
ENVIRONNEMENT - Dans plusieurs villes du monde, des dizaines de milliers de lycéens ont manifesté, ce vendredi 15 mars, contre l’inaction climatique suite à l’initiative lancée par la jeune suédoise Greta Thunberg il y a quelques semaines, avec le hasthag #Youth4Climate. Si des milliers d’élèves se sont réunis en France, en Australie et même en Ouganda, au Maroc, ils sont quelques centaines à avoir répondu à son appel au lycée Lyautey de Casablanca.
Avec ses camarades, El Mamoun El Eulj, élève de première ES, a fait la grève ce vendredi dans l’enceinte de l’établissement. Motif? “Nous voulons dénoncer l’inaction des dirigeants qui prennent trop à la légère les sujets de l’écologie et du climat. Nous trouvons vraiment cela dommage que ce ne soit pas un enjeu majeur”, explique le lycéen au HuffPost Maroc. Ce vendredi, entre les murs du lycée français de la capitale économique, près de 400 élèves ont préféré à l’importance de leurs cours l’urgence d’embrasser cette initiative planétaire.
Les plus engagés ont entamé un blocus dans l’enceinte du lycée, de 10h à 13h, bravant les interdits imposés par l’administration de l’école. “Nous avions demandé à pouvoir faire grève il y a quelques semaines, mais la direction a refusé car il est interdit de manquer les cours ou d’empêcher des élèves de s’y rendre. Suite à la forte mobilisation, nous avons tout de même décidé de répondre à cet appel mondial, encouragé en France par le président Macron”, poursuit le jeune homme.
Au départ, ils étaient seulement une quarantaine mobilisés sur un groupe Whatsapp pour préparer cette mobilisation. Chacun avait pour mission de partager l’information et convaincre une dizaine de ses contacts de se joindre à la grève. “Ce vendredi matin, nous étions environ 400 voire 500, c’est beaucoup de monde. Je pense que nous sommes le seul établissement au Maroc à avoir répondu à cet appel”, se félicite El Mamoun, représentant des élèves au Conseil d’administration du lycée Lyautey.
C’est de manière pacifique que ces jeunes ont choisi d’alerter leurs camarades sur le manque d’action du gouvernement face aux urgences climatiques du pays, notamment l’usage abusif du plastique.

Dans la cour de récréation, ils sont nombreux, assis sur le sol en brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire “It was cooler before” (“C’était plus frais avant”, ndlr) ou encore “Le diagnostic est sans appel, fièvre mortelle”, en référence au réchauffement de la planète causé par les émissions de gaz.


En marge de la grève, une classe de première a profité d’un cours d’EPS pour se rendre, durant une heure, nettoyer les trois hectares d’installations sportives de Beaulieu.
En attendant une réponse à leur action de mobilisation, les étudiants du lycée français poursuivent leur engagement en faveur de l’environnement dans leur école. “Il existe au lycée une association qui s’appelle Eco Lyautey qui propose des actions et des petits gestes pour sauver la planète. Nous avons demandé par exemple à ce que les bouteilles d’eau en plastique ne soient plus distribuées au lycée. Nous essayons de proposer d’autres initiatives mais elles ne sont pas souvent entendues par la direction”, regrette El Mamoun El Eulj. Des petits gestes pour une grande cause qu’ils vont poursuivre pour sensibiliser davantage d’élèves, mais aussi le corps enseignant.
Une manifestation historique
Ce vendredi, un peu partout dans le monde, les élèves ont manifesté pour mettre en garde quant à la situation écologique de leur pays. A New Delhi, en Inde, les jeunes ont dénoncé la mauvaise qualité de l’air. En Pologne, ils ont marché pour demander l’interdiction de brûler du charbon qui produit du dioxyde de carbone en masse, tandis qu’à Paris, un groupe d’activiste a bloqué le siège de la Société Générale à La Défense pour fustiger les investissements “nocifs” pour la planète de la grande banque internationale. À Bangkok en Thaïlande, et à Hong Kong, des milliers de jeunes ont aussi défilé. “Si vous n’agissez pas comme des adultes, nous le ferons”, scandaient-ils, rapporte l’AFP.
Vendredi matin, la Suédoise Greta Thunberg, qui a été proposée pour le prix Nobel de la paix 2019, était de retour devant le Parlement suédois avec plusieurs centaines de jeunes grévistes à ses côtés. “Nous venons de naître au monde, cette crise, nous allons devoir vivre avec, et nos enfants et nos petits-enfants et les générations futures. Nous ne l’accepterons pas”, a-t-elle prévenu, ajoute l’agence de presse.