SOCIETE - L’association JOOD, qui oeuvre pour la dignité des personnes sans-abris, appelle particuliers comme entreprises à investir dans un projet de camion-douche pour permettre un accès à l’hygiène des personnes à la rue.
JOOD, créée en 2015, et association à part entière depuis 2016, s’investit dans l’accompagnement des personnes sans domicile fixe dans les villes de Casablanca, Marrakech et El Jadida. Parmi les nombreuses actions qu’elle mène, elle proposait, jusqu’il y a un an, d’offrir aux sans-abris des soins au hammam, la propreté étant un besoin élémentaire pour préserver ces personnes de la maladie, de l’isolement et de l’exclusion.
Grandement appréciée, l’initiative n’est toutefois plus à l’ordre du jour. “Cela fait quelques mois qu’on ne peut plus offrir de hammam aux sans-abris car les établissements ne veulent pas les accepter”, explique au HuffPost Maroc la fondatrice et présidente de l’association, Hind Laidi. “Les clients de ces hammams populaires se sont plaints et ont peur d’être contaminés par des maladies et autres microbes, bien qu’après nos passages, nous nous assurions de tout nettoyer et désinfecter”.
Les personnes vivant dans la rue sont au quotidien exposées aux maladies et bactéries graves. D’après la fondatrice de JOOD, les hammams étaient particulièrement réclamés par les sans-abris. “C’était extraordinaire lorsqu’ils sortaient du bain, propres, coiffés, habillés. Ils retrouvaient une confiance, une estime d’eux-mêmes”, poursuit-elle, ajoutant que certains se rendaient dans la foulée chez leurs familles qu’il n’avaient pas vues depuis longtemps, quand d’autres partaient à la recherche d’un emploi. “En plus de retrouver une certaine dignité, ces passages aux bains leur permettaient de soigner plaies et égratignures, qui peuvent entraîner infection et amputation lorsqu’elles ne sont pas nettoyées”, précise Hind Laidi.
Un camion-douche ambulant
Pour rebondir sur cette initiative nécessaire, l’association a réfléchi à un projet ambitieux et inédit au Maroc, qui a déjà fait ses preuves aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni: aménager un camion en douches et hammam qui sera autonome en eau et énergie et investira les rues de Casablanca, Marrakech et El Jadida.
“L’idée nous est venue après avoir vu qu’il existait aux Etats-Unis ce genre de service pour les personnes sans-abris”, affirme la présidente de Jood, qui a , dans l’immédiat, contacté un ami à elle, ingénieur et marocain résidant là-bas, spécialiste dans l’aménagement et la transformation de véhicules. “Je lui ai parlé du projet et il s’est proposé de réaliser gratuitement le prototype, le process et fournir, également de manière gratuite, les fournitures”, indique Hind Laidi.
Mais pour un projet d’une telle envergure, il faut un camion de 3 tonnes et demi, dont le prix avoisine les 300.000 DH. Et l’aménagement n’est pas d’un moindre coût non plus: environ 140.000 DH pour équiper le camion d’une citerne autonome de 800 litres, de quatre cabines de douches dont une pour handicapés, d’un espace dédié à la coiffure, de deux lavabos pour le rasage, de rangements et placards et de divers produits d’hygiène, vêtements propres et chaussures. En plus de l’aménagement intérieur, l’association prévoit un système de reconnaissance par empreintes digitales afin de référencer les sans-abris et créer un roulements entre eux avec une prise en charge tous les dix jours.
Ne bénéficiant pas de subventions étatiques, l’association peut compter sur le soutien de ses “joodeurs” qui font de généreux dons. De ce fait, JOOD a lancé le 28 mai une collecte de fonds et a récolté auprès des membres près de 71.000 DH en quelques jours. Une somme considérable mais encore loin des 440.000 DH nécessaires. Ainsi, Hind Laidi espère compter sur du sponsoring et appelle les entreprises souhaitant faire un geste à investir dans le camion-douche.
“Nous montons des dossiers de sponsoring pour démarcher des entreprises. Les Marocains ont le sens de l’aide et du partage lorsqu’il s’agit de projets sérieux qui profitent aux nécessiteux”, soutient la présidente. “Chaque centime compte”, rappelle-t-elle, invitant toute personne sensible au projet à participer à hauteur de ses moyens.
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