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Contrebande et commerce parallèle: La Tunisie accuse d'énormes pertes budgétaires

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Une étude de la Banque mondiale sur le commerce frontalier a révélé que la Tunisie enregistre chaque année 1.2 milliards de pertes, dont 500 millions de dinars en droits de douanes. La contrebande, un phénomène qui a toujours été présent, mais qui a connu une explosion depuis la révolution de 2011, aggrave selon l'institution les difficultés budgétaires du pays.

Présentée mercredi 5 février au siège de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) pour une journée sous le thème de la contrebande et du commerce parallèle en Tunisie, l'étude de la Banque mondiale, intitulée "L’estimation du commerce informel à travers les frontières terrestres de la Tunisie", estime la valeur du commerce frontalier entre la Tunisie et les deux pays voisins l'Algérie et la Libye à 1.8 milliard de dinars, un chiffre représentant plus de la moitié de la valeur du commerce officiel avec la Libye et supérieur à celui avec l'Algérie, toujours selon cette étude.

Le facteur prix

Le carburant est le principal produit du trafic avec l'Algérie: 3000 camionnettes franchissent la frontière tuniso-algérienne quotidiennement, 60% d'entre elles transportent du carburant, selon la Banque mondiale. "Un quart du carburant consommé en Tunisie provient de réseaux d’importation informels depuis l’Algérie, où il coûte un dixième du prix."

Avec la Libye, le commerce informel concerne également le carburant (il coûte 80% moins cher), et des produits comme l'huile de maïs et les climatiseurs, deux fois moins chers.

prix libye tunisie


L'étude explique que l'augmentation de ce phénomène a un impact négatif sur l'économie tunisienne, puisqu'il prive le pays d'un volume important de revenus fiscaux.

Il est clair que la raison de la floraison de phénomène n'est pas qu'un laisser-aller sécuritaire, mais elle est aussi économique et sociale. La Banque mondiale recommande ainsi une révision des prix et une libéralisation de certains produits.

Chercheur à l'Institut tunisien des études stratégiques (ITES), Kamel Laaroussi avait proposé au mois de décembre dernier la création d'une "zone de libre échange" qui permettrait aux pays maghrébins et aux entreprises économiques de la région du Maghreb de créer "des entreprises industrielles mixtes et de les approvisionner en marchandises produites, exclusivement dans les pays concernés et aussi effectuer des échanges commerciaux avec des prix référentiels et exonérés de taxes douanières".

Le commerce parallèle: Un moteur économique dans les régions frontalières

Le phénomène de la contrebande n'est pas nouveau, et est surtout délicat à traiter. Dans son dernier rapport sur la Tunisie, "La Tunisie des frontières, Jihad et contrebande", International Crisis Group (ICG) analyse d'ailleurs la situation délicate des frontières et des réseaux de contrebande.

Dans les régions reculés du pays, le commerce parallèle est souvent le moteur économique de toute la région. À Ben Guerdane, une ville frontalière avec la Libye, "3 800 habitants se livreraient au marché noir (soit environ 20 % de la population active), faisant de ce secteur "la locomotive économique de la région", souligne Gael Raballand, économiste à la Banque mondiale. Difficile alors pour le gouvernement de passer à une stratégie répressive de ce phénomène.

"En l'absence d’investissement public dans les régions reculées, la contrebande offre des sources de revenus et freine l’exode rural. L’État ne peut pas tout laisser faire, le contrôle est nécessaire, mais ne peut pas non plus complètement tout arrêter", explique l'analyste au ICG Michael Ayari.

La contrebande et le commerce parallèle représentent un enjeu sécuritaire et économique pour la Tunisie. Mais si le gouvernement décide de passer à l'offensive pour éradiquer le phénomène, il risque de faire face à des troubles sociaux. Pour la Banque mondiale, la solution serait de limiter l'ampleur du trafic tout en améliorant les conditions de vie des populations vivant dans les zones frontalières.

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