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En Irak, l'Etat islamique demande à la population de rejoindre "leur Islam" ou mourir

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L'acheminement de l'aide humanitaire s'accélère au Kurdistan irakien, où des milliers de personnes se sont réfugiées fuyant l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique (EI) dans le nord du pays tandis que les Yazidis bloqués dans les monts Sinjar sont devenus moins nombreux.

Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés avait estimé à plusieurs dizaines de milliers le nombre de déplacés, en majorité de la minorité kurdophone et non musulmane des Yazidis, pris au piège sans vivres et sans eau dans les montagnes de Sinjar.

Mais à la suite d'une mission de reconnaissance, effectuée par des militaires américains, les Etats-Unis ont jugé "beaucoup moins probable" d'organiser une évacuation de ces déplacés après avoir constaté qu'ils étaient "beaucoup moins nombreux" et vivaient dans "de meilleures conditions" qu'attendu.

Les Yazidis sont moins nombreux car chaque nuit depuis quelques jours plusieurs milliers d'entre eux ont réussi à quitter la montagne, a expliqué le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.

Il a aussi souligné l'utilité des largages d'aide humanitaire et des frappes aériennes contre les positions des jihadistes sunnites de l'EI, menés quotidiennement par les Etats-Unis depuis le 8 août.

Les déplacés restant "continuent d'avoir accès à la nourriture et à l'eau" que les Etats-Unis larguent par avion, a-t-il assuré.

Des largages humanitaires américain et britannique ont été effectués ces derniers jours sur les montagnes de Sinjar, Paris a envoyé de l'aide et l'Australie va participer aux largages.

Rejoindre "leur islam" ou mourir

Des centaines de milliers de personnes ont été jetées sur les routes par l'offensive fulgurante lancée le 9 juin par l'EI qui s'est emparé de pans entiers du territoire au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad.

Depuis une dizaine de jours, les jihadistes ont avancé vers le Kurdistan autonome chassant des dizaines de milliers de membres des minorités chrétienne et yazidie de leurs villes, à Sinjar et Qaraqosh notamment, tombées aux mains de l'EI. Les forces kurdes, dépassées, tentaient non sans grande peine de les freiner.

À Dohuk, au Kurdistan autonome, où nombre d'entre eux ont trouvé refuge après avoir fui via la Syrie, les déplacés, très affaiblis, témoignent de l'horreur qui a déferlé sur leurs villages à l'arrivée des jihadistes, qui ont pourchassé les Yazidis dans les rues, abattant des jeunes hommes et enlevant les femmes.

"Ils disaient aux gens que soit ils rejoignaient l'islam -- leur islam -- soit ils allaient mourir", raconte Hamid Kurdo, précisant qu'on leur avait donné 72 heures pour choisir.


Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Royaume-Uni a procédé à de nouveaux largages d'aide humanitaire aux civils dans le nord de l'Irak.

En tout, le Royaume-Uni a livré plus de 48.000 litres d'eau potable, plus d'un millier de lampes marchant à l'énergie solaire et pouvant également servir à recharger des téléphones portables ainsi qu'un millier d'abris visant à se protéger de la chaleur, alors que les températures dépassent les 40 degrés Celsius.

Parallèlement à l'aide humanitaire, les Occidentaux ont décidé d'envoyer des armes aux forces kurdes.

Après les Etats-Unis, la France a annoncé qu'elle leur livrerait des "armes sophistiquées" dans les prochaines heures, et Londres a dit qu'elle acheminerait celles de pays tiers.

La chancelière allemande Angela Merkel a jugé "très importantes" les frappes américaines contre l'EI, mais répété n'envisager qu'une "aide matérielle" aux combattants kurdes de la part de l'Allemagne, dans une interview à la presse allemande.

L'Union européenne doit tenir vendredi à Bruxelles une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères.


Sistani veut aussi le départ de Maliki


Sur le plan politique, le Premier ministre désigné Haïdar al-Abadi, qui a obtenu un soutien international massif, doit désormais former un gouvernement d'union appelé à rassembler toutes les forces politiques dans un pays miné par les divisions. Il a jusqu'au 9 ou 10 septembre pour le faire.

Mais le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki, même s'il a été lâché par ses alliés iranien et américain et des membres de son bloc chiite, auquel appartient M. Abadi, a affirmé qu'il maintiendrait son gouvernement en attendant la décision de la Cour fédérale qu'il a saisie.

Le grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, avait dès juillet appelé au départ de M. Maliki et demandé son remplacement par une figure consensuelle, selon une lettre publiée mercredi.

M. Maliki ne cesse de répéter qu'il a la légitimité pour un 3e mandat, après l'arrivée en tête de sa coalition aux législatives d'avril. Mais ses détracteurs imputent le chaos dans le pays à sa politique d'exclusion des sunnites et son autoritarisme pendant ses huit années au pouvoir.

C'est cette marginalisation de la minorité sunnite dans un pays majoritairement chiite qui a favorisé selon eux l'offensive des jihadistes sunnites.


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