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Tunisie: À la découverte de Jeunesse Sans Frontières, une association qui oeuvre pour un "éveil citoyen"

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Jeunesse sans frontières (JSF) fait partie de ces nombreuses associations tunisiennes créées au lendemain de la chute de Ben Ali, pour contribuer à la construction d'un pays démocratique dans lequel la société civile est très active. Aujourd'hui, en collaboration avec le Centre de la Citoyenneté, JSF a élaboré un projet de loi électorale qui va être discuté dans la commission législative à l'Assemblée Constituante à partir de ce jeudi.

Éveil citoyen

Ils sont juristes, cadres administratifs, universitaires ou étudiants, Jeunesse sans frontières (JSF), a été fondée en juin 2011 par un groupe de 11 amis, avec comme objectif, "la promotion de la culture du dialogue et l'intégration des jeunes dans la société civile".

"Depuis l'indépendance, le citoyen tunisien n'a pas été assez actif et impliqué", explique Mouldi Ayari, co-fondateur de JSF, chargé des affaires juridiques et conseiller juridique à l'Assemblée constituante.


Le premier projet de JSF, était "Femmes et citoyenneté", une caravane de sensibilisation, qui a traversé plusieurs régions (Tastour, Mjez El Bab et Borj El Amri) pour sensibiliser les femmes à l'importance du vote lors des élections. C'était en juillet 2011."Une des meilleures expériences que j'ai eue", se rappelle Mouldi Ayari.

Après les élections, JSF a poursuivi ses activités, entre séminaires et ateliers destinés à renforcer la démocratie locale, la culture du dialogue et "le leadership des femmes".

Environ 600 femmes ont suivi les sessions de formation du programme Girls for Change. "Une jeune fille d'à peine 21 ans, qui a suivi une de nos formations, va bientôt lancer son projet dans la région du Kef, ce sont des choses qui nous font plaisir" soutient le co-fondateur de l'association.


Projet de loi électorale

La loi électorale, est le dossier le plus important et crucial après l'adoption de la Constitution. C'est aussi l'un des plus importants projets sur lesquels JSF travaille depuis septembre 2012, en collaboration avec le Centre de Citoyenneté. Il a été élaboré en partenariat avec le Centre Carter et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Fondation Internationale des Systèmes électoraux (IFES).

Pour préparer ce projet de loi, JSF et le Centre de Citoyenneté ont fait appel à plusieurs experts, donc l'actuel président de l'Instance Supérieur indépendante pour les élections (ISIE) Chafiq Sarsar, la professeur en droit et membre de la Haute Autorité Indépendante pour la Communication Audiovisuelle (HAICA) Rachida Naifer. "Nous avons fait appel à des experts et spécialistes de différents domaines pour couvrir tous les aspects lié aux élections et les campagnes électorales."

Ayant été membre d'un comité régional de l'ISIE en 2011, Mouldi Ayari est bien conscient des lacunes et erreurs à ne pas reproduire. Avec ce nouveau projet de loi électorale, il espère pallier les lacunes observées lors des élections du 23 octobre 2011.

C'est ainsi que tout en gardant le scrutin au "plus fort reste", ce projet de loi prévoit un système de parrainage.

"Chaque candidat sera tenu d'obtenir un nombre minimum de signatures d'électeurs inscrits dans sa circonscription pour pouvoir se présenter sur une liste" explique Mouldi Ayari.

Les 27 circonscriptions seront réparties en 4 catégories en fonction du nombres d'électeurs. "Dans une circonscription contenant plus de 200 mille électeurs, pour être éligible, une liste électorale doit obtenir au moins 2000 signatures. Dans une circonscription contenant moins de 100 mille électeurs, la liste électorale doit obtenir 500 signatures". explique-t-il.


Ce système semble être favorable aux grands partis et défavoriser les autres. Mais Mouldi Ayari pense qu'il fera émerger "au moins 5 grands partis" à cause de "l'effritement des voix comme dans les élections d'octobre 2011 où il y a eu 1634 listes électorales".

"Il est temps que les partis politiques s'organisent. Certains partis peuvent concentrer leurs efforts sur certaines circonscriptions où ils peuvent être élus et non, sur tout le territoire". soutient-il.


Pour les élections présidentielles, un système de parrainage est également prévu dans l'article 43 du projet de loi, le candidat devra avoir 30 000 signatures obtenu dans 10 circonscriptions différentes avec un minimum de 1000 signatures par circonscription.

Dur, dur, de trouver un financement

Jeunesse sans frontières n'a pas de salariés. Tout le monde est bénévole. "Nous recrutons parfois des personnes le temps d'un projet donné" déclare Mouldi. Mais tous ces projets nécessitent de l'argent. La question du financement reste cruciale. "C'est ce qu'il y a de plus difficile dans la mise en place d'un projet" avoue-t-il.

Pour mettre en place le projet de la loi électoral, le problème de financement s'est posé. "La Fondation pour le Futur a accepté de financer la moitié du coût du projet, mais nous avons eu du mal à obtenir l'autre moitié, beaucoup d'organisations ont refusé de le faire surtout que la situation politique en Tunisie était encore très floue en 2012", raconte Mouldi. "Finalement, vu l'importance du projet, la Fondation pour le Futur a accepté de financer la moitié du coût du projet, soit 72 000 dinars".

Les projets de JSF sont principalement financés par deux organisations, la Fondation pour le Futur et l'organisation suédoise Swedish International Development Cooperation Agency (SIDA).

"Jusque là aucun bailleur de fond ne nous a imposés quoi que ce soit, affirme le co-fondateur de JSF, nous avons notre propre ligne de conduite." Pour JSF, la ligne de conduite est bien définie, "un nouvel élan de citoyenneté en Tunisie".

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