Interview de "Labess" interdite, Naoufel Ouertani: "Nous acceptons la décision même si elle est injuste"

Après le parquet tunisien, c'était au tour de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HAICA) d'interdire samedi la diffusion de l'interview télévisée d'un policier, Kamel Mraihi, faisant "une justification de la torture". L'animateur de l'émission, Naoufel Ouertani, a déploré le fait que l'interdiction s'est faite avant la diffusion de l'émission, sur la base d'une bande-annonce.

Une partie du talk show "Labesss" a été interdite samedi par la HAICA avant même sa diffusion, "avec effet immédiat".

"La bande annonce de l'émission comportait des déclarations d'un agent de sécurité par lesquelles il se vante d'avoir torturé plusieurs prisonnier politiques islamistes et de gauche. Cela en présence d'une personne présentée comme un ancien détenu qui a subi la torture de la part de ce même agent de sécurité".

Cette partie, serait "en violation de la loi" et ne respecterait pas "les conventions et traités internationaux relatifs aux droits de l’Homme et aux libertés publiques", selon le communiqué de la HAICA..

La séquence comporterait également, selon l'instance, "une justification de la torture, risquant de provoquer des souffrances morales sur ceux qui l'avaient subie".

Plusieurs personnalités se sont exprimées contre la diffusion de ce genre d'entretien, comme le blogueur Haythem El Mekki. Pour lui, on ne peut pas invoquer la liberté d'expression lorsqu'il y a "apologie de la torture":

Il n'y a pas de "liberté" qui tienne pour faire l'apologie (ou l'incitation à) du crime, du terrorisme, de la torture. Go back to school.

— Haythem El Mekki (@ByLasKo) 17 Janvier 2015

L'animateur de Al-Hiwar Ettounsi, Hamza Belloumi a en revanche défendu la diffusion de cet entretien:

"Où allons-nous avec cette surveillance à l'avance des contenus des émissions? Pourquoi des institutions de l'Etat censées protéger la liberté, deviennent-elles un frein à cette liberté?", s'est-il interrogé.

جميل جدا ما يحصل... حرية الصحافة على الطريق الصحيح. أمني يعترف بالتعذيب ويتصالح مع من عذب يوقف عن العمل ويفتح فيه... http://t.co/GZDkXg6cvQ

— Hamza BELLOUMI (@HamzaBELLOUMI) 17 Janvier 2015

Naoufel Ouertani: "Nous acceptons la décision même si elle est injuste"

Naoufel Ourtani, s'est exprimé sur Mosaique FM, déplorant le fait que l'émission a été jugée avant d'être diffusée:

"La bande-annonce est une forme de manipulation, c'est un montage qui vise à rendre l'émission sensationnelle. Mais les avis ont été précipités. Tout le monde a jugé l'émission à travers une bande-annonce".

"Kamel Mraihi n'a pas avoué qu'il a pratiqué la torture. Et même l'ancien prisonnier appartenant à Ennahdha a affirmé qu'il est venu pour rendre hommage à Kamel Mraihi parce qu'il avait eu une bonne relation avec lui", a-t-il affirmé.

L'animateur a assuré que Kamel Mraihi est un ami du détenu d'Ennahdha:

L'interview raconte plutôt l'histoire de deux amis qui ont fait connaissance dans des condition étranges: l'un était policier et l'autre prisonnier. L'émission était un exemple de tolérance pour la justice transitionnelle. Nous trouvons étrange que la HAICA et la parquet aient interdit l'émission avant même de l'avoir visionnée. Nous acceptons la décision même si elle est injuste", a-t-il ajouté.

Cette interdiction avant la diffusion de l'émission est basée, selon la HAICA, sur le contenu d'une bande annonce diffusée par la chaîne à partir du 16 janvier. Elle est justifiée par l'instance comme étant "une intervention urgente, d'après des données sûres, pour éviter de graves préjudices".

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