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Tunisie: Le gouvernement de Habib Essid en ballottage, le vote de confiance reporté

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Habib Essid avait encore légalement le temps d'annoncer la composition de son gouvernement, mais a décidé de faire autrement et de prendre de nombreux représentants de partis politiques de court en présentant les membres du gouvernement vendredi.

Annoncé pour ce mardi, le vote de confiance au gouvernement proposé par Habib Essid a été reporté à une date ultérieure et face à la multiplication des critiques, une modification est attendue.

La majorité absolue est nécessaire

Selon les dispositions de la Constitution, Habib Essid avait un mois renouvelable pour former son gouvernement avant de le proposer au vote à l'Assemblée. Théoriquement, rien ne l'empêche de modifier la composition de son équipe avant la séance plénière.

Pour pouvoir entrer en fonction, le gouvernement doit obtenir le vote favorable d'au moins 109 députés sur les 217 membres de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), soit la majorité absolue. Dans cette configuration, une abstention ou une absence ont le même effet qu'un vote contre.

Dans le cas où cette majorité n'est pas obtenue, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, devra consulter les différents partis politiques et désigner la personnalité la plus apte à former un gouvernement. Cette personnalité ne serait plus le candidat désigné par Nida Tounes, parti vainqueur des élections législatives.

Les partis favorables


Le gouvernement proposé se compose principalement de représentants de Nida Tounes, de l'Union patriotique libre (UPL, parti de Slim Riahi) et de personnalités indépendantes. Y figure également Touhami Abdouli, ancien membre d'Ettakatol et membre du premier gouvernement de la Troïka dirigé par Hamadi Jebali. M. Abdouli est à présent député, élu aux élections législatives sous la bannière du "Front national du Salut".

Les 86 députés Nida Tounes sont-ils acquis?

Nida Tounes compte 86 députés, dont 3 ont été désignés à des postes ministériels. La Constitution précise qu'il est interdit de cumuler les fonctions de membre du gouvernement avec celle de membre de l'Assemblée, mais reste silencieuse quant à la possibilité pour ces élus de procéder au vote de confiance, avant de perdre leur statut de député dans le cas où la majorité absolue est obtenue.

Par ailleurs, des voix dissidentes se sont élevées dans les rangs du parti de Béji Caïd Essebsi, menées par le député Abdelaziz Kotti. Ce dernier a déploré le fait que les élus du parti n'aient pas été consultés avant l'annonce de la composition du gouvernement.

"Ce gouvernement n'a aucune philosophie, il est très faible (...) C'est un gouvernement pour contenter une personne ou deux", a-t-il déclaré sur Mosaïque FM. "Il y a de nombreux députés qui voteront contre ce gouvernement (...) et qui ont exprimé leur désaccord", a-t-il assuré.


"Ce gouvernement a très peu de chance de passer (...). Je demande le report du vote de confiance pour procéder à des modifications" dans sa composition, a-t-il ajouté, appelant à un gouvernement que "les Tunisiens attendent" et non des noms dont la présence au sein d'un gouvernement post-élections législatives ne sauraient les rendre "fiers".

Les députés Nida Tounes élus dans les circonscriptions de l'étranger ont également exprimé publiquement leurs critiques le jour de l'annonce, regrettant l'absence de "représentation des Tunisiens à l'étranger dans la structure du gouvernement".




Pour Lazhar Akremi, député du même parti, il n'y aurait au contraire aucun doute sur le fait que le groupe parlementaire de Nida Tounes vote en faveur du gouvernement Essid.

"Ceux qui disent le contraire ont tort. (...) Les prochains jours prouveront que ce ne sont que des (considérations) secondaires", a-t-il assuré. Interrogé sur l'existence de députés Nida Tounes qui voteraient contre la confiance au gouvernement, M. Akremi a cependant refusé de répondre, jugeant la question déplacée et prématurée.

Slim Riahi à la rescousse

Troisième force de l'Assemblée à l'issue des élections législatives, l'UPL, parti de Slim Riahi richissime homme d'affaires et patron d'un club de football, est le principal bénéficiaire des négociations autour de la composition du gouvernement. Il a raflé trois ministères dont celui du Tourisme et celui des Investissements et de la Coopération internationale.

Aux 86 députés de Nida Tounes (sans tenir compte des voix dissidentes ou des absences), s'ajoutent donc les 16 députés de l'UPL ainsi que l'élu Touhami Abdouli, donnant au gouvernement Essid un maximum de 103 voix plus ou moins acquises.

"Ce gouvernement va miser sur le groupe des indépendants présent à l'Assemblée, sur les petits partis ayant 3 ou 4 sièges et éventuellement sur des députés d'Ennahdha ayant une vision qui diffère" de la position de leur parti, a affirmé Khaled Chouket, député Nida Tounes, sur les ondes de Shems FM. "Rien n'est garanti", a-t-il avoué.

Les partis défavorables


Les annonces faisant état d'un refus de voter en faveur de l'équipe gouvernementale proposée se sont multipliées dimanche et lundi. Les méthodes, l'opacité et l'absence d'un programme clair, en plus de l'exclusion d'un certain nombre de partis représentés étaient les principales raisons de ce refus.

Ennahdha pour un gouvernement d'union nationale

Avec 69 députés au sein de l'Assemblée, le parti islamiste Ennahdha risque de peser lourd sur la balance. Le Conseil de la Choura du parti a ainsi décidé dimanche de ne pas accorder sa confiance au gouvernement Essid, regrettant l'absence de "diversité" et la "mise à l'écart d'une frange importante de la population tunisienne".

Dans son communiqué publié à l'issue de la 35ème réunion du Conseil consultatif, Ennahdha appelle à un gouvernement d'union nationale avec des objectifs clairs.

"Le programme présenté par ce gouvernement ne reflète ni les priorités actuelles du pays, ni les réformes nécessaires à entreprendre. Il ne traduit pas les aspirations des Tunisiens et n'honore pas les principes à l'origine de la Révolution", accuse le Mouvement.



Afek Tounes et le Front populaire écartés

Présentés avant les élections comme les alliés naturels de Nida Tounes, Afek Tounes et le Front populaire ne sont pas représentés dans le gouvernement Essid.

Afek Tounes avait décidé de se retirer des pourparlers le jour de l'annonce, fustigeant l'opacité dont Habib Essid a fait preuve et l'absence de vision dans le choix des membres du gouvernement.

"Nous avons essayé de traiter de façon positive et constructive, mais il s'est avéré que les normes supposées être adoptées pour former un gouvernement ayant pour base le rajeunissement, la réforme des programmes et les compétences politiques aptes à la gestion et à l'exécution n'ont pas dépassé le stade de slogans", a indiqué le parti dans un communiqué.

LIRE AUSSI: Afek Tounes: "L'opacité de Habib Essid nous a poussé à quitter la table des négociations"


Le Front populaire a également annoncé le refus de son groupe parlementaire de voter la confiance au gouvernement Essid, "étant donné que ce gouvernement est incapable" en raison de sa composition et de la faiblesse de son programme, de satisfaire "les attentes du peuple tunisien".

D'autres partis et députés ont également fait part de leur rejet de ce gouvernement. On compte ainsi:

  • Ennahdha, 69 députés

  • Afek Tounes, 8 députés

  • Le Front populaire, 15 députés

  • Le Congrès pour la République, 4 députés

  • Al Moubadara, 3 députés

  • Le Courant démocratique, 3 députés


Au total, 102 députés n'accorderaient pas leur confiance au nouveau gouvernement, suivant la position officielle de leur parti.

Seul représentant de l'Alliance démocratique, Mehdi Ben Gharbia a également évoqué un gouvernement mort-né.




Le député s'est allié avec Iyed Dahmani (Al Joumhouri), les députés d'Al Moubadara, les 3 élus du Mouvement du peuple et des indépendants (dont Adnene Hajji) pour former un groupe parlementaire composé d'environ 12 députés. Si ce groupe n'a pas encore annoncé de position commune, il est peu probable que ses représentants donnent leur accord à la composition gouvernementale actuelle.

Le nombre de voix dissidentes dépasse ainsi celles qui soutiennent la démarche de Habib Essid. Ce dernier aurait eu toutes les chances d'être officiellement et publiquement désavoué si la séance plénière n'avait pas été reportée.

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