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Dans les pays émergents, la mauvaise politique fait la mauvaise économie

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Les marchés émergents les plus touchés sont aussi ceux où la situation politique est fragile.

Les pressions sur les devises contraignent leurs banques centrales à remonter leurs taux et prendre ainsi le risque de freiner la croissance. Cela, en retour, menace la popularité de leurs dirigeants et pèse sur leur avenir politique comme dans le cas du turc Recep Tayyip Erdogan et de l'Ukrainien Viktor Ianoukovitch.

En Turquie, le Premier ministre face à ses limites

Touché par un scandale politico-financier, le gouvernement du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, et son parti AKP ont vu leur popularité chuter. Ils affrontent notamment la confrérie du prédicateur musulman, Fethullah Gülen, et vont devoir franchir l’écueil des élections municipales à la fin mars où plusieurs villes importantes ou symboliques pourraient basculer dans le camp de l’opposition, notamment Ankara et Istanbul.

La Banque centrale vient de remonter fortement ses taux pour défendre la livre turque malgré l'opposition du gouvernement qui craint que cela ne freine la croissance économique et ne creuse les déficits.

Les résultats des municipales vont conditionner la décision de M. Erdogan, à la tête du gouvernement depuis 2003, de se présenter ou pas à la présidentielle d’août 2014. Atteint par la limite des trois mandats, il devra quitter son poste de Premier ministre à l’issue des législatives de 2015.

Le président ukrainien provoque l'effondrement de la monnaie

Le pays est la proie d'une forte contestation après la décision du gouvernement du président Viktor Ianoukovitch de renoncer à un accord de libre-échange avec l'Union européenne et de se rapprocher économiquement de la Russie.

Elu en 2010, il a maintenu sa majorité parlementaire aux législatives de 2012 mais l'opposition réclame maintenant des élections anticipées. Le Premier ministre, Mykola Azarov, et son cabinet viennent de démissionner.

Du fait de ces incertitudes, la demande pour les devises est actuellement deux fois plus forte qu’en temps normal. Si la plupart des économistes estiment que la baisse actuelle de la monnaie locale, la hryvnia, pourrait contribuer à relancer l'économie, ils craignent aussi qu’une escalade des tensions dans le pays entraînent une ruée de la population, ce qui rendrait incontrôlable l’effondrement de la devise nationale.

En Argentine, le bilan faible du gouvernement face à une opposition encore plus faible

Victime d'une crise économique sans précédent en 2001 qui l'a obligé à faire défaut sur sa dette, le pays n'a toujours pas accès aux marchés financiers internationaux.

La présidente, Cristina Kirchner, au pouvoir depuis 2007 et réélue en 2011, ne peut en principe se représenter en 2015. Elle a confié la politique économique au ministre, Axel Kiciloff, contesté par les milieux d'affaires et qui défend le principe d'une forte intervention de l'Etat dans la vie économique. Mais les réserves monétaires fondent à vue d’œil et le pays est en proie à une forte inflation. Le déficit de la balance énergétique a atteint près de 10 milliards de dollars en 2013.

L'opposition est toutefois divisée, désorganisée et sans grand leader.

Corruption en Afrique du Sud, contestation en Thaïlande

Elu en 2009 pour cinq ans, le président Jacob Zuma s'appuie sur le parti historique ANC au pouvoir depuis 1994 dont la figure historique était Nelson Mandela.

Mais Jacob Zuma, qui se représentera lors de l'élection présidentielle qui doit avoir lieu d'ici l'été, a été hué en décembre lors de la cérémonie d'hommage à Mandela. Il est la cible d'accusations de corruption dans un pays où les inégalités sont encore très fortes malgré la fin de l'apartheid en 1991.

De son côté, la Thaïlande est touchée depuis trois mois par une nouvelle vague de contestation visant le gouvernement de la Première ministre, Yingluck Shinawatra. Des élections législatives doivent avoir lieu ce dimanche, mais le déroulement en est perturbé, notamment pour les procédures de vote par anticipation.

Boycottées par l'opposition, ces élections devraient voir la victoire du parti Puea Thai, au pouvoir, mais le pays a perdu entre 200 et 500 millions de bahts (entre 5 et 12,5 millions d'euros) par jour depuis le début de la crise il y a trois mois, selon la Chambre de Commerce de Thaïlande.

Même l'Inde est la Russie sont à la traîne

La coalition au pouvoir, conduite par le parti du Congrès, va affronter les élections législatives, prévues d'ici mai, avec un faible taux de popularité.

Son bilan économique pèse largement dans cette défiance, selon les instituts de sondage, mais surtout en raison de l'inflation des prix des produits alimentaires et du manque d'emplois. Les turbulences monétaires, qui ont fait chuter la roupie à un plus bas historique en août 2013, ont renforcé le mécontentement contre le Premier ministre Manmohan Singh. La roupie n'a cependant cédé que moins de 1% face au dollar depuis le 1er janvier mais cela n'a pas empêché la banque centrale indienne de relever ses taux d'un quart de point le 28 janvier pour lutter contre l'inflation.


Le rouble Russe a quant à lui été attaqué sur les marchés et la Russie traverse une période de stagflation (faible croissance et inflation).

La dégringolade de la monnaie nationale est toujours vue avec inquiétude par la population, qui a vécu depuis la chute de l’URSS plusieurs dévaluations traumatisantes mais n’a pas affecté pour l’instant la popularité de Vladimir Poutine, très élevée.

Cette chute devrait aussi avoir un effet positif pour le budget, dont la majorité des revenus proviennent des exportations d’hydrocarbures vendus en devises mais pourrait relancer l'inflation, toujours impopulaire.

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