Si tous les gouvernements et grands médias d'Amérique latine ont fermement condamné l'attentat contre Charlie Hebdo à Paris, de nombreuses voix s'élèvent aussi pour regretter que cet hebdomadaire ait reproduit des images jugées "offensantes", dans une région où les caricatures sont généralement moins mordantes.
Ainsi, pendant que les réactions officielles de solidarité se succédaient, par exemple du Brésil et du Mexique, dans les réseaux sociaux, les blogs ou les éditoriaux de certains journaux, le hashtag #YoNoSoyCharlie ("Je ne suis pas Charlie") est apparu, avec comme argument qu'on ne peut pas tout dire.
"Énerver un ennemi fanatique avec des mots et des images fortement offensantes, en plein conflit international, ne semble pas l'attitude la plus prudente ni la plus intelligente", a relevé la linguiste argentine Ivonne Bordelois dans sa chronique pour le journal La Nacion, que le palais présidentiel lui-même a ensuite reprise sur Twitter.
Plus directe encore, la ministre de la Communication de Bolivie, Amanda Davila, a écrit sur le même réseau social : "Fanatisme raciste contre les islamistes, xénophobie et droite des cavernes dans les caricatures de #CharlieHebdo, mais en aucun cas une justification pour un massacre".
Il est vrai qu'en Amérique latine, il n'existe pas de revues publiant des caricatures aussi provocantes que celles de Charlie Hebdo. Dans la majorité des pays latino-américains, cela ne serait pas accepté culturellement.
Et "la grande question, c'est qui oserait financer (un journal comme Charlie Hebdo, ndlr) avec de la publicité", face à "l'autocensure de la gauche hégémonique" dans le sous-continent, souligne Luciano Alvarez, ex-directeur de communication de l'Université catholique d'Uruguay.
Pourtant, ces derniers jours, les caricaturistes les plus célèbres de la région ont soutenu le slogan "Yo Soy Charlie" ("Je suis Charlie").
"Il y a des gens qui se sentent offensés quand on fait des blagues sur quelque chose de très sérieux pour eux. J'ai moi-même fait des dessins sur la religion qui ont beaucoup énervé. Certains ont une sensibilité exagérée", a estimé le dessinateur argentin Quino, le père de Mafalda.
Mais cette solidarité se heurte aussi à un sentiment largement répandu dans cette partie du monde : l'antiaméricanisme.
"La France colonialiste"
"En Amérique latine l'anti-impérialisme s'est installé avec force, depuis longtemps", explique à l'AFP Carlos Malamud, spécialiste de la région à l'institut d'études espagnol Real Elcano.
L'expert souligne que les gouvernements de Cuba, d'Argentine, du Venezuela et d'Équateur - des pays où les médias sont soumis à des lois strictes - ont soigneusement évité de mentionner la liberté de la presse dans leurs condoléances officielles.
A l'inverse, au Brésil, au Mexique, en Colombie et au Pérou, le courant de pensée #YoNoSoyCharlie est "plus marginal", observe-t-il.
Un rassemblement de solidarité avec le journal français a d'ailleurs été organisé mercredi à Bogota, avec le soutien des autorités locales, comme cela a été le cas dans plusieurs autres capitales de la région.
Parmi les voix critiques en Amérique latine, certaines ont évoqué le passé colonial de la France, ainsi que ses interventions militaires en Afrique et au Moyen-Orient, pour remettre l'attentat en perspective.
D'autres ont réclamé le même traitement médiatique de l'attentat français et d'autres actes de violence, comme les attaques des islamistes de Boko Haram au Nigeria.
Dans le journal officiel cubain Granma, Elson Concepcion Pérez a ainsi appelé à condamner aussi fermement "les actes terroristes dans les nations européennes et africaines".
"Tous contre l’extrémisme et le terrorisme", a déclaré le président équatorien Rafael Correa dans son message aux Français, avant d'ajouter : "on dirait un cauchemar ce qui se passe en France, au Pakistan, au Nigeria".
Ainsi, pendant que les réactions officielles de solidarité se succédaient, par exemple du Brésil et du Mexique, dans les réseaux sociaux, les blogs ou les éditoriaux de certains journaux, le hashtag #YoNoSoyCharlie ("Je ne suis pas Charlie") est apparu, avec comme argument qu'on ne peut pas tout dire.
"Énerver un ennemi fanatique avec des mots et des images fortement offensantes, en plein conflit international, ne semble pas l'attitude la plus prudente ni la plus intelligente", a relevé la linguiste argentine Ivonne Bordelois dans sa chronique pour le journal La Nacion, que le palais présidentiel lui-même a ensuite reprise sur Twitter.
Plus directe encore, la ministre de la Communication de Bolivie, Amanda Davila, a écrit sur le même réseau social : "Fanatisme raciste contre les islamistes, xénophobie et droite des cavernes dans les caricatures de #CharlieHebdo, mais en aucun cas une justification pour un massacre".
Il est vrai qu'en Amérique latine, il n'existe pas de revues publiant des caricatures aussi provocantes que celles de Charlie Hebdo. Dans la majorité des pays latino-américains, cela ne serait pas accepté culturellement.
Et "la grande question, c'est qui oserait financer (un journal comme Charlie Hebdo, ndlr) avec de la publicité", face à "l'autocensure de la gauche hégémonique" dans le sous-continent, souligne Luciano Alvarez, ex-directeur de communication de l'Université catholique d'Uruguay.
Pourtant, ces derniers jours, les caricaturistes les plus célèbres de la région ont soutenu le slogan "Yo Soy Charlie" ("Je suis Charlie").
"Il y a des gens qui se sentent offensés quand on fait des blagues sur quelque chose de très sérieux pour eux. J'ai moi-même fait des dessins sur la religion qui ont beaucoup énervé. Certains ont une sensibilité exagérée", a estimé le dessinateur argentin Quino, le père de Mafalda.
Mais cette solidarité se heurte aussi à un sentiment largement répandu dans cette partie du monde : l'antiaméricanisme.
"La France colonialiste"
"En Amérique latine l'anti-impérialisme s'est installé avec force, depuis longtemps", explique à l'AFP Carlos Malamud, spécialiste de la région à l'institut d'études espagnol Real Elcano.
"Et cette idée va de pair avec une espèce d'antieuropéisme et d'antioccidentalisme dans certains cas : l'idée que l'ennemi, ce n'est pas seulement les États-Unis, mais aussi l'Occident", ajoute-t-il.
L'expert souligne que les gouvernements de Cuba, d'Argentine, du Venezuela et d'Équateur - des pays où les médias sont soumis à des lois strictes - ont soigneusement évité de mentionner la liberté de la presse dans leurs condoléances officielles.
A l'inverse, au Brésil, au Mexique, en Colombie et au Pérou, le courant de pensée #YoNoSoyCharlie est "plus marginal", observe-t-il.
Un rassemblement de solidarité avec le journal français a d'ailleurs été organisé mercredi à Bogota, avec le soutien des autorités locales, comme cela a été le cas dans plusieurs autres capitales de la région.
Parmi les voix critiques en Amérique latine, certaines ont évoqué le passé colonial de la France, ainsi que ses interventions militaires en Afrique et au Moyen-Orient, pour remettre l'attentat en perspective.
"La France colonialiste qui a laissé des milliers de petits pays dans la ruine n'a pas l'autorité morale pour parler de terrorisme criminel, demandez-le aux Algériens, aux Haïtiens et à ses dizaines de colonies", a réagi Hebe de Bonafini, responsable des Mères de la place de mai, sur la page internet de cette ONG qui recherche les bébés volés sous la dictature argentine.
D'autres ont réclamé le même traitement médiatique de l'attentat français et d'autres actes de violence, comme les attaques des islamistes de Boko Haram au Nigeria.
Dans le journal officiel cubain Granma, Elson Concepcion Pérez a ainsi appelé à condamner aussi fermement "les actes terroristes dans les nations européennes et africaines".
"Tous contre l’extrémisme et le terrorisme", a déclaré le président équatorien Rafael Correa dans son message aux Français, avant d'ajouter : "on dirait un cauchemar ce qui se passe en France, au Pakistan, au Nigeria".
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