Ils ne voulaient plus attendre. Dans la soirée du 3 février, le Comité de soutien à Jabeur Mejri a lancé l'opération "100 dessins pour Jabeur", mobilisant près de 100 dessinateurs, "des pointures [Plantu, Z, Willis from Tunis] comme des moins connus". "Chacun voulait absolument participer", raconte Hasni Jeridi, membre du comité, au HuffPost Maghreb (voir les dessins en diaporama en fin d'article)
Il y a près de deux semaines, les rumeurs avaient pourtant affolé les médias nationaux et internationaux. "On" disait Jabeur Mejri en partance pour la Suède. Condamné en 2012 à sept ans et demi de prison et 1200 dinars d'amende pour avoir publié des caricatures du prophète sur les réseaux sociaux, le détenu de la prison de Mahdia aurait été à deux doigts d'obtenir la grâce présidentielle.
Depuis, plus rien. "On n'a reçu aucune nouvelle, ni de sa famille, ni de ses avocats ni des proches de la présidence", indique Henda Chennaoui, également active au sein du Comité, au HuffPost Maghreb.
Le président Moncef Marzouki, seul apte à gracier, a pourtant été omniprésent dans les médias. Pour la signature de la nouvelle Constitution tunisienne.
Appel à assumer la Constitution
Encensée à l'étranger, la Constitution assure notamment la "liberté de conscience" et la "liberté d'expression". L'adoption du document a fait tilté le Comité. Dans un communiqué, il soulève la contradiction entre les mots et la pratique.
De nombreuses facettes des lois actuelles, et notamment du Code pénal, ne sont pas en adéquation avec la nouvelle Constitution. Le cas de Jabeur Mejri pourrait-il donner lieu à une première remise à niveau?
Pas si simple. Outre la liberté de conscience, l'article 6 abrite également l'interdiction de "l'atteinte au sacré". En conflit avec le principe de liberté d'expressions, cette disposition est possiblement applicable dans le cas de publications d'images du prophète.
Henda Chennaoui conçoit le problème. "Il y a une énorme contradiction dans la Constitution, on le sait très bien". Mais si le Comité préfère souligner les libertés, "c'est par-rapport aux discours de Marzouki et de Ben Jaâfar", qui se sont eux-mêmes focalisé sur ces notions, explique-t-elle.
Hasni Jeridi appelle les autorités à un "acte fort" afin de "montrer qu'ils croient à cette Constitution et qu'ils le font dans un esprit de concorde".
Un défi lancé au président Marzouki, lequel avait, contre tout protocole, pris place entre le président de l'ANC Mustapha Ben Jaâfar et le Premier ministre démissionnaire Ali Larayedh pour la photo finish après la signature du document. En prenant cette place initialement prévue pour Ben Jaâfar, le président s'est symboliquement approprié la Constitution.
"Pas la première fois que Marzouki nous fait des promesses"
Lors d'une visite aux Etats-Unis fin septembre 2013, Moncef Marzouki affirmait déjà, en référence à la grâce de Jabeur, "attendre le bon moment politique pour sa propre sécurité".
Le Comité de soutien est las d'attendre. "Il faut le libérer et arrêter de dire 'on va le faire bientôt'", insiste Henda. Les rumeurs de libération ne semblent pas avoir su calmer les ardeurs. Pour Hasni Jeridi, "tant que Jabeur n'est pas libéré, il est en prison, et le reste n'est que billevesées".
100 dessins. Une large mobilisation pour tenter de prendre les autorités au mot. Afin que la prochaine promesse soit aussi la dernière.
Il y a près de deux semaines, les rumeurs avaient pourtant affolé les médias nationaux et internationaux. "On" disait Jabeur Mejri en partance pour la Suède. Condamné en 2012 à sept ans et demi de prison et 1200 dinars d'amende pour avoir publié des caricatures du prophète sur les réseaux sociaux, le détenu de la prison de Mahdia aurait été à deux doigts d'obtenir la grâce présidentielle.
Depuis, plus rien. "On n'a reçu aucune nouvelle, ni de sa famille, ni de ses avocats ni des proches de la présidence", indique Henda Chennaoui, également active au sein du Comité, au HuffPost Maghreb.
Le président Moncef Marzouki, seul apte à gracier, a pourtant été omniprésent dans les médias. Pour la signature de la nouvelle Constitution tunisienne.
Appel à assumer la Constitution
Encensée à l'étranger, la Constitution assure notamment la "liberté de conscience" et la "liberté d'expression". L'adoption du document a fait tilté le Comité. Dans un communiqué, il soulève la contradiction entre les mots et la pratique.
"Alors que dans ce texte fondateur, la liberté d'expression et de conscience sont présumées garanties, le maintien en détention de Jabeur Mejri est contraire à l'esprit et au texte de la Constitution"
De nombreuses facettes des lois actuelles, et notamment du Code pénal, ne sont pas en adéquation avec la nouvelle Constitution. Le cas de Jabeur Mejri pourrait-il donner lieu à une première remise à niveau?
Pas si simple. Outre la liberté de conscience, l'article 6 abrite également l'interdiction de "l'atteinte au sacré". En conflit avec le principe de liberté d'expressions, cette disposition est possiblement applicable dans le cas de publications d'images du prophète.
Henda Chennaoui conçoit le problème. "Il y a une énorme contradiction dans la Constitution, on le sait très bien". Mais si le Comité préfère souligner les libertés, "c'est par-rapport aux discours de Marzouki et de Ben Jaâfar", qui se sont eux-mêmes focalisé sur ces notions, explique-t-elle.
Hasni Jeridi appelle les autorités à un "acte fort" afin de "montrer qu'ils croient à cette Constitution et qu'ils le font dans un esprit de concorde".
Un défi lancé au président Marzouki, lequel avait, contre tout protocole, pris place entre le président de l'ANC Mustapha Ben Jaâfar et le Premier ministre démissionnaire Ali Larayedh pour la photo finish après la signature du document. En prenant cette place initialement prévue pour Ben Jaâfar, le président s'est symboliquement approprié la Constitution.
"Pas la première fois que Marzouki nous fait des promesses"
Lors d'une visite aux Etats-Unis fin septembre 2013, Moncef Marzouki affirmait déjà, en référence à la grâce de Jabeur, "attendre le bon moment politique pour sa propre sécurité".
Le Comité de soutien est las d'attendre. "Il faut le libérer et arrêter de dire 'on va le faire bientôt'", insiste Henda. Les rumeurs de libération ne semblent pas avoir su calmer les ardeurs. Pour Hasni Jeridi, "tant que Jabeur n'est pas libéré, il est en prison, et le reste n'est que billevesées".
100 dessins. Une large mobilisation pour tenter de prendre les autorités au mot. Afin que la prochaine promesse soit aussi la dernière.
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