INTERVIEW – L’interdiction de diffuser le dernier film de Ridley Scott, Exodus, au Maroc, continue de faire polémique. Critiquée par certains, applaudie par d’autres, la décision pourrait en fait ne pas être définitive, selon le président du Centre cinématographique marocain (CCM), en pourparlers depuis deux jours avec la Fox et Ridley Scott.
HuffPost Maroc : Qui a décidé d’interdire la sortie d’Exodus ?
Sarim Fassi Fihri: C’est la commission chargée de visionner les films avant leur diffusion. Parmi ses différents membres, le représentant du ministère de la communication a émis une réserve après le premier visionnage du film, le 19 décembre. Nous avons donc convoqué la commission pour un deuxième visionnage, une semaine plus tard.
Entre temps, le distributeur a demandé l’exploitation pour le 24 décembre. En attendant le deuxième visionnage, on a demandé aux salles de temporiser: ce qui veut dire qu’on leur a laissé le choix de programmer ou non le film. Nous n’avons envoyé aucune délégation ni menacé personne, comme j’ai pu le lire dans la presse. La preuve, c’est que le Colisée à Marrakech a préféré continuer à programmer le film et on ne leur a rien dit.
Pourquoi le film a-t-il été interdit ?
Le film a été revu par la commission le 26 décembre, qui a décidé de retirer le visa car il y a une personnalisation de Dieu, ce qui est interdit en islam. J’ai eu un échange avec la Fox, et cette question a même été posée aux Etats-Unis par des associations chrétiennes et juives. Mais chez les musulmans, on ne peut pas laisser passer cela. Il y a une scène de 7 secondes où Moïse rencontre un enfant à qui il demande "qui es-tu?" et ce dernier répond: "I am"(je suis). Dans la culture hébraïque, cela veut dire qu’il est dieu.
Cette décision a été vivement critiquée. Pourriez-vous revenir dessus ?
La Fox a compris le problème, elle est en train d’essayer de trouver une solution à cela. L’interdiction n’est pas définitive. Il y a encore un appel, et je pourrais, dans les prochains jours, convoquer à nouveau la commission pour visionner le film une troisième fois, une fois que la Fox aura trouvé une solution. Le film pourrait alors être diffusé.
Dans ce cas-là, la scène serait coupée ?
Cela dépend. Ce n’est pas à nous de décider mais à Ridley Scott et à la Fox. Est-ce qu’ils vont couper l’image? Le son? La séquence? Cela concernerait bien sûr seulement la diffusion au Maroc. Les autres pays arabes qui l’ont interdit ont invoqué d’autres raisons.
Beaucoup de Marocains se sont insurgés contre cette interdiction. Que leur répondez-vous ?
Tout le monde comprend que le film n’est pas une réalité historique, mais une œuvre de fiction. Mais il y a des lois, il y a une Constitution et une commission indépendante. Les Marocains peuvent s’exprimer et c’est tant mieux. Mais bien souvent, ils ne connaissent pas les textes et les lois. Ils représentent aussi une minorité. Si on l’avait diffusé tel quel, personne ne sait comment la majorité des Marocains aurait réagi. Un principe de précaution a été appliqué. Tout a été fait dans les règles, par la commission, et non sur la seule décision d’un directeur.
Auriez-vous fait passer le film ?
J’ai un devoir de réserve sur cette question. La commission travaille avec le CCM. Tout le poids de la responsabilité de passer un film ou non repose sur leurs épaules, et ce n’est pas toujours évident.
HuffPost Maroc : Qui a décidé d’interdire la sortie d’Exodus ?
Sarim Fassi Fihri: C’est la commission chargée de visionner les films avant leur diffusion. Parmi ses différents membres, le représentant du ministère de la communication a émis une réserve après le premier visionnage du film, le 19 décembre. Nous avons donc convoqué la commission pour un deuxième visionnage, une semaine plus tard.
Entre temps, le distributeur a demandé l’exploitation pour le 24 décembre. En attendant le deuxième visionnage, on a demandé aux salles de temporiser: ce qui veut dire qu’on leur a laissé le choix de programmer ou non le film. Nous n’avons envoyé aucune délégation ni menacé personne, comme j’ai pu le lire dans la presse. La preuve, c’est que le Colisée à Marrakech a préféré continuer à programmer le film et on ne leur a rien dit.
Pourquoi le film a-t-il été interdit ?
Le film a été revu par la commission le 26 décembre, qui a décidé de retirer le visa car il y a une personnalisation de Dieu, ce qui est interdit en islam. J’ai eu un échange avec la Fox, et cette question a même été posée aux Etats-Unis par des associations chrétiennes et juives. Mais chez les musulmans, on ne peut pas laisser passer cela. Il y a une scène de 7 secondes où Moïse rencontre un enfant à qui il demande "qui es-tu?" et ce dernier répond: "I am"(je suis). Dans la culture hébraïque, cela veut dire qu’il est dieu.
Cette décision a été vivement critiquée. Pourriez-vous revenir dessus ?
La Fox a compris le problème, elle est en train d’essayer de trouver une solution à cela. L’interdiction n’est pas définitive. Il y a encore un appel, et je pourrais, dans les prochains jours, convoquer à nouveau la commission pour visionner le film une troisième fois, une fois que la Fox aura trouvé une solution. Le film pourrait alors être diffusé.
Dans ce cas-là, la scène serait coupée ?
Cela dépend. Ce n’est pas à nous de décider mais à Ridley Scott et à la Fox. Est-ce qu’ils vont couper l’image? Le son? La séquence? Cela concernerait bien sûr seulement la diffusion au Maroc. Les autres pays arabes qui l’ont interdit ont invoqué d’autres raisons.
Beaucoup de Marocains se sont insurgés contre cette interdiction. Que leur répondez-vous ?
Tout le monde comprend que le film n’est pas une réalité historique, mais une œuvre de fiction. Mais il y a des lois, il y a une Constitution et une commission indépendante. Les Marocains peuvent s’exprimer et c’est tant mieux. Mais bien souvent, ils ne connaissent pas les textes et les lois. Ils représentent aussi une minorité. Si on l’avait diffusé tel quel, personne ne sait comment la majorité des Marocains aurait réagi. Un principe de précaution a été appliqué. Tout a été fait dans les règles, par la commission, et non sur la seule décision d’un directeur.
Auriez-vous fait passer le film ?
J’ai un devoir de réserve sur cette question. La commission travaille avec le CCM. Tout le poids de la responsabilité de passer un film ou non repose sur leurs épaules, et ce n’est pas toujours évident.
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