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Les élections au Brésil expliquées par le Brazil Post

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Jour de vote au Brésil. Plus de 142,8 millions d'électeurs de la République fédérale sont appelés dimanche 5 octobre aux urnes pour élire un président, 27 gouverneurs, 513 députés nationaux, 1.069 députés fédéraux, et 27 sénateurs.

Pour comprendre les enjeux du scrutin qui va charpenter pour les quatre prochaines années la septième économie mondiale, Le HuffPost France a demandé ses éclairages à la rédaction du Brazil Post.


Les thèmes de la campagne

La croissance a presque cessé au Brésil au cours des derniers mois (entre 0,29 et 0,9 en 2014 selon les estimations) et l'investissement reste très faible. L'inflation a en revanche dépassé le seuil officiel de tolérance (6,5%).

L'opposition accuse ainsi la présidente sortante Dilma Rousseff de bloquer le potentiel du pays avec de mauvais choix en matière de politique économique (contrôle des prix, hausse des dépenses) et en entretenant de mauvais rapports avec le secteur privé. Celle que les Brésiliens appellent "Dilma" -élue en 2010, elle était auparavant ministre puis chef de Cabinet de son prédécesseur Lula- se défend en invoquant un contexte international dégradé et en assurant qu'elle a créé les bases d'un nouveau cycle de croissance. Elle promet toutefois de mener une réforme fiscale et de continuer à augmenter le salaire minimum. Elle avance que le Brésil a été l'un des seuls pays du monde à avoir traversé la crise économique en créant des emplois et se prévaut d'un taux de chômage historiquement bas (4,9%).

Face à ses adversaires, Dilma Roussef joue la carte de la continuité. Si elle a concédé quelques échecs à mots couverts et évoque des ajustements nécessaires (comme se séparer de son critiqué ministre de l'Économie Guido Mantega), elle résume son programme à un slogan: "Plus de changement pour plus d'avenir".

Autre sujet majeur de cette campagne: La compagnie pétrolière Petrobras. Des enquêtes pour mauvaise gestion et corruption impliquant des parlementaires de la majorité sont en cours. L'opposition accuse le PT (Parti des Travailleurs, au pouvoir depuis douze ans, et dont Dilma Roussef est la candidate) d'utiliser Petrobras à des fins politiques et de détruire cette entreprise chère aux Brésiliens. Comme à leur habitude, le PT et Dilma Rousseff accusent en retour l'opposition de vouloir "sournoisement" privatiser l'entreprise, dont l'État brésilien détient environ un tiers des parts (mais plus de la moitié des droits de vote).

D'autres questions importantes comme l'éducation, la santé, ou la qualité des services publics, sont restées au second plan. C'est pourtant pour demander plus d'écoles, plus d’hôpitaux ou de meilleurs transports en commun que des millions de Brésiliens avaient manifesté dès mars 2013 et jusqu'à la veille du Mondial 2014.


Les programmes

(Suite de l'article sous le diaporama)



Le fait marquant

La campagne a été marquée par un événement dramatique au début du mois d'août. Comme au cours des cinq dernières élections présidentielles, les deux principaux candidats (Dilma Rousseff et Aecio Neves) étaient issus du PT et du PSDB (Parti Social-Démocrate Brésilien, rival historique du PT). Mais un troisième candidat a émergé au début de la campagne: Eduardo Campos, un homme politique jeune, frais et prometteur mais encore peu connu à l'échelle nationale. Il est décédé le 13 août dans un accident d'avion survenu à Santos (sud-est du Brézil). Trois jours de deuil national ont suivi le crash.

Les images du site de l'accident et celles de la foule lors de l'enterrement à Recife (centre-est du Brésil) ont marqué les esprits. Tous les candidats et la plupart des responsables politiques de premier plan avaient fait le déplacement, y compris Lula. Marina Silva, sa colistière, était en permanence à côté du cercueil et de la veuve, et deux jours plus tard, elle était confirmée comme candidate du PSB, le Parti Socialiste Brésilien, une autre gauche que celle représentée par Dilma.

Arrivée troisième à l'élection présidentielle de 2010 pour le Parti vert du Brésil avec près de 20 millions de votes, Marina Silva a tenté en 2013 de créer un nouveau parti pour porter sa propre candidature mais a échoué à réunir les signatures nécessaires et décidé de soutenir Eduardo Campos. Après sa mort, elle a fait une irruption spectaculaire dans la campagne et profité de la popularité du défunt, comptant dans les sondages jusqu'à 10 points d'avance sur Dilma Rousseff en cas de second tour et reléguant Aecio Neves à la troisième place.

Les images des funérailles d'Eduardo Campos:




Le favori

Depuis Marina Silva a perdu son avant et Dilma Rousseff est largement en tête des intentions de vote. Le suspens réside dans le fait de savoir si elle sera élue dès le premier tour ou non. Et en cas de second tour, de savoir qui de Aecio Neves ou Marine Silva fera face à la présidente sortante.

Au Brésil, un candidat est élu au premier tour s'il obtient la majorité absolue: Les votes blancs et nuls étant comptabilisés, il ne faut pas nécessairement franchir la barre des 50% pour être élu au premier tour, mais recueillir plus de voix que tous ses adversaires réunis.

Le vote est obligatoire pour les citoyens de 18 à 70 ans et facultatif de 16 à 18 ans et pour les plus de 70 ans.



L'ambiance

Les mouvements sociaux des derniers mois ont durablement entamé la popularité de toute la classe politique brésilienne et il apparaît qu'aucun des candidats n'a été en mesure de galvaniser ce mécontentement. Ni passion collective ni enthousiasme donc. Présentée comme la "nouvelle Obama" car afro-brésilienne, Marina Silva a un temps semblé en mesure de surfer la vague mais le soufflet est assez rapidement retombé.

Si l'écologiste se qualifie au second tour (les derniers sondages ne sont pas optimistes), c'est deux femmes de centre-gauche aux personnalités opposées que les Brésiliens devront départager. Dilma, blanche de classe moyenne considérée comme honnête mais autoritaire, face à Marina, afro-descendante née dans la pauvreté, alphabétisée à 16 ans, parcours original. Des différences que les deux femmes ont déjà pu mesurer entre 2003 et 2008 durant le 1er mandat de Lula, quand la ministre de l'Environnement Marina a démissionné pour une série de désaccords avec Dilma, alors chef de cabinet du président brésilien.

En revanche, si Aecio Neves passe le premier tour, un duel bien connu des Brésiliens se jouera entre le PT, qui a en partie réussi à réduire les inégalités et à faire baisser la pauvreté, et le PSBD, fort de ses succès contre l'inflation durant les années 90.

Seuls trois des onze candidats ont une chance d'accéder au second tour, certains des candidats les plus modestes misent sur un ton décalé et une communication plus ou moins contrôlée pour tenter de dépasser la barre des 1%. Regardez ci-dessous ces publicités télévisées déroutantes compilées par le Brazil Post.

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