
SOLIDARITÉ - Depuis le meurtre de la femme divorcée à Ifrane qui a laissé derrière elle son père cancéreux et sa petite fille, des numéros de RIBs associés au compte du père ont été publiés sur les réseaux sociaux. Voulant venir en aide au père, les internautes ont été nombreux à partager l’information, et certains assurent même avoir déjà déposé leur contribution dans le compte bancaire. Un geste pas très malin, voire illégal, rappelle l’avocat au barreau de Casablanca, Mourad Elajouti, qui le classe en tant qu’aumône publique.
“J’encourage tout acte solidaire mais cette demande de l’aumône publique est réglementée par la loi du 12 octobre 1971. Cette loi permet seulement aux associations de demander de l’aumône à travers une déclaration qui est présentée au gouverneur et qui précise les organisateurs de l’initiative et son but”, assure l’avocat, qui a été l’un des initiateurs du recueillement en hommage aux deux touristes scandinaves.
Selon Mourad Elajouti, ce genre de demande est loin d’être une collecte de dons en ligne, ou un crowd-funding, qui n’est pas encore réglementé au Maroc et souffre toujours d’un “vide juridique”. L’avocat fait par ailleurs remarquer qu’un des RIB associé au père de la victime d’Ifrane a été donné par une agence bancaire à Meknès alors qu’un autre se trouve en France et destiné, d’après quelques internautes, aux Marocains résidents à l’étranger.
“Tout cela est très étrange et pose des problèmes de sécurité pour le donateur qui ne pourra pas savoir comment son argent a été dépensé. Contrairement à d’autres pays, les donateurs ne peuvent pas encore avoir au Maroc la traçabilité de leur argent”, regrette l’avocat.
Sur les réseaux sociaux, ce phénomène de collecte d’argent est devenu très répandu. Mourad Elajouti avise les plus généreux à éviter d’envoyer de l’argent à ces comptes dont on ne peut vérifier l’authenticité. Mieux vaut, conseille-t-il, appeler directement la personne ou encore faire le déplacement pour lui venir en aide.