qui était sous la coupe de Saddam Hussein n’était pas exclusivement "sunnite" et aurait pu servir d’instrument d’une reconstruction nouvelle de l’Irak. Or, sa dissolution va devenir un grand ingrédient de la grande polarisation sectaire, alimentée d’ailleurs de l’extérieur par les Etats sunnites voisins qui s’inquiètent de la naissance d’un arc chiite Irak-Irak, Syrie.
Aucune arme de destruction massive n’a été trouvée en Irak, mais la dissolution de l’armée irakienne a été une mesure de destruction durable de l’Etat. Au nord de l’Irak, les kurdes ont pratiquement créé un Etat à eux et seuls, les considérations géopolitiques les empêchent de se proclamer indépendant.
Dans le reste du pays, le nouveau pouvoir, dominé par des politiques comme Al-Maliki jouant ouvertement la carte sectaire, la polarisation chiite-sunnite va prendre le dessus et submerger l’ensemble des nouvelles institutions.
L’Irak, offre aujourd’hui, une image saisissante d’un mouvement radical sous obédience d’Al-Qaïda, bénéficiant d’un soutien massif chez les sunnites. L’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) fédère désormais une grande partie de la minorité sunnite qui hait Nouri Al-Maliki et sa politique.
La faute à Bremer et Bush?
On y retrouve des islamistes mais aussi des membres de milices tribales, Al Sahwa, qui avaient pourtant joué pendant quelques années et avec succès, la carte des américains contre les insurgés islamistes. On y retrouve aussi des anciens cadres et membres de services de sécurité sous le régime de Saddam Hussein.
Aujourd’hui, la déroute de l’armée irakienne étant patente, le Premier Ministre irakien, Nouri Al-Maliki a évoqué l’idée d’armer les civils. Le propos a été immédiatement décodé : appel à un retour des milices chiites.
L’Irak était depuis longtemps un Etat en perdition. La politique désastreuse d’Al-Maliki a poussé les élites sunnites à s’allier aux extrêmes. La guerre civile syrienne a eu un effet galvaniseur et a renouvelé l’attractivité pour le djihad dans la région. On parlait beaucoup de Ben Laden, on parle encore d’Al Zawahiri, on parlera de plus en plus d’Abou Bakr Al-Baghdadi, l’homme qui est en train de réussir à se tailler un vaste territoire avec le soutien, ouvert ou discret, des élites sunnites et des populations.
Aujourd’hui, l’Etat Islamique en Irak et au Levant n’est pas un Etat dans l’Etat. C’est un Etat dans deux Etats malades. La faute à Paul Bremer et son chef George W Bush?
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