"Je ne vais pas vous cacher que l'Union pour la Tunisie n'est pas en bonne santé. Nous avons appris hier que Nida Tounes avait suspendu son adhésion à la coalition. Nous espérons que les choses pourront s'améliorer". Lors d'une conférence de presse organisée ce jeudi, Ahmed Néjib Chebbi, le leader du parti Al Joumhouri s'attaque à son allié. Et il ne s'arrêtera pas là.
Le Conseil supérieur de l'Etat, "une tentative pour partager le pouvoir"
Revenant sur la proposition de Béji Caïd Essebsi de créer un Conseil supérieur de l'Etat, Chebbi ne mâche pas ses mots: "Il a évoqué un Conseil qui serait doté de tous les pouvoirs, reléguant toutes les institutions, dont l'Assemblée constituante, à un rôle de figuration. Tel que cela a été détaillé, j'estime qu'il s'agit clairement d'une tentative pour un nombre restreint de personnes de se partager le pouvoir, sans que cela ne soit basé sur aucun programme", a-t-il fustigé.
Alors que le dialogue national agonise et que la réunion de la veille a débouché sur un blocage semblable, voire plus profond, que les précédents.... Alors qu'on informe que la réunion de ce jour avec le quartet de médiation est la dernière, avant l'annonce attendue du 14 décembre, l'opposition se disloque et se déchire. Depuis le lancement du dialogue national, le 25 octobre dernier, trois étapes ont mené à cette déclaration de guerre interne. Que s'est-il passé?
Premier échec du dialogue national: Al Joumhouri pointé du doigt
Le 4 novembre 2013, quelques heures avant l'annonce de la suspension du dialogue national, les principaux partis politiques réunis par le quartet butaient sur le nom du futur Premier ministre. Mohamed Ennaceur partait ultra-favori face à Ahmed Mestiri, soutenu ardemment par Ennahdha et Ettakatol.
L'opposition affichait alors sa préférence inconditionnelle pour M. Ennaceur. Toute l'opposition? Non. "Maître Néjib a tenté de rapprocher les points de vue en proposant un gouvernement formé des quatre candidats en lice et présidé par Ahmed Mestiri", rassure Rached Ghannouchi, leader d'Ennahdha, venant à la rescousse d'un Ahmed Néjib Chebbi isolé et accusé par ses alliés d'avoir favorisé le candidat d'Ennahdha.
Ghannouchi salue le rôle joué par "Maître Néjib", après la suspension du dialogue national
Deuxième échec du dialogue national: Le Communiqué surprise du FSN
Alors que la Tunisie attendait l'"annonce finale" de Houcine Abassi, le 4 décembre dernier, certains partis de l'opposition montent au créneau afin d'empêcher la nomination de Jalloul Ayed, favori de la deuxième phase du dialogue national.
Le Front du Salut National assène en effet un communiqué sans détours (ou presque), s'attaquant directement à Jalloul Ayed et à ses défenseurs, Afek Tounes et l'Alliance démocratique.
"Certaines parties politiques sont entrées dans une campagne médiatique sans précédent pour imposer leur candidat à la présidence du gouvernement. (...) Ce qu'il faut, c'est un consensus autour d'une personnalité indépendante éloignée des soupçons de corruption, d'allégeance aux intérêts d'un groupe et capable de mener une équipe gouvernementale compétente et impartiale pour appliquer un programme de salut consensuel", avait fustigé le Front du salut national (FSN) dans un communiqué publié le 4 décembre.
Tout le FSN? Non. Al Joumhouri et (plus discrètement) Al Massar n'avaient pas été conviés à la "fête" organisée par Nida Tounes et le Front populaire, à l'origine de ce communiqué. "Ce sont des méthodes que nous condamnons", avait déploré le même jour Issam Chebbi, porte-parole d'Al Joumhouri, précisant que cette prise de position n'engageait pas son parti.
"Nous les avions averti par téléphone", se défendait timidement Nida Tounes, sans accorder une grande attention à ces petits alliés trouble-fête.
Que ce soit en dehors du Front du salut national ou à l'intérieur, l'opposition paraissait alors plus que jamais divisée et Houcine Abassi annonçait quelques heures plus tard l'échec du dialogue national, avec une prolongation de 10 jours.
Divorce consommé entre Al Joumhouri et Nida Tounes et troisième échec du dialogue national?
Le mardi 10 décembre, une réunion s'est tenue entre les membres de l'Union pour la Tunisie (UPT), afin de constater les problèmes au sein de la coalition et trouver les moyens d'y remédier.
Une "journée d'étude" a été en ce sens programmée pour le dimanche 15 décembre, à l'issue d'une réunion que les membres de chacun des partis disaient franche et constructive. "On y a vidé notre sac", commente un membre de Nida Tounes qui a requis l'anonymat.
Malgré ces évolutions, le jour même, le bureau exécutif d'Al Joumhouri s'est fendu d'un communiqué explicite, dans lequel il a réaffirmé son attachement au dialogue national et indiqué que tout appel à un partage du pouvoir, par l'intermédiaire d'accords bilatéraux, serait une manière de "court-circuiter le consensus national nécessaire pour cette dernière étape de la transition démocratique".
Le parti a enfin annoncé que ses alliances seront "réévaluées à la lumière des leçons de l'expérience passée et des exigences futures".
"Après la publication de ce communiqué, Nida Tounes a demandé le report de la journée d'étude et appelé à une réunion avec les partis de l'Union pour la Tunisie, à l'exception d'Al Joumhouri", a indiqué Samira Ben Kaddour, membre du bureau exécutif d'Al Massar, au HuffPost Maghreb. "Mais aucune suspension n'a été décidée à l'heure actuelle", a-t-elle précisé.
Un membre de Nida Tounes ironise, suite à l'annonce d'Ahmed Néjib Chebbi
Malgré ces démentis, l'avenir de l'Union pour la Tunisie est fortement compromis. Encore un prélude à un troisième et dernier échec du dialogue national? Jamais deux sans trois, dit le dicton.
Le Conseil supérieur de l'Etat, "une tentative pour partager le pouvoir"
Revenant sur la proposition de Béji Caïd Essebsi de créer un Conseil supérieur de l'Etat, Chebbi ne mâche pas ses mots: "Il a évoqué un Conseil qui serait doté de tous les pouvoirs, reléguant toutes les institutions, dont l'Assemblée constituante, à un rôle de figuration. Tel que cela a été détaillé, j'estime qu'il s'agit clairement d'une tentative pour un nombre restreint de personnes de se partager le pouvoir, sans que cela ne soit basé sur aucun programme", a-t-il fustigé.
Alors que le dialogue national agonise et que la réunion de la veille a débouché sur un blocage semblable, voire plus profond, que les précédents.... Alors qu'on informe que la réunion de ce jour avec le quartet de médiation est la dernière, avant l'annonce attendue du 14 décembre, l'opposition se disloque et se déchire. Depuis le lancement du dialogue national, le 25 octobre dernier, trois étapes ont mené à cette déclaration de guerre interne. Que s'est-il passé?
Premier échec du dialogue national: Al Joumhouri pointé du doigt
Le 4 novembre 2013, quelques heures avant l'annonce de la suspension du dialogue national, les principaux partis politiques réunis par le quartet butaient sur le nom du futur Premier ministre. Mohamed Ennaceur partait ultra-favori face à Ahmed Mestiri, soutenu ardemment par Ennahdha et Ettakatol.
L'opposition affichait alors sa préférence inconditionnelle pour M. Ennaceur. Toute l'opposition? Non. "Maître Néjib a tenté de rapprocher les points de vue en proposant un gouvernement formé des quatre candidats en lice et présidé par Ahmed Mestiri", rassure Rached Ghannouchi, leader d'Ennahdha, venant à la rescousse d'un Ahmed Néjib Chebbi isolé et accusé par ses alliés d'avoir favorisé le candidat d'Ennahdha.
Deuxième échec du dialogue national: Le Communiqué surprise du FSN
Alors que la Tunisie attendait l'"annonce finale" de Houcine Abassi, le 4 décembre dernier, certains partis de l'opposition montent au créneau afin d'empêcher la nomination de Jalloul Ayed, favori de la deuxième phase du dialogue national.
Le Front du Salut National assène en effet un communiqué sans détours (ou presque), s'attaquant directement à Jalloul Ayed et à ses défenseurs, Afek Tounes et l'Alliance démocratique.
"Certaines parties politiques sont entrées dans une campagne médiatique sans précédent pour imposer leur candidat à la présidence du gouvernement. (...) Ce qu'il faut, c'est un consensus autour d'une personnalité indépendante éloignée des soupçons de corruption, d'allégeance aux intérêts d'un groupe et capable de mener une équipe gouvernementale compétente et impartiale pour appliquer un programme de salut consensuel", avait fustigé le Front du salut national (FSN) dans un communiqué publié le 4 décembre.
Tout le FSN? Non. Al Joumhouri et (plus discrètement) Al Massar n'avaient pas été conviés à la "fête" organisée par Nida Tounes et le Front populaire, à l'origine de ce communiqué. "Ce sont des méthodes que nous condamnons", avait déploré le même jour Issam Chebbi, porte-parole d'Al Joumhouri, précisant que cette prise de position n'engageait pas son parti.
LIRE: Bataille médiatique autour de Jalloul Ayed... L'opposition se divise et demande le report de l'annonce
"Nous les avions averti par téléphone", se défendait timidement Nida Tounes, sans accorder une grande attention à ces petits alliés trouble-fête.
Que ce soit en dehors du Front du salut national ou à l'intérieur, l'opposition paraissait alors plus que jamais divisée et Houcine Abassi annonçait quelques heures plus tard l'échec du dialogue national, avec une prolongation de 10 jours.
Divorce consommé entre Al Joumhouri et Nida Tounes et troisième échec du dialogue national?
Le mardi 10 décembre, une réunion s'est tenue entre les membres de l'Union pour la Tunisie (UPT), afin de constater les problèmes au sein de la coalition et trouver les moyens d'y remédier.
Une "journée d'étude" a été en ce sens programmée pour le dimanche 15 décembre, à l'issue d'une réunion que les membres de chacun des partis disaient franche et constructive. "On y a vidé notre sac", commente un membre de Nida Tounes qui a requis l'anonymat.
Malgré ces évolutions, le jour même, le bureau exécutif d'Al Joumhouri s'est fendu d'un communiqué explicite, dans lequel il a réaffirmé son attachement au dialogue national et indiqué que tout appel à un partage du pouvoir, par l'intermédiaire d'accords bilatéraux, serait une manière de "court-circuiter le consensus national nécessaire pour cette dernière étape de la transition démocratique".
Le parti a enfin annoncé que ses alliances seront "réévaluées à la lumière des leçons de l'expérience passée et des exigences futures".
"Après la publication de ce communiqué, Nida Tounes a demandé le report de la journée d'étude et appelé à une réunion avec les partis de l'Union pour la Tunisie, à l'exception d'Al Joumhouri", a indiqué Samira Ben Kaddour, membre du bureau exécutif d'Al Massar, au HuffPost Maghreb. "Mais aucune suspension n'a été décidée à l'heure actuelle", a-t-elle précisé.
@MoniaBH y'avait une réunion prévue ce dimanche, on a demandé à la reporter suite au communiqué lolesque d'Joumhouri ! That's all !
— Firas Guefrech (@gFiras) 12 Décembre 2013@MoniaBH nooon ! on a demandé juste le report de la réunion.. ce dimanche va faire très beau et on a mieux à faire !
— Firas Guefrech (@gFiras) 12 Décembre 2013Malgré ces démentis, l'avenir de l'Union pour la Tunisie est fortement compromis. Encore un prélude à un troisième et dernier échec du dialogue national? Jamais deux sans trois, dit le dicton.