CULTURES - "Conflit", film tunisien de Moncef Barbouch, est sorti en salles le 14 janvier dernier. Il s'inscrit dans une tendance du cinéma tunisien à traiter la mémoire traumatisante de la dictature.
Si certaines oeuvres marquantes avant lui comme "Les sabots en or" de Nouri Bouzid, se sont focalisées sur un épisode politique précis, le champ de vision dans "Conflit" s'élargit: le temps du récit va de la prise de pouvoir de Ben Ali en 1987 jusqu'à sa chute en 2011, soit près de 24 ans, avec quelques flashback sur le règne de Bourguiba.
Le personnage principal est un professeur et opposant islamiste, qui se trouve arrêté et torturé en 1991 pour son appartenance islamiste. Des militants de gauche et des syndicalistes sont aussi représentés mais d'une manière secondaire, parfois burlesque. Le film semble d'ailleurs adopter un point de vue partisan envers Ennahdha. Le réalisateur s'en défend:
Après son arrestation, le personnage principal sera mis en détention durant 15 ans dans la prison de Borj Erroumi. Même si l'oeuvre de Moncef Barbouch décrit avec réalisme la brutalité de l'univers des prisons tunisiennes, elle n'est pas exclusivement carcérale. Plusieurs intrigues la traversent, conjuguant trajectoires individuelles et évènements politiques.
Le film qui dure environ deux heures, laisse un sentiment d'inachevé, le récit sans intensité s'éparpille à vouloir brasser trop large.
Pour le réalisateur il existe au contraire, une vraie cohérence dans le scénario: "Le scénariste Houssine Mahnouch a construit l'histoire autour d'une ligne directrice: la famille. Autour de cela, il y a plusieurs histoires parallèles qui ont pour but de déstabiliser le spectateur, de créer en lui une rupture et de le confronter à l'état de perdition que vivaient les militants et leurs familles à l'époque" indique le réalisateur.
D'autre part, "Conflit" semble se contenter d'une compilation de scènes mélodramatiques qui le rapprochent plus du film de sensibilisation moralisateur que du septième art. Là aussi, Moncef Barbouch apporte ses précisions.
"Par mon style classique, je ne cherche ni l'expérimentation ni l'avant-garde. Je mets en scène des histoires que je veux rendre le plus proches possible du peuple. Dans ce sens je suis l'élève de Youssef Chahine et Salah Abou Sif", a-t-il indiqué.
Le budget du film est estimé à 320 mille dinars, ce qui est largement inférieur à la moyenne pour un long métrage de fiction tunisien. Aucune subvention du ministère de la Culture ne lui a été octroyée...
Après la révolution, le cinéma tunisien s'est penché sur les temps de la dictature et s'est revendiqué comme un instrument pour révéler et comprendre ses exactions et ses zones d'ombres.
Cet élan s'est manifesté essentiellement par des documentaires ("Maudit soit le phosphate", "Coloquinte", "Mémoire noire"), des docu-fictions (L'affaire Barraket Essahel), et plus rarement par des fictions ("Le Professeur" de Mahmoud Ben Mahmoud).
"Conflit", tourné en 2013, se penche sur la frange islamiste de la société tunisienne, largement opprimée (34.000 prisonniers) sous les dictatures passées...
Si certaines oeuvres marquantes avant lui comme "Les sabots en or" de Nouri Bouzid, se sont focalisées sur un épisode politique précis, le champ de vision dans "Conflit" s'élargit: le temps du récit va de la prise de pouvoir de Ben Ali en 1987 jusqu'à sa chute en 2011, soit près de 24 ans, avec quelques flashback sur le règne de Bourguiba.
"Il s'agit de mon expérience et de celle de 90 opposants politiques dont nous avons pris le témoignage partout à travers la Tunisie, avant de faire le film. Nous avons répartis ces bribes de vie sur tous les personnages que nous avons crées", affirme le réalisateur Moncef Barbouch, contacté par le Huffpost Tunisie.
Le personnage principal est un professeur et opposant islamiste, qui se trouve arrêté et torturé en 1991 pour son appartenance islamiste. Des militants de gauche et des syndicalistes sont aussi représentés mais d'une manière secondaire, parfois burlesque. Le film semble d'ailleurs adopter un point de vue partisan envers Ennahdha. Le réalisateur s'en défend:
"Beaucoup de médias ont ignoré la sortie de mon film à cause de ce soupçon. Mais je n'ai jamais appartenu ni à Ennahdha ni à aucun autre parti. J'ai simplement remarqué qu'il n'y avait eu aucun long métrage qui traitait de la répression des islamistes alors que plusieurs autres, comme "Les sabots en or" de Nouri Bouzid, parlent de celle de la gauche. A-t-on jamais reproché à ces films d'avoir un point de vue partisan? Je ne suis pas un historien et je me sens libre d'évoquer les sujets qui me tiennent à coeur", a-t-il expliqué.
Après son arrestation, le personnage principal sera mis en détention durant 15 ans dans la prison de Borj Erroumi. Même si l'oeuvre de Moncef Barbouch décrit avec réalisme la brutalité de l'univers des prisons tunisiennes, elle n'est pas exclusivement carcérale. Plusieurs intrigues la traversent, conjuguant trajectoires individuelles et évènements politiques.
Le film qui dure environ deux heures, laisse un sentiment d'inachevé, le récit sans intensité s'éparpille à vouloir brasser trop large.
Pour le réalisateur il existe au contraire, une vraie cohérence dans le scénario: "Le scénariste Houssine Mahnouch a construit l'histoire autour d'une ligne directrice: la famille. Autour de cela, il y a plusieurs histoires parallèles qui ont pour but de déstabiliser le spectateur, de créer en lui une rupture et de le confronter à l'état de perdition que vivaient les militants et leurs familles à l'époque" indique le réalisateur.
D'autre part, "Conflit" semble se contenter d'une compilation de scènes mélodramatiques qui le rapprochent plus du film de sensibilisation moralisateur que du septième art. Là aussi, Moncef Barbouch apporte ses précisions.
"Par mon style classique, je ne cherche ni l'expérimentation ni l'avant-garde. Je mets en scène des histoires que je veux rendre le plus proches possible du peuple. Dans ce sens je suis l'élève de Youssef Chahine et Salah Abou Sif", a-t-il indiqué.
Le budget du film est estimé à 320 mille dinars, ce qui est largement inférieur à la moyenne pour un long métrage de fiction tunisien. Aucune subvention du ministère de la Culture ne lui a été octroyée...
"À l'époque Mehdi Mabrouk (ministre de la culture sous la Troika) nous avait promis une subvention mais dès que Mourad Sakli l'a remplacé (ministre sous Mehdi Jomaâ) mon dossier a été (étrangement) perdu", déplore-t-il.
Après la révolution, le cinéma tunisien s'est penché sur les temps de la dictature et s'est revendiqué comme un instrument pour révéler et comprendre ses exactions et ses zones d'ombres.
Cet élan s'est manifesté essentiellement par des documentaires ("Maudit soit le phosphate", "Coloquinte", "Mémoire noire"), des docu-fictions (L'affaire Barraket Essahel), et plus rarement par des fictions ("Le Professeur" de Mahmoud Ben Mahmoud).
"Conflit", tourné en 2013, se penche sur la frange islamiste de la société tunisienne, largement opprimée (34.000 prisonniers) sous les dictatures passées...
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