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Ukraine: Signes de fin de règne pour le Président Viktor Ianoukovith

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Les signes de fin de règne se multiplient samedi en Ukraine, où l'opposition appelle le Parlement à lancer une procédure de destitution du Président Viktor Ianoukovitch, qui pourrait avoir déjà quitté le pays.

Les défections s'enchaînaient samedi matin dans le camp du Président au lendemain de la signature d'un accord entre l'opposition et le Président prévoyant d'importantes concessions de la part de ce dernier sous pression des Européens, après le bain de sang dans le centre de Kiev qui a coûté la vie à près de 80 personnes en trois jours.

Le Président du Parlement et proche de Viktor Ianoukovitch, Volodymyr Rybak, a annoncé sa démission samedi, et une quarantaire de députés ont claqué la porte de son Parti des régions.

Le lieu où se trouve M. Ianoukovitch lui-même était inconnu, après qu'un responsable américain ait affirmé dans la nuit de vendredi à samedi qu'il s'était rendu à Kharkiv (est).

"Il a quitté la capitale", a déclaré l'un des chefs de file de l'opposition, Vitali Klitschko, devant les députés au Parlement. Un autre député a pour sa part affirmé qu'il avait même quitté le pays.

Corroborant la thèse d'une fuite possible du Président, des journalistes de la télévision Kanal 5 ont raconté samedi matin avoir pénétré sans difficulté dans la résidence du Président, placée d'habitude sous très haute protection, dans la banlieue de Kiev.

Et des manifestants ont pénétré sans difficulté dans l'enceinte de la Présidence, dans le centre de la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous tenons le périmètre de l'administration par sécurité pour protéger la propriété", a déclaré Mykola Velitchkovich, responsable adjoint du Groupe d'autodéfense du Maïdan. Aucun policier ni soldat n'était en vue.

Au Parlement aussi, la situation évoluait rapidement.

ukraine violences

Présidentielle d'ici le 25 mai


"Nous exigeons une présidentielle anticipée d'ici au 25 mai", a lancé Vitali Klitschko dans une ambiance électrisée à la Rada. "Nous devons fixer (la date) ici" au Parlement, a-t-il insisté.

"Le Parlement doit adopter une résolution exigeant que Ianoukovitch donne sa démission", a-t-il dit.

Sur le Maïdan (place de l'Indépendance), transformée en quasi-zone de guerre, au coeur de Kiev, depuis le début de la crise il y a trois mois, des milliers de personnes étaient toujours rassemblées dans la matinée de samedi, se restaurant auprès des tentes ou portant du matériel destiné aux barricades. Nul signe de démontage des installations n'était visible.

Dans le lobby de l'hôtel Ukraina, qui surplombe la place, l'infirmerie de fortune mise en place au cours de la semaine était toujours en place.

"Tant qu'on a besoin de nous, nous restons ici", explique à l'AFP Larissa Ivaniets, une volontaire de 48 ans en blouse bleue assise près de l'entrée. "Nous allons voir comment l'accord va être mis en oeuvre", ajoute-t-elle.

Pour Serguiy Horachko, un ouvrier rencontré sur le Maïdan, Ianoukovitch "a tué beaucoup de gens. Il doit démissionner, c'est tout", a-t-il estimé.

L'accord avait été signé vendredi soir sous la pression des Européens. Il prévoit une élection présidentielle anticipée, au plus tard en décembre, la formation d'un gouvernement de coalition d'ici à dix jours et un retour à la Constitution de 2004, voté dans la foulée par le Parlement ukrainien.

La Rada a également voté une loi ouvrant théoriquement la voie à la libération de l'opposante et ex-Première ministre Ioulia Timochenko. L'ancienne égérie de la Révolution orange pro-occidentale en 2004 avait été condamnée en 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir.

L'accord a été conclu après des affrontements qui ont fait près de 80 morts depuis mardi à Kiev et des centaines de blessés, un niveau de violence inédit pour ce jeune pays issu de l'ex-URSS.

Quelques heures plus tôt, le président des Etats-Unis Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine avaient appelé à ce l'accord de vendredi soit appliqué "rapidement", a indiqué vendredi un haut responsable américain. Selon lui, la solution trouvée apparaît "très, très fragile".

Les Européens, dont les ministres des Affaires étrangères polonais, allemand et français ont été les principaux artisans du compromis, ont dépeint des négociations musclées.

Dans une vidéo réalisée à son insu et diffusée vendredi sur Internet, on peut voir le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, lancer brusquement aux leaders de l'opposition : "Si vous n'êtes pas d'accord, vous aurez la loi martiale, l'armée, vous serez tous morts!".

Selon le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, l'accord est le "mieux qu'on pouvait espérer". "Soyons prudents", a-t-il ajouté, "car la situation économique reste épouvantable et puis il va falloir suivre (la mise en oeuvre de l'accord)". "Il y a eu des crimes. Il faut que tout cela fasse l'objet d'une enquête et qu'on en tire les conséquences", a encore averti M. Fabius.

L'Ukraine se trouve actuellement au bord de la faillite, et la Russie a promis l'octroi d'un crédit de 15 milliards de dollars et un important rabais du prix du gaz.

Européens et Américains avaient fait monter la pression sur le régime de M. Ianoukovitch tout au long de la semaine en décidant de priver de visas et de geler les avoirs de responsables ukrainiens et en menaçant de sanctions supplémentaires.

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