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Quel futur pour les chrétiens d'Irak?

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Encouragés par l'intention de la France de favoriser l'accueil des minorités persécutées par les jihadistes, des milliers de chrétiens irakiens ont demandé l'asile à ce pays mais le chemin pour sortir d'Irak risque d'être long.

Une grande partie de ces déplacés ont trouvé refuge au Kurdistan, souvent installés dans des conditions précaires dans des camps ou des écoles transformées en abris de fortune.

Peu envisagent de rentrer un jour chez eux, à l'image de Salem, originaire de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak dont les jihadistes de l'Etat islamique (EI) ont pris le contrôle début août.

"Je ne veux pas y retourner. Nous avons énormément souffert, nous avons vu la mort. Je veux partir en Europe", explique cet homme, installé dans une école d'Erbil, dans le nord de l'Irak. Il passera d'abord par la Jordanie "en attendant que l'ONU (lui) trouve quelque chose".

D'autres, par milliers, ont déposé des demandes d'asile en France.

Au consulat général d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien où le président français François Hollande est attendu vendredi, on explique enchaîner les entretiens avec les demandeurs d'asile. Impossible toutefois de savoir combien de dossiers doivent être traités, ni sur quels critères, le consul ou ses conseillers n'ayant pas le temps de répondre.

Selon les estimations de l'Association d'entraide aux minorités d'Orient (AEMO), quelque 10.000 chrétiens irakiens ont déposé des dossiers auprès du consulat à Erbil depuis le lancement il y a trois mois de l'offensive des jihadistes de l'EI en Irak.

Ces jihadistes sunnites, également très actifs en Syrie voisine, se sont emparés de pans entiers du pays, notamment de sa deuxième ville, Mossoul, où vivaient de nombreux chrétiens, ou de Qaraqosh, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir.

Selon plusieurs témoignages de réfugiés, les jihadistes obligent les chrétiens à choisir entre la conversion à l'islam ou le paiement d'une taxe, ou menacent de tuer les familles.

Face à cette situation, le gouvernement français a annoncé fin juillet vouloir favoriser l'accueil des minorités persécutées.

Pour l'instant, seule une cinquantaine de chrétiens irakiens a été accueillie en France, selon l'AEMO, qui a réclamé lors d'une conférence de presse au Sénat une accélération du processus.

Certaines associations mettent même en doute la volonté du gouvernement français d'accueillir ces déplacés. Eve Shahshahani, responsable des programmes d'asile de l'Association chrétienne contre la torture (ACAT), jointe au téléphone, craint ainsi un "effet d'annonce". "Nous sommes heureux" pour les "40 personnes (accueillies) devant les caméras il y a quelques semaines" par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius "mais depuis nous n'en avons pas vu beaucoup d'autres", souligne-t-elle.


Un Irak sans chrétiens ?


Pour Faraj Benoît Camurat, de l'ONG Fraternité en Irak, la France ne pourra de toute façon "pas accueillir 10.000 réfugiés". Soulignant que "des dizaines de milliers de familles ont quitté leurs foyers", il plaide pour une "intensification de l'aide humanitaire" afin "que ces personnes puissent rentrer dans leurs villages avant l'hiver".

La question de l'exil des chrétiens est d'ailleurs sensible. Si de nombreuses associations, et plusieurs hommes politiques français, de gauche ou de l'opposition, ont appelé à aider la minorité chrétienne, la perspective de voir l'Irak vierge de tout chrétien inquiète.

Le nombre d'Irakiens de confession chrétienne en Irak a déjà fortement chuté depuis l'invasion américaine de 2003 et les violences meurtrières qui s'en sont suivies.

Avant 2003, plus d'un million de chrétiens vivaient dans le le pays, dont plus de 600.000 à Bagdad, 60.000 à Mossoul, mais également dans la ville pétrolière de Kirkouk (nord) et dans la cité méridionale de Bassora. Ils n'étaient plus fin juillet qu'environ 400.000 sur l'ensemble du territoire.

Et plusieurs responsables associatifs ont fait part de leurs craintes qu'un exil total de la communauté chrétienne ne fasse le jeu des jihadistes, qui mènent un "nettoyage ethnique et religieux" dans les territoires qu'ils contrôlent, selon l'ONU.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait d'ailleurs souligné mi-août que la volonté de la France était d'abord de permettre que les minorités puissent continuer à vivre en Irak.

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