L'ensemble du corps médical poursuit son mouvement de protestation contre le projet de loi prévoyant l'instauration d'un service obligatoire de trois ans.
Après la grève du vendredi 3 janvier, une marche a eu lieu ce mardi 7 janvier pour que le projet de loi soit définitivement rejeté.
Lors de la manifestation de vendredi, Dr Chokri Kaddour, professeur en anesthésie et réanimation, avait été agressé lors de son arrivée au ministère de la Santé. Cette attaque avait bouleversé les jeunes médecins sur place, qui ont décidé de boycotter tous les examens en cours, de déserter les hôpitaux jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé (les urgences étant par ailleurs assurées) et d'organiser un sit-in ouvert à la faculté de médecine de Tunis.
"Il est en faveur d'un élargissement du mouvement de grève, il voulait y inclure tous les enseignants universitaires, c'est pour cela qu'il a été agressé" avait déclaré une jeune manifestante peu après l'agression du professeur.
Ce mardi, plusieurs milliers de médecins et de jeunes dentistes en blouse blanche venus de Tunis, Monastir, Sousse et Sfax se sont rassemblés à la faculté de médecine et ont manifesté devant le ministère de la Santé. Ils ont ensuite marché jusqu'au siège de l'Assemblée nationale constituante pour revendiquer l'annulation du projet de loi 38.
"C'est aujourd'hui que le projet de loi doit être éliminé", "oui à la santé publique non au travail obligatoire", "système de santé en galère, médecins et patients en colère", scandaient les manifestants encadrés par un dispositif policier important, rapporte l'AFP.
Le mouvement a également pris de l'ampleur sur les réseaux sociaux. Le hashtag #occupy38 a été créé pour l'occasion et plusieurs manifestants du milieu médical affichent un logo sur leur profil Facebook en signe de ralliement au mouvement. Une main y brandit un stéthoscope:
Le projet de loi prévoit l'instauration d'un service obligatoire de trois ans dans des services hospitaliers pour les médecins spécialistes souhaitant s'installer dans le secteur privé. Les affectations suivant le besoin, ils seraient principalement dirigés vers les régions de l'intérieur.
Le projet concerne autant les médecins en devenir que les résidents actuels et les assistants, déjà spécialisés.
Contactée par le HuffPost Maghreb, Khouloud Mannai, une étudiante qui vient de passer son concours de résidanat et responsable de la communication au sein Syndicat des Internes et des Résidents en Médecine de Tunis (SIRT), a qualifiée la journée d'"historique pour l'ensemble du corps médical tunisien".
Elle affirme en effet que la totalité des étudiants sont "d'accord pour aller dans les régions intérieures", le problème résidant plutôt dans le concept de travail obligatoire et imposé.
Dans cette lutte, qui remonte selon Khouloud à avril dernier, les étudiants auraient cherché le dialogue avec le ministère afin de plancher sur une vaste réforme de la santé. Mais le ministère a fait la sourde oreille, affirme-t-elle.
Ils continueront à se mobiliser jusqu'à l'abolition du projet. "Et jusqu'à ce que le dialogue soit enfin établi avec l'ensemble du corps médical, si l'on doit organiser une autre marche pour se faire entendre, on le fera", conclut-elle.
Dans le journal La Presse du 27 novembre 2013, Hatem Ghofrane, professeur à la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis a affirmé que le projet allait à l'encontre d'une liberté du travail fondamentalement allergique à l'obligation.
Hatem Ghofrane rappelle que "la Tunisie a ratifié des conventions internationales abolissant toutes les formes de travail forcé.
"Ce Projet de loi sur le service obligatoire pour les médecins spécialistes vient ainsi replonger notre pays dans des difficultés que l’on croyait définitivement résolues, au regard du respect du droit à la liberté du travail et à l’interdiction du travail forcé" précise le professeur.
LIRE AUSSI: Comprendre les revendications des médecins
Le projet de loi (38/2013) en question:
Après la grève du vendredi 3 janvier, une marche a eu lieu ce mardi 7 janvier pour que le projet de loi soit définitivement rejeté.
Lors de la manifestation de vendredi, Dr Chokri Kaddour, professeur en anesthésie et réanimation, avait été agressé lors de son arrivée au ministère de la Santé. Cette attaque avait bouleversé les jeunes médecins sur place, qui ont décidé de boycotter tous les examens en cours, de déserter les hôpitaux jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé (les urgences étant par ailleurs assurées) et d'organiser un sit-in ouvert à la faculté de médecine de Tunis.
"Il est en faveur d'un élargissement du mouvement de grève, il voulait y inclure tous les enseignants universitaires, c'est pour cela qu'il a été agressé" avait déclaré une jeune manifestante peu après l'agression du professeur.
Résidents et internes en Médecine, étudiants en pharmacie et Dentaire, paramédicaux.. TOUS contre la loi de la #TnAC. pic.twitter.com/g8SyZkiSEe
— Amine G. (@HendrixTN) January 7, 2014
Ce mardi, plusieurs milliers de médecins et de jeunes dentistes en blouse blanche venus de Tunis, Monastir, Sousse et Sfax se sont rassemblés à la faculté de médecine et ont manifesté devant le ministère de la Santé. Ils ont ensuite marché jusqu'au siège de l'Assemblée nationale constituante pour revendiquer l'annulation du projet de loi 38.
"C'est aujourd'hui que le projet de loi doit être éliminé", "oui à la santé publique non au travail obligatoire", "système de santé en galère, médecins et patients en colère", scandaient les manifestants encadrés par un dispositif policier important, rapporte l'AFP.
Le mouvement a également pris de l'ampleur sur les réseaux sociaux. Le hashtag #occupy38 a été créé pour l'occasion et plusieurs manifestants du milieu médical affichent un logo sur leur profil Facebook en signe de ralliement au mouvement. Une main y brandit un stéthoscope:
Le projet de loi prévoit l'instauration d'un service obligatoire de trois ans dans des services hospitaliers pour les médecins spécialistes souhaitant s'installer dans le secteur privé. Les affectations suivant le besoin, ils seraient principalement dirigés vers les régions de l'intérieur.
Le projet concerne autant les médecins en devenir que les résidents actuels et les assistants, déjà spécialisés.
Contactée par le HuffPost Maghreb, Khouloud Mannai, une étudiante qui vient de passer son concours de résidanat et responsable de la communication au sein Syndicat des Internes et des Résidents en Médecine de Tunis (SIRT), a qualifiée la journée d'"historique pour l'ensemble du corps médical tunisien".
"Tous, même les paramédicaux, sont venus de partout pour lutter contre ce projet. Cette marche est la plus grande manifestation du corps médical de l'Histoire de la Tunisie. Cela a été fait pour montrer notre solidarité aux régions intérieures et aux citoyens de toute la Tunisie, pour qu'une réforme de la santé soit faite et pour que ce projet soit abandonné" a-t-elle ajouté.
Elle affirme en effet que la totalité des étudiants sont "d'accord pour aller dans les régions intérieures", le problème résidant plutôt dans le concept de travail obligatoire et imposé.
Dans cette lutte, qui remonte selon Khouloud à avril dernier, les étudiants auraient cherché le dialogue avec le ministère afin de plancher sur une vaste réforme de la santé. Mais le ministère a fait la sourde oreille, affirme-t-elle.
Ils continueront à se mobiliser jusqu'à l'abolition du projet. "Et jusqu'à ce que le dialogue soit enfin établi avec l'ensemble du corps médical, si l'on doit organiser une autre marche pour se faire entendre, on le fera", conclut-elle.
Dans le journal La Presse du 27 novembre 2013, Hatem Ghofrane, professeur à la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis a affirmé que le projet allait à l'encontre d'une liberté du travail fondamentalement allergique à l'obligation.
Hatem Ghofrane rappelle que "la Tunisie a ratifié des conventions internationales abolissant toutes les formes de travail forcé.
"Ce Projet de loi sur le service obligatoire pour les médecins spécialistes vient ainsi replonger notre pays dans des difficultés que l’on croyait définitivement résolues, au regard du respect du droit à la liberté du travail et à l’interdiction du travail forcé" précise le professeur.
LIRE AUSSI: Comprendre les revendications des médecins
Le projet de loi (38/2013) en question:
Principaux points du projet de loi, traduits en français: "Avant de s’installer dans le secteur privé, les médecins spécialistes seront dans l’obligation de travailler trois années en alternance dans des services hospitalo-sanitaires ou hospitalo-universitaires dépendant des structures de la santé publique. Ces affectations seront déterminées par le ministère de la Santé selon ses besoins. […] Cette obligation intéresse aussi les assistants hospitalo-universitaires en médecine dont l’ancienneté est inférieure à quatre années. […] Le ministère de la Santé délivrera aux médecins concernés qui auront achevé la durée obligatoire de travail dans le secteur public un certificat à cet effet qui sera une condition pour s’installer dans le secteur libéral en tant que médecin spécialiste".
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