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John Kerry en visite à Tunis: Récit d'une conférence de presse

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Ils sont passés par les détecteurs de toutes sortes, ils ont abandonné leurs cartes de presse à l'entrée, ils se sont fait escorter de l'entrée jusqu'à la salle de conférence. Depuis près d'une heure, ils y attendent le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Les journalistes patientent avec des pâtisseries.

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La conférence était prévue pour 13 heures, elle ne commencera qu'à 14 heures. Une employée de l'ambassade, "vraiment désolée", est venue annoncer le retard.

Les caméras sont installées dans le fond, rivées vers le pupitre. Les journalistes sont tous assis dans la rangée de gauche. Désespérément vide, la rangée de droite est réservée aux journalistes américains qui accompagnent le chef de la diplomatie américaine dans sa tournée depuis près d'une semaine. Ils ne devraient pas tarder.

Les grosses voitures débarquent, on les voit par la fenêtre. Entre douze et quinze 4x4 aux fenêtres teintées. La presse américaine fait son entrée, c'est le début du désastre.

Pendant que les journalistes prennent place, le seul cameraman américain se poste devant la rangée de caméras tunisiennes. Premier incident diplomatique. "Ce n'est pas possible", se plaint un Tunisien. "Non, tu ne peux pas te mettre là", indique un autre. Le caméraman ne bouge pas, on lui a dit de se mettre ici.

Une employée de l'ambassade vient régler l'affaire: l'Américain se baissera un peu et tout rentrera dans l'ordre. Chacun règle son objectif.

Le staff politique arrive et part s'asseoir dans un coin. Les agents des services secrets prennent position. Ils ne sont pas si impressionnants que ça. Passer inaperçu, c'est sûrement ce qu'on attend d'eux.

John Kerry fait enfin son entrée et les flashs partent dans tous les sens. Après avoir salué à la ronde, il se met à son discours sans perdre de temps. Pas de chance: les journalistes l'interrompent après trente secondes. La traduction simultanée ne marche pas. Pourtant, les employés avaient fait contre mauvaise fortune bon cœur et profité du retard pour aiguiser les casques wifi.

Dommage, Kerry en était à l'étincelle de la révolution, "qui a eu lieu à moins de 200 miles d'ici" (à Sidi Bouzid).

Alors que tout le monde semble attendre une solution qui ne vient pas, Kerry se met à papoter dans un français parfait. "Vous ne pouvez pas faire le discours en français?", suggère une journaliste. Kerry lui rappelle la présence des Américains - pas tous bilingues - et "préfère ne pas avoir à faire le discours deux fois".

"Vous ne pouvez pas le faire en arabe, alors?", insiste une autre journaliste. "Inchallah!", répond, tout sourire, le secrétaire d'Etat. "J'espère bien le pouvoir un jour".

La lumière s'éteint, puis se rallume. C'est l'apocalypse. "Au moins, on ne s'ennuie pas", plaisante Kerry.

Finalement, la traduction sera décalée, un employé de l'ambassade s'y colle (et se débrouille très bien). Quelque peu haché, le discours se poursuit et se termine à deux voix, chacun son tour.

Place aux questions, et il y en a beaucoup. L'attachée de presse de la délégation gère l'affaire et commence par donner la parole à un journaliste américain. Deuxième incident diplomatique. Quelques Tunisiens s'emportent, mais l'Américain pose sa question, inébranlable.

Suit la traduction de la question, puis la réponse (puis la traduction de la réponse). Aux Tunisiens le tour. L'attachée de presse appelle le journaliste de la Wataniya TV. "Mais, je n'ai pas demandé la parole!", s'étonne-t-il.

Alors que la première question revient donc à une autre journaliste, une deuxième s'insurge. "Ne vous inquiétez pas, il y a le temps", tente Kerry, diplomate, avant de répondre à la question de la première.

Mais l'attachée de presse ne semblait pas le voir du même œil. Monsieur Kerry a un avion à prendre, et la traduction a tout retardé. Il faut partir. Mais Kerry insiste. Beau joueur, il veut laisser la parole à celle qui s'était énervée. Elle pose sa question (qui, finalement, n'aura servi à rien). Il répond quand même. Plutôt sympathique, ce Kerry.

C'est fini, les Américains s'éclipsent, adieu la Tunisie. Les journalistes sont encore à ranger leurs affaires dans la salle lorsque retentit une alarme stridente. Des employés se mettent à courir, on est presque tenté de se mettre à terre. Aurait-on attaqué le gentil monsieur?

Non, fausse alarme. Comme pour finir sur une bonne note.



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