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Opération Raoued: La mort de Kamel Gadhgadhi ne clôt pas l'affaire Chokri Belaïd

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"C'est le plus beau cadeau qu'on puisse faire aux Tunisiens" pour la commémoration du premier anniversaire de l'assassinat de Chokri Belaïd, a déclaré Lotfi Ben Jeddou à la conférence de presse mardi soir, juste après avoir annoncé la mort de Kamel Gadhagdhi lors d'une opération anti-terroriste à Raoued. Est-ce vraiment une victoire? Pas pour la famille de Chokri Belaïd.

Qui est Kamel Gadhgadhi?

Au mois d'avril 2013, Kamel Gadhgadhi a été désigné par les autorités tunisiennes comme l'assassin de Chokri Belaïd.
Né à Ghardima (gouvernorat de Jendouba) en 1979, il est présenté par le ministère de l'Intérieur comme un dangereux élément, appartenant à "l'aile militaire" de l'organisation fondée par Abou Yadh en 2011, Ansar Al Charia.

Cadre financier, Kamel Gadhgadhi aurait séjourné aux États-Unis avant de rentrer en Tunisie en 2001, et de s'installer à Tunis selon les médias locaux. Les autorités l'accusent également d'être impliqué dans l'assassinat de Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013, ainsi que dans l'embuscade contre les soldats au Mont Chaâmbi.

Opération Raoued

Peu d'informations officielles ont filtré sur l'opération de Raoued. Une opération qui a duré environ 20h et dont le bilan est de 8 morts, un agent de la Garde nationale et 7 membres du groupe armé. Une opération de renseignements de la Garde nationale a permis de découvrir cette maison où se sont retranchés "ces dangereux éléments terroristes" dont certains sont "venus du Mont Châambi", explique le porte-parole du ministère de l'Intérieur Mohamed Ali Laroui. "La lutte contre le terrorisme est un travail quotidien (..) mais nous ne pouvons pas tout divulguer", avait précisé plus tôt le ministre Lotfi Ben Jeddou.

Dans une déclaration aux médias, le propriétaire de la maison a expliqué avoir loué la maison il y a trois mois sans rien savoir du locataire. Il ne lui a demandé aucun papier, même pas une carte d'identité. "Il a payé cash, un mois de loyer et une caution". Il y a une quinzaine de jours, il a loué le 1er étage de la même maison à un ami du premier locataire. "Il m'avait dit qu'il allait bientôt se marier et qu'il avait besoin d'une maison".

Le propriétaire de la maison, qui habite à Carthage, à quelques kilomètres de Raoued, ne soupçonnait rien. "La police m'a convoqué et m'a informé qu'il s'agissaient de terroristes. On m'a demandé de faire le plan de la maison, toutes les portes d'entrée, de sortie, les fenêtres, etc." dit-il.

Un arsenal d'armes a été trouvé dans la maison, en plus de 600 kilos de TNT. "Une quantité qui pourrait tout détruire dans un rayon d'un kilomètre", affirme Laroui.

Début d'une nouvelle polémique?

"Ce que nous avons réalisé est une victoire", a soutenu Mohamed Ali Laroui, affirmant que ceux qui ont été abattu lors de cette opération sont "des leaders d'une cellule terroriste". Tout en admettant avoir voulu les attraper vivants, Laroui a expliqué que les forces de sécurité ont fait face à une "forte résistance".

"Nous avons entamé des négociations (via un mégaphone) avec les terroristes pour qu'ils se livrent, mais ils ont refusé et ont tenté de se faire exploser", affirme le porte-parole, en ajoutant que ces derniers étaient lourdement armés et portaient des ceintures explosives.


Mais bien que l'opération soit présentée comme une réussite par le ministère de l'Intérieur, certains restent sceptiques.




Pour Lotfi Belaïd, frère de Chokri Belaïd, "l'affaire Belaïd a été réduite au nom de Kamel Gadhgadhi" et les autorités ont voulu "clore le dossier". Tout aussi tranché, son père a estimé que Gadhgadhi emportera le secret de l'assassinat de son fils dans sa tombe. "Normalement, ils (les forces de sécurité) font tout pour le capturer vivant." déclare-t-il sur Mosaïque fm, déplorant le fait qu'il n'y ait pas plus d'informations sur les commanditaires de l'assassinat de son fils.

La députée du parti Al Massar Karima Souid ne croit pas non plus à la version présentée par le ministère de l'Intérieur. "Mascarades et tromperies sur l'assassinat de Chokri Belaïd, c'est mon avis et je le dis. (..) Je ne vous crois pas", poste-t-elle sur sa page Facebook.

Finalement, même si les autorités ont présenté l'opération de Raoued comme une réussite, la mort de Kamel Gaghgadhi désigné comme meurtrier de Chokri Belaïd, suscite la controverse. Pour le journal La Presse, "la polémique juridico-politique ne fait que commencer"...

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