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FIFM 2019 - C’est l’une des projections événements du Festival international du film de Marrakech (FIFM). Les festivaliers ont pu découvrir samedi 30 novembre, à l’occasion de l’ouverture de la section “Panorama marocain” un film rescapé du cinéma engagé marocain des années 70.
“De quelques événements sans signification” de Mostapha Derkaoui raconte l’histoire d’un groupe de cinéastes, poètes, écrivains, errant dans les bars et rues de Casablanca pour trouver le sujet de leur prochain film. Au cours de leur recherche, ils se lancent dans des micro-trottoirs, interrogeant les passants sur une question devenue éternelle: l’état du cinéma marocain.
C’est alors que le réalisateur se prend de fascination pour un jeune homme croisé dans la rue, qui donnera ou non, au groupe le sujet de ce film tant attendu.
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“De quelques événements sans signification” a une histoire derrière la caméra presqu’aussi fascinante que celle à l’écran. En effet, à sa sortie en 1974, le film est censuré en raison de son propos libre et politique qui gênait dans les années 70.
S’il est projeté clandestinement à quelques festivals, il faudra attendre 2016 pour que la plateforme d’art et recherche L’Observatoire, se lance dans la recherche des négatifs du film. Une copie de ce dernier en très mauvais état existait déjà au Maroc, mais il a fallu plusieurs mois pour que L’Observatoire localise les pellicules originales en Espagne: le laboratoire espagnol qui les avait développées dans les années 70 ne savait plus où elles étaient. Les négatifs du film seront finalement retrouvés en 2016 à la Filmoteca de Catalunya (Barcelone).
Il est alors restauré et projeté une première fois en avant-première au Festival du film de Berlin en 2019, soit plus de 45 ans après sa sortie. Après Tanger, en mars dernier, c’est ainsi au tour du public marrakchi de découvrir cette oeuvre.
Émotion
Diminué par la maladie, Mostapha Derkaoui a, tout de même, tenu à assister à la projection du film au FIFM, assis au premier rang avec le public. Avant cela, ce dernier, très ému par l’accueil chaleureux du public marrakchi, écrira ces quelques mots, lus par Mostafa Driri, un des acteurs du film: “le générique du film est presque plus important que le film lui-même”.
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“De quelques événements sans signification” est une extraordinaire capsule temporelle du Maroc des années 70. Sans le savoir, Mostapha Derkaoui et son équipe ont mis en image une période souvent évoquée de l’histoire moderne du Maroc, mais rarement aussi bien représentée. Celle de ces jeunes qui rêvaient de refaire le monde dans les bars bondés de Casablanca, où le réalisateur croise le chemin de pêcheurs, militants de gauche, patrons corrompus...
Un endroit où des bagarres éclatent à toute occasion et où le serveur met toujours beaucoup trop de temps à servir. Les tensions liées aux années de plomb ne sont pas si loin. Durant l’une des premières scènes, un des jeunes hommes plaisante qu’un micro serait caché sous une bouteille d’eau posée sur le bar.
La fameuse séquence de micro-trottoir qui relaient les réponses des passants offre également une illustration du contexte politique de l’époque. Alors que l’un considère que ces jeunes s’interrogeant sur le cinéma marocain pourraient évoquer des “sujets plus importants que le cinéma”, comme notamment le chômage, un militant de gauche explique, de son côté, que “le cinéma marocain doit être au service du prolétariat et non de la bourgeoisie”.
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Si ce genre de film se rapproche plus de celui du“cinéma vérité”, très populaire auprès des réalisateurs engagés dans les années 60 et 70, il se transforme régulièrement en film choral, où plusieurs personnes et histoires se mêlent. Les jeunes artistes tentent de mêler la petite histoire à la grande et donner un sens à ces ”événements sans signification”.