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Tunisie: Le récap' de la bataille qui oppose magistrats et avocats

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Le conflit qui oppose ouvertement les deux frères ennemis de la justice depuis l'agression du juge d'instruction du 5ème bureau du tribunal de première instance de Tunis le 21 février 2014 par des avocats a encore grimpé en intensité ce weekend.

Toute cette histoire commence par un mandat de dépôt émis par ce même juge le jeudi 20 février à l'encontre d'un avocate accusée d'escroquerie. Solidarité de corps ou sentiment d'impunité, la réaction de ses collègues est immédiate. Le lendemain, face au refus du magistrat d'accepter une demande de remise en liberté déposée le jour même. Selon un communiqué du tribunal, le groupe d'avocat aurait procédé à l'obstruction du bureau du juge avant de se répandre en injures et en menaces au point que l'intégrité physique du juge en question ait été menacée.

Après cette première escarmouche, les hostilités sont officiellement déclarées.

œil pour œil

Les deux principaux organes représentatifs de la magistrature vont, coup sur coup, sonner la mobilisation de leurs troupes.

C'est l'Association des Magistrats tunisiens (AMT) qui ouvre le bal dans une déclaration rendue publique vendredi appelant les juges à observer un mouvement de protestation de trois jours, à partir de lundi 24 février, en retardant les audiences de deux heures.

Le Syndicat des magistrats tunisiens fera de même durant le week-end avec un appel à la grève générale dans tous les tribunaux pour le lundi 24 février.

Suite à cette première réaction outragée des magistrats, le bâtonnier de l'ordre des avocats, Mohamed Fadhel Mahfoudh, accuse ces derniers d'exagération et déclare le lundi 24 février qu'il n'a été témoin d'aucune agression à l'encontre du juge du 5ème bureau tout en critiquant la décision d'émission d'un mandat de dépôt à l'encontre de sa collègue ainsi que les autres "dépassements" qui ont, selon lui, émaillé cette affaire.

Il n'en fallait pas plus pour enflammer le jour même la présidente de l'Association des magistrats tunisiens (AMT), Raoudha Grafi, face à ce qu'elle considère comme une tentative de l'Ordre national des avocats de justifier l'agression d'un juge ainsi qu'une déformation de la réalité concernant les procédures d'arrestation d'une avocate accusée d'escroquerie.

Face à cette "grave dérive", Raoudha Grafi oppose la ferme détermination des juges à mettre fin à ces dépassements et à faire pleinement respecter la loi. Revenant sur les détails plus techniques de l'incident, la présidente de l'AMT a précisé que le juge d'instruction du 5ème bureau du tribunal de première instance de Tunis a respecté les protocoles en vigueur et qu'il a informé la section régionale de l'ordre des avocats de la date de l'interrogatoire de l'avocate.

C'est donc dans le prolongement naturel de la logique d'escalade qu'aux protestations et grèves des magistrats réponde un mouvement de protestation analogue du côté des avocats.

Les avocats veulent des garanties "d'immunité"

Ces derniers ont organisé ce dimanche à Tunis une assemblée générale extraordinaire au terme de laquelle ils ont décidé d'observer mercredi prochain un mouvement de protestation devant le palais de la justice pour défendre leurs droits et libertés et revendiquer des reformes dans le secteur de la justice.

Dans une déclaration publiée à l'issue de la réunion, ils ont dénoncé le fait que leurs collègues soient traduits "de manière illégale devant le juge d'instruction'', appelant à l'amendement du décret-loi portant organisation de la profession.

L'objectif, ont-ils souligné, est de garantir l'immunité des avocats de manière à interdire les dépassements dont ils sont victimes.

Ils ont exhorté le conseil de l'Ordre à défendre le prestige et la dignité du barreau, appelant l'Instance à être vigilante à l'égard des agressions répétées contre les avocats et les dépassements constatés dans le secteur de la justice.

les avocats réunis ce dimanche ont également appelé l'Instance provisoire de l'ordre judiciaire, leur interlocuteur unique ont-ils précisé, à assumer sa responsabilité pour résoudre la crise entre les avocats et les magistrats, réaffirmant leur disposition à contribuer à la réforme du système judiciaire.

Les avocats ont mis en garde contre ''l'exploitation de l'autorité judiciaire pour porter atteinte à leur image à travers les émissions répétées des mandats d'arrêt non justifiés et contraires à la loi''.

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