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Burkina Faso : Compaoré annonce qu'il quitte le pouvoir

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Un représentant de l'armée burkinabé a affirmé ce vendredi à la foule que le président Blaise Compaoré "n'est plus au pouvoir", provoquant une explosion de joie parmi les dizaines de milliers de personnes rassemblées dans le centre de Ouagadougou.

"A partir de ce jour, Blaise Compaoré n'est plus au pouvoir", a lancé peu avant 12h30 locales et GMT le colonel Boureima Farta, hissé sur les épaules de militaires. L'officier était venu, à pied et sous escorte, depuis l'état-major des armées, tout proche de la place de la Nation, où les manifestants ont afflué dans la matinée.

Quelques minutes plus tard, Compaoré a annoncé qu'il quittait le pouvoir, après 27 ans à la tête du pays, dans un communiqué lu sur une télévision locale. "Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale (...), je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d'une transition devant aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours", selon le texte du communiqué, lu par une journaliste à l'antenne de la télévision BF1.

Au même instant, l'Union européenne a estimé qu'il "revenait au peuple burkinabé de décider de son avenir", au lendemain d'émeutes contre le régime. "Nous appelons au sens de la responsabilité de toutes les forces politiques, de l'armée et des institutions républicaines ainsi que du peuple burkinabé pour bâtir ensemble un nouvel avenir pour le pays, de façon apaisée, dans le respect des principes démocratiques et de la Constitution", a déclaré un porte-parole du service diplomatique de l'UE.

"Blaise dégage!"

Au lendemain de violentes émeutes contre le régime et de l'annonce par les militaires qu'ils prenaient le contrôle du pays, des dizaines de milliers de manifestants sont à nouveau descendus vendredi matin dans la rue à Ouagadougou.

Massés sur la place de la Nation, devant l'état-major des armées, ils criaient notamment "Blaise dégage!" et "Kouamé Lougué président". Kouamé Lougué, général en retraite, ancien ministre de la Défense limogé en 2003, bénéficie d'un fort capital de sympathie parmi les contestataires.

"Nous sommes en pourparlers avec l'armée pour qu'elle nous garantisse le départ de Compaoré", avait déclaré dans la foule Smokey, un cadre du 'Balai citoyen', un mouvement hostile au maintien au pouvoir de Blaise Compaoré. Pour l'opposition, "toute transition politique à venir doit être conçue, organisée (...) autour des forces de la société civile, et intégrer toutes les composantes de la nation (...), y compris l'armée", selon une déclaration lors d'un point de presse dans la matinée.

L'opposition avait appelé dans la matinée "à maintenir la pression en occupant l'espace public", selon un de ses principaux responsables, Zéphirin Diabré. "Le préalable à toute discussion relative à toute transition politique est le départ pur et simple et sans condition de M. Blaise Compaoré", avait-il insisté lors d'un point de presse dans la matinée.

Printemps burkinabè

C'est l'annonce d'un projet de révision constitutionnelle, qui aurait permis à Blaise Compaoré - arrivée au pouvoir lors d'un putsch en 1987, élu pour deux septennats puis deux quinquennats - de se représenter à la présidentielle en 2015, qui a jeté des centaines de milliers de Burkinabè refusant un "président à vie" dans la rue.

Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président: le Burkina s'est enflammé jeudi. Cette crise a provoqué l'intervention des militaires, puis du président Compaoré dans la nuit, créant la confusion.

Le chef d'état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, dans un communiqué lu par un officier, a annoncé la création d'un "organe de transition", chargé des pouvoirs exécutifs et législatifs, dont l'objectif est un retour à l'ordre constitutionnel "dans un délai de douze mois".

Le président Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1987, s'était ensuite exprimé sur une télévision privée dans la nuit, assurant avoir "compris" le message de la population mais excluant toute démission.

Il évoquait simplement sa disponibilité pour "ouvrir des pourparlers" pour "une période de transition" à l'issue de laquelle il "(transmettra) le pouvoir au président démocratiquement élu".

Le bilan des troubles reste pour le moment incertain. Deux opposants ont fait état d'une trentaine de morts et plus de 100 blessés. L'AFP n'a pu confirmer que quatre morts et six blessés graves dans la capitale.

Les opposants se prenaient ces derniers jours à rêver d'un renversement du régime, longtemps considéré comme l'un des plus stables de la région.

Un "printemps noir au Burkina Faso, à l'image du printemps arabe", lançait mercredi l'opposant Emile Pargui Paré, au lendemain de manifestations monstres qui avaient vu des centaines de milliers de personnes - un million, selon l'opposition - descendre dans la rue à Ouagadougou pour dénoncer un "coup d'Etat constitutionnel".

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De la contestation à la démission

Voici un rappel des événements au Burkina Faso depuis la manifestation monstre mardi contre un projet de révision constitutionnelle censée permettre le maintien au pouvoir de Blaise Compaoré, jusqu'à l'annonce vendredi qu'il quittait ses fonctions, après 27 ans à la tête du pays/

MARDI 28 OCTOBRE 2014

Des centaines de milliers de Burkinabè descendent dans la rue pour dénoncer le projet de révision constitutionnelle, qualifié de "coup d'Etat constitutionnel". La marche organisée à Ouagadougou, d'une ampleur exceptionnelle en Afrique subsaharienne, rassemble "un million" de personnes, selon l'opposition.

Des affrontements opposent des centaines de manifestants munis de pierres et de barres de fer aux forces de l'ordre répliquant avec des gaz lacrymogènes.

Le pays a basculé dans la crise avec l'annonce, le 21 octobre, d'un projet de révision constitutionnelle portant de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.

MERCREDI 29 OCTOBRE

Plusieurs milliers de Burkinabè manifestent dans le calme à Ouagadougou qui retrouve sa normalité, avec commerces rouverts et routes davantage fréquentées, mais moins que d'habitude. Le mot d'ordre de "grève générale" est faiblement suivi.

Un responsable de l'opposition appelle à un "printemps noir" contre le régime, sur le modèle du printemps arabe, et à une "marche sur l'assemblée" le 30 octobre.

JEUDI 30 OCTOBRE

Le Burkina s'enflamme: un millier de manifestants incendient l'Assemblée nationale et plusieurs centaines de personnes prennent d'assaut la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). Des troubles sont signalés à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays (sud-ouest). Le régime annonce l'annulation du vote du projet de révision constitutionnelle, prévu ce jour.

Mais un des leaders de l'opposition, Bénéwendé Sankara, déclare que l'armée s'est "soudée avec le peuple". "L'opposition demande la démission pure et simple du président Blaise Compaoré", dit-il. Le général en retraite Kouamé Lougué, à qui les manifestants ont demandé de prendre le pouvoir, rencontre les plus hauts gradés du pays.

En début de soirée, un communiqué du chef d'état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, annonce la création d'un "organe de transition", chargé des pouvoirs exécutifs et législatifs, dont l'objectif est un retour à l'ordre constitutionnel "dans un délai de douze mois". L'armée instaure un couvre-feu de 19H00 à 06H00.

Dans la nuit, le président Compaoré déclare avoir "compris" le message de la population. Il n'évoque toutefois pas une éventuelle démission, se disant "disponible" pour "ouvrir des pourparlers" pour "une période de transition" à l'issue de laquelle il "(transmettra) le pouvoir au président démocratiquement élu".

VENDREDI 31 OCTOBRE

L'opposition "appelle le peuple à maintenir la pression en occupant l'espace public", selon l'un de ses principaux responsables, Zéphirin Diabré. "Le préalable à toute discussion relative à toute transition politique est le départ pur et simple et sans condition de M. Blaise Compaoré", dit-il.

Des dizaines de milliers de manifestants descendent dans la rue à Ouagadougou, criant notamment "Blaise dégage!" et "Kouamé Lougué président".

Le président français François Hollande souhaite que le président Compaoré prenne "les bonnes décisions" pour contribuer à l'apaisement. L'Union européenne estime qu'il "revient au peuple burkinabè de décider de son avenir".

Le président Compaoré annonce qu'il quitte le pouvoir et souhaite des élections "libres et transparentes" sous 90 jours, dans un communiqué lu sur une télévision locale.

Selon deux opposants, les troubles ont fait une trentaine de morts et plus de 100 blessés. L'AFP n'a pu confirmer que quatre morts et six blessés graves dans la capitale.

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