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Egypte: Le procès de journalistes d'Al-Jazeera reprend

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Le procès de journalistes de la chaîne satellitaire du Qatar Al-Jazeera, dont quatre étrangers, accusés de soutenir les Frères musulmans du président destitué Mohamed Morsi, reprend mercredi en Egypte, une affaire qui a provoqué un tollé international.

Ce procès est vu par beaucoup comme un test pour les nouvelles autorités, dirigées de facto par l'armée, alors que de nombreux militants disent craindre un retour d'un pouvoir autoritaire en Egypte huit mois après l'éviction du seul président jamais élu démocratiquement.

Depuis lors, policiers et soldats répriment dans le sang les partisans de M. Morsi, une campagne qui a fait au moins 1.400 morts selon Amnesty International. Le Caire n'a pas du tout apprécié la façon dont Al-Jazeera a couvert les événements, l'accusant de prendre fait et cause pour les Frères musulmans, déclarés "terroristes" et fermant définitivement son antenne égyptienne, Al-Jazeera Mubasher Misr.

Et au-delà d'Al-Jazeera, ce sont les relations entre l'Egypte et le Qatar qui se sont tendues: Le Caire a accusé Doha de soutenir les Frères musulmans et l'émirat gazier du Golfe a reproché aux nouvelles autorités leur violence à l'encontre des pro-Morsi.

Aujourd'hui, 20 personnes présentées comme des "journalistes d'Al-Jazeera" sont jugées --et huit d'entre elles sont détenues, dont l'Australien Peter Greste. Parmi elles, 16 Egyptiens sont accusés d'appartenance à une "organisation terroriste" et quatre étrangers -deux Britanniques, un Australien et une Néerlandaise- de leur avoir fourni "argent, équipements et informations" afin de "diffuser de fausses nouvelles" faisant croire à une "guerre civile dans le pays".

Soutien international

Al-Jazeera a toutefois assuré que seuls neuf des accusés travaillaient pour elle et a dénoncé des accusations "infondées". Les autorités affirment que les journalistes travaillaient sans accréditation.

Parmi les journalistes étrangers jugés par contumace figurent les Britanniques Sue Turton et Dominic Kane et la Néerlandaise Rena Netjes.

Mokhless El Salhy, avocat d'Al-Jazeera a affirmé mercredi à l'AFP, devant le tribunal, avoir rencontré ses clients et qu'ils étaient "en meilleure santé". "Je vais de nouveau demander leur libération sous caution", a-t-il ajouté, estimant que jusqu'ici "la pression des médias et des ONG des droits de l'Homme n'a eu aucun impact sur les juges, qu'il soit positif ou négatif".

Andrew Greste, également présent, a affirmé à l'AFP que son frère, Peter, était "en bonne santé physique", déplorant toutefois n'avoir obtenu "aucune réponse des autorités égyptiennes à une lettre écrite par la famille".

"Peter est évidemment très reconnaissant et se sent renforcé par le soutien international", a-t-il poursuivi, assurant que c'était notamment grâce à cette mobilisation internationale en faveur du journaliste, récompensés par plusieurs prix prestigieux, "qui le fait tenir en prison".

Le journaliste, arrêté en décembre dans un hôtel du Caire en compagnie de l'Egypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed, avait affirmé dans une lettre écrite depuis sa cellule en janvier que "l'Etat ne tolèrera aucune voix dissidente, que ce soient les Frères musulmans ou tout autre critique. Les prisons débordent de tous ceux qui se sont opposés ou ont défié le gouvernement".

Alors que le pays est profondément divisé entre partisans de l'armée et des Frères musulmans et en proie à des attentats meurtriers, l'ONU et des organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé une campagne de répression contre les médias.

A la veille de la deuxième audience dans ce procès Reporters sans Frontières (RSF) a dénoncé "la poursuite de la violation des libertés fondamentales (...) par les autorités" alors même, souligne le communiqué, que "la Constitution (adoptée en janvier) contient certaines avancées plutôt encourageantes pour la protection de la liberté de l'information".

Human Rights Watch avait déploré "une tolérance quasi zéro", tandis qu'Amnesty International accusait l'Egypte de n'accepter "qu'une seule version des faits: celle autorisée par les autorités".

Outre cela, de nombreux journalistes rapportent avoir été pris à partie par des foules les accusant d'être pro-Frères musulmans.

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