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Al Sajin 52: Lettre ouverte à Mehdi Jomâa pour un débat national sur la loi 52 relative aux stupéfiants

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Un collectif citoyen, Al Sajin 52 (prisonnier 52) a récemment vu le jour pour s'attaquer à un sujet resté longtemps tabou en Tunisie, en demandant l'ouverture d'un débat national sur la loi 52 relative aux stupéfiants, afin de la réformer.

La législation tunisienne est particulièrement sévère sur cette question: Un an de prison ferme et 1000 dinars d’amende, c’est la peine minimale fixée par la loi n°92-52 du 18 mai 1992. Dans son article 12, la loi 52 précise l’impossibilité pour le juge de recourir aux circonstances atténuantes pour abaisser la peine au-dessous du minimum légal.

"Plutôt que de continuer à appliquer une loi parmi les plus répressives au monde et ignorer ses conséquences ravageuses. Arrêtons l’hypocrisie !", pouvait-on lire dans la lettre adressée la 13 mars 2014 par "Al Sajin 52" au Chef du gouvernement Mehdi Jomâa, et dont le HuffPost Maghreb a reçu une copie.

Samedi 15 mars, un débat intitulé "Ensemble réformons la loi 52" aura lieu à Tunis.

"Une loi qui a échoué"

Des milliers de jeunes, toutes catégories sociales confondues, font les frais de la loi 52 du 18 mais 1992. L'ancien directeur général des prisons Habib Sboui a affirmé au journal français Libération qu'à la fin du mois de septembre 2013, "sur 25 000 détenus, 8 000 l’étaient pour infraction aux stupéfiants, la plupart pour consommation". Plus de 30% de la population carcérale sont des consommateurs de substances illicites.

"Le  nombre de condamnés et de consommateurs de "Zatla" ne cesse d’augmenter d’année en année. C'est la preuve que  cette loi n'a rien de dissuasif. Elle a donc échoué." estime le collectif Al Sajin 52, pour qui cette loi, héritée de l'ancien régime, "continue à servir plus la répression qu'autre chose et aboutit souvent à contrôler la population et surtout toute voix contestataire".

Le collectif cite ainsi le témoignage d'un médecin hospitalier affirmant que la justice semble "instrumentaliser" la consommation de cannabis. "Dès  qu’il  s’agit  de  jeunes, le test  d’urine  est  devenu  systématique, même s’ils sont mis en examen pour d’autres motifs” explique-t-il. C'était déjà le cas sous le régime déchu, rappelle l'avocat et membre d'Al Sajin 52 Ghazi Mrabet. “C’est une loi qu’on utilisait pour faire peur sous Ben Ali. Dans les stades, la police arrêtait les jeunes et les soumettait à des tests urinaires”.

Lire: Tunisie: De la prison ferme pour consommation de cannabis... Une loi répressive "qu'il faut changer"


"Modifier sensiblement la loi"

Le collectif Al Sajine 52 précise toutefois que son intention n'est pas "d'encourager à la consommation" mais de "faire comprendre la réalité du cannabis, dans (notre) société de consommation, voire de surconsommation."

En effet, en s'attaquant à loi 52, le collectif vise plus particulièrement la consommation de cannabis "Zatla". Depuis la révolution, les actions appelant à sa dépénalisation se multiplient. Des artistes qui se retrouvent derrière les barreaux aussi. Le dernier en date n'est autre que le co-auteur et interprète de la chanson de l'année 2013 en Tunisie, Houmani. Arrêté en juin 2013 et condamné le 4 juillet 2013, Ahmed Laabidi alias Kafon, n'a pas eu le temps de fêter son succès. Son avocat, Me. Mrabet espère une grâce présidentielle à l'occasion de la fête de l'indépendance le 20 mars prochain.

Mais cela ne suffit pas à ses yeux, "il faut changer la loi", insiste-t-il, en espérant que la lettre d'Al Sajin 52 attire l'attention du gouvernement Jomâa et pousse à ouvrir un débat national sur la question afin de "modifier sensiblement la loi."

Pour Al Sajin 52, la réforme de la loi 52 est une "urgence", jugeant ses conséquences "ravageuses".

"Ces jeunes, une fois en prison, s'initient à la délinquance et au crime et récidivent souvent. Ils retournent parfois même en prison pour des crimes qu'ils n'auraient jamais commis s'il n'y avait eu la première incarcération" souligne le collectif. 




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