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L'Egypte veut-elle contrôler les lectures de ses citoyens? L'affaire du roman "1984" fait réagir sur la toile

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Un étudiant égyptien a été arrêté par la police parce qu'il possédait, entre autres objets, le roman d'anticipation "1984" de George Orwell. Il a été libéré quelques jours plus tard mais l'affaire a provoqué plusieurs commentaires critiques envers le régime égyptien sur la toile ainsi que l'embarras du ministère de l'intérieur.

C'est un article publié par le site Al Masri Al youm (L'Egyptien aujourd'hui) le 9 novembre qui est à l'origine de la polémique.

Il citait un communiqué du ministère de l'Intérieur égyptien annonçant l'arrestation d'un étudiant près de l'Université du Caire:

"L'étudiant avait en sa possession deux téléphones portables sans batterie, 2 clés USB, 2 disques durs, un roman intitulé 1984 de l'écrivain Georges Orwell qui parle des régime militaires corrompus et dictatoriaux qui gouvernent un pays, et un carnet de notes où sont inscrites des notes sur le Califat islamique", indique le ministère.

Cet article dont le titre focalisait sur le roman culte d'Orwell comme motif principal de l'arrestation, a vite été relayé par des médias internationaux. Les lecteurs ont pu voir des titres comme "Un étudiant égyptien arrêté pour possession du roman 1984".

Mais des médias égyptiens ont voulu en savoir plus. Le site Mada Masr a interrogé le responsable de l'unité d'enquête qui a arrêté l'étudiant:

"Aucun d'entre nous ne sait rien de ce roman" a répondu le Général Mahmoud Farouk.

L'individu a été interpellé, d'après lui, parce qu'il filmait des forces de sécurité placées autour de l'Université du Caire et non parce qu'il était en possession de "1984".

Des force de l'ordre qui gardaient cette université ont été dernièrement la cible d'un attentat à la bombe.

Révélations sur la liberté d'expression en Egypte

Cette affaire a révélé que plusieurs personnes ont été approchées ou emprisonnées pour la possession d'objets culturels.

Le blogueur Amr Ezzat a écrit qu'il avait déjà été confronté à un contrôle de police au cours duquel un agent l'a interrogé sur la raison pour laquelle il possédait "L'esprit du terrorisme" de Jean Baudrillard. Lorsque Ezzat a argué que le livre parle du terrorisme en France, l'agent a répondu: "Il nous manquait plus que ça".




Le blog anglophone "Egyptian Chronicles" précise que cette affaire n'est pas la première en son genre. Plusieurs personnes ont été interpellées et arrêtées par la police parce qu'elles portaient des tee-shirts "Contre la torture" ou des pin's en hommage aux victimes des évènement de Rabaa al-Adawiya.

"C'est un régime qui arrête les gens pour des pin's et des tee-shirts, donc je ne suis pas étonné que des gens soient arrêtés parce qu'ils possèdent des livres comme 1984 ou La Ferme des animaux (un autre roman d'Orwell)", peut-on lire sur le blog.

Un membre d'une association égyptienne pour la liberté d'expression a indiqué à Mada Masr que l'exemplaire du roman sera très probablement utilisé comme preuve contre l'étudiant. Selon lui, il y a eu beaucoup de cas d'arrestations d'étudiants simplement parce qu'ils possédaient "des livres qui ne plaisent pas au régime actuel".

Les internautes réagissent, le ministère de l'Intérieur dans l'embarras

Les internautes égyptiens ont livré plusieurs commentaires sarcastiques sur cette affaire. Le sujet central du livre étant une société totalitaire où la pensée est constamment surveillée, Amr Ezzat se demande:

"Est-ce que la sécurité nationale enquêtera sur l'agent de police qui connaissait bien le sujet de "1984"? Et sera-t-il torturé jusqu'à ce qu'il avoue qu'il l'a lu?".




Le blog Egyptian Chronicles préfère voir le bon côté des choses:

"Je remercie vraiment le ministère de l'intérieur parce que (...) 'le roman 1984' sont les mots les plus recherchés en Égypte aujourd'hui, selon les tendances de Google".

Le 11 novembre, le site Al Masri Al Youm a indiqué que l'homme a été libéré. Le général Mohamed Farouk a déclaré qu'après enquête, il s'est avéré que l'étudiant n'était pas présent sur les lieux dans le but de filmer les forces de l'ordre.

"Le ministère de l'intérieur n'arrête personne parce qu'il possède des livres, excepté les livres jihadistes ainsi que les tracts qui incitent à la violence et à l'extrémisme prouvant qu'un individu appartient à une organisation interdite", a-t-il assuré.

La liberté d'expression et les droits de l'Homme se sont détériorés en Egypte, depuis l'accès de Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir. Il a, entre autres, fermé plusieurs médias et mené une sanglante répression contre les Frères musulmans, et leurs partisans.

LIRE AUSSI: Victimes d'une "patriote zélée": Alain Gresh et 2 journalistes égyptiennes retenus pendant deux heures par la police


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