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Premier jour des débats sur la Constitution: Un bon début pour une fin chaotique!

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Non respect du Règlement intérieur, désaccords sur la méthodologie, référence à la Méditerranée ou encore au sionisme, le premier jour des débats sur la Constitution a été pour le moins chaotique, malgré un bon début...

"Sur la base des enseignements de l'Islam", une question réglée

Dans la matinée, avant la pause déjeuner et prière et sous les feux des projecteurs nationaux et internationaux, les discussions et les votes se sont déroulés sans entrave.

Les élus ont adopté rapidement les trois premiers paragraphes du Préambule, rejetant la quasi-totalité des amendements proposés.

Seul changement notable, celui du troisième paragraphe. Ce paragraphe énonçait en effet que la Constitution se basait "sur les enseignements de l'Islam". Cette formulation avait créé une forte polémique, au moment de son adoption en commission, laissant planer le danger d'une législation suivant les préceptes de la charia islamique.

La formulation a donc été modifiée selon les accords de la commission des consensus, devenant: "Exprimant l'attachement de notre peuple aux enseignements de l'Islam".

Le "dégage" de Mabrouka Mbarek

Plus anecdotique, la députée Mabrouka Mbarek (CPR) a fait une intervention remarquée lors de cette séance matinale. Voulant exprimer son regret de ne pas retrouver l'âme de la révolution dans le Préambule de la Constitution, elle a évoqué le mot "dégage" et sa musicalité.

"Les gens se demandent pourquoi le mot de la révolution est un mot français. Ils n'ont pas compris que ce n'est pas la langue utilisée qui compte ici, mais le rythme. En français, le mot dégage insiste sur le "dé", alors que les Tunisiens le disent d'une autre manière. Dégage, dégage, dégage (insistant sur la seconde syllabe)... Pa-pam, pa-pam, pa-pam... Comme le son des battements du coeur".




Une après-midi mouvementée

L'après-midi à l'Assemblée a été beaucoup moins paisible. Les premières objections ont fusé lors du débat sur le paragraphe 4 du Préambule. Certains députés se sont insurgés contre les interventions d'autres élus.

La méthodologie adoptée pour l'octroi des interventions générales relatives à chaque article a été au coeur de ces objections. Ces interventions sont en effet octroyées par tirage au sort.

De plus, des intervenants ont été accusés d'utiliser leur temps de parole pour prononcer des discours électoralistes sans rapport avec le sujet débattu.

Ces différends ont abouti à une nouvelle suspension de la séance de plus d'une heure (théoriquement 10 minutes). Il a été décidé par la suite de garder la même méthodologie, conforme au Règlement intérieur de l'Assemblée.

Un amendement à l'origine d'une nouvelle polémique dans les rangs de l'opposition

Un amendement présenté par Abdeallatif Abid (Ettakatol) et Samia Abbou (Courant démocratique) prévoyait d'intégrer "la suprématie de la Constitution" aux principes de l'Etat civil. Cet amendement a été rejeté avec 93 voix pour (109 nécessaires) et défendu par une grande partie des élus à l'exception d'Ennahdha.

Face à ce refus, le paragraphe 4 a été rejeté par une partie de l'opposition mais approuvé par la grande majorité des élus de l'Alliance démocratique et d'Al Joumhouri, selon le député Nômane Fehri (Afek Tounes). Al Joumhouri s'est ainsi attiré les foudres de ses alliés du Front du salut national.




Fadhel Moussa et Sahbi Atig complices

La troisième polémique est née d'un amendement proposé par Fadhel Moussa. Ce dernier avait à coeur d'intégrer la notion d'appartenance méditerranéenne en plus de celles déja énoncées, africaine et musulmane.

Mais l'amendement prévoyait également de modifier la formulation du début du paragraphe 4. Prenant la parole pour exprimer l'avis "contre", Sahbi Atig, président du bloc parlementaire d'Ennahdha a déclaré:

"Nous sommes d'accord pour la référence à la Méditerranée mais pas sur la première partie de l'amendement. Si Fadhel Moussa était disposé à retirer cette première partie, nous pourrions l'adopter".


Un député a-t-il le droit de retirer une partie de son amendement et de soumettre au vote une autre partie? Cette question a fait l'objet de vives protestations basées sur des problématiques réglementaires.

Malgré les protestations, Mustapha Ben Jaâfar propose au vote une partie de l'amendement. Mais dans le chaos et le vacarme ambiant, ce passage en force ne sera pas fructueux et à l'issue des échanges houleux, la séance sera encore une fois levée.

Le sionisme et la Méditerranée

Les députés ont profité de cette nouvelle suspension pour diner. De retour vers 22h, la tension était toujours palpable.

Un amendement refusé sur la condamnation du "sionisme" échauffe déjà les esprits quand le rapporteur général annonce sa volonté de revenir sur l'amendement de Fadhel Moussa, relatif à la Méditerranée.

Brahim Gassas (ex-Nida Tounes) gesticule, crie et frappe des mains pendant que d'autres députés accusent les défenseurs de la Méditerranée de sionistes, un argument repris par Issam Chebbi.

"Il n'est pas question que face au refus d'inscrire le sionisme comme une forme de racisme, nous ajoutions que la Tunisie appartient à la civilisation méditerranéenne. Cela donne une orientation au pays que nous n'accepterons pas après la Révolution. Si certains ont des obligations internationales au détriment de la cause palestinienne, cela ne nous engage pas. Cela ne passera pas!", a-t-il fustigé sous les applaudissements d'une partie de l'Assemblée.





Devant l'impossibilité de poursuivre les débats, Mustapha Ben Jaâfar suspend une dernière fois la séance, pour une reprise ce samedi à 9h.

"J'ai appris aujourd'hui lors du vote du préambule que l'île de Jerba et de Kerkena ne se situent pas là où on pensait mais probablement dans l'océan indien ou dans l’océan Pacifique, à nous de voir... Lamentable, je n'ai pas d'autres mots pour qualifier le niveau du débat, la mauvaise foi et la médiocrité. Dommage que pour certains la démagogie passe avant la pédagogie", commente amèrement Nadia Chaâbane, députée Al Massar.

Députée du même parti, Selma Mabrouk annonce la couleur: "En définitive, je ne voterai pas ce préambule lors de la lecture finale de la constitution. Et heureusement que je suis loin d'être la seule... Il devra donc être modifié d'ici là. Le chemin est encore long pour arriver à cette constitution consensuelle que notre pays à bout de souffle attend impatiemment".

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