Dans les forêts d'une San Francisco en ruines vivent des singes qui ont bâti une civilisation développée. Et pour cause, ceux-ci ont évolué génétiquement, tandis que les hommes, eux, ont été en grande majorité décimé par un virus. La Planète des singes: L'Affrontement, qui sort ce mercredi 30 juillet dans les salles, est le récit de la guerre qui oppose chimpanzés développés et rescapés humains pour la survie de leur espèce respective.
Le film, réalisé par Matt Reeves et inspiré du roman de science-fiction de Pierre Boulle, débute 10 ans après la fin de l'épisode précédent. On se rappelle que César, le chimpanzé cobaye de James Franco dont l'intelligence avait été considérablement accrue par un rétrovirus fait pour combattre Alzheimer, avait partagé cette mutation génétique avec ses copains. Et c'est à partir de là que les singes domestiques de San Francisco ont commencé à développer des capacités dites humaines, jusqu'à dominer leurs anciens maîtres.
Alors que les chimpanzés sont génétiquement très proches de nous, le scénario de la saga ne semble pas tenir de la plus improbable des sciences-fictions. La question que l'on se pose à l'issue d'un tel film sort du cadre de la simple expérience de pensée: les primates pourraient-ils un jour constituer l'espèce dominante?
Il faut dire qu'entre les chimpanzés et nous, la différence génétique est infime: 1,2% du code seulement, selon The Atlantic, 1,5% selon le généticien de l'évolution Pierre Darlu en 1998 dans Libération. La question de la potentialité d'un tel scénario n'a donc rien de naïf.
Mais ces chiffres, bien qu'impressionnants, sont loin d'être le plus important. "La génétique ne veut pas tout dire", souligne Emmanuelle Grundmann, contactée par Le HuffPost. Pour cette primatologue, auteure de L’homme est un singe comme les autres (Hachette pratique, 2008), parmi d'autres ouvrages sur les primates, c'est du côté des ressemblances comportementales qu'il faut se tourner: "Dans les années 60, à partir des premières observations de terrain, et non pas en captivité, on s'est rendu compte que certains comportements ou capacités, qu'on croyait être l'apanage des êtres humains, existaient aussi chez les singes."
On sait notamment, depuis le début des années 60, grâce à la célèbre primatologue Jane Goodall mais aussi grâce à des travaux japonais, que les grands singes, non seulement utilisent des outils, mais en fabriquent aussi.
De plus, cette faculté à fabriquer des outils est culturelle: "Selon les sites, les grands singes ne fabriquent ni n'utilisent les mêmes outils." Ce qui prouve bien que les savoirs et les pratiques de ces animaux ne se transmettent pas par héritage génétique mais bel et bien socialement - encore un trait qu'on croyait propre à l'humanité.
"Toutes nos compétences, les singes les ont"
Les grands singes ont par ailleurs conscience d'eux-mêmes, comme on peut le constater dans la vidéo ci-dessous, dans laquelle le macaque examine des implants et se contorsionne pour apercevoir les parties cachées de son anatomie.
Le Rhésus macaque face à son image par sciencesetavenir
Plus généralement, les singes peuvent eux aussi avoir des comportements qu'on définirait comme moraux: ils sont empathiques, capables de compassion, et même de rire...
Ajoutons à tout ceci que les singes vivent de façon organisée, même si les modèles varient selon les espèces. "Chez les chimpanzés, les mâles se disputent la place du chef. Les femelles héritent, elles, du statut de leur mère. La gradation selon laquelle elles sont situées dans le groupe définit l'accès à la nourriture", note la primatologue.
"Toutes nos compétences, les singes les ont, mais à des degrés différents", explique Emmanuelle Grundmann. Exemple type, celui du langage (car oui, dans La planète des singes, ils parlent à voix haute et non pas avec des signes). "Les singes ont recours à un langage artificiel ou symbolique, détaille la primatologue, mais parce que leur larynx est situé beaucoup plus bas que chez l'homme, ils ne sont pas capables de parler".
Coup de pouce génétique
Au final, c'est peut-être, comme dans La Planète des singes, un coup de pouce génétique qu'il faudrait aux primates pour voir leurs capacités radicalement évoluer.
Mais comme le souligne Slate.fr à partir d'un article de Nerdist, il faudrait commencer par ajouter des neurones dans le cerveau des chimpanzés, car nous en avons douze fois plus qu'eux. Ce qui implique qu'ils devraient avoir une boîte crânienne plus grosse.
Cependant, cela ne serait pas suffisant: il faudrait sûrement "transplanter des cellules souches neurales dans son cerveau et espérer qu’elles soient recrutées afin d’établir de nouvelles connexions importantes". Ou alors, comme l'indique The Atlantic, il faudrait injecter dans le génome des chimpanzés de l'ADN humain.
Alors, les grands singes domineront-ils un jour la planète? "C'est trop tôt pour le dire, hésite Emmanuelle Grundmann. Ce n'est pas impossible, mais on ne sera jamais dans leur cerveau pour savoir ce qu'ils pensent vraiment." Et la primatologue de conclure sur une pirouette: "Vu la raréfaction de l'espèce, à ce rythme-là, on ne le saura jamais". Un scénario à l'opposé de La Planète des singes mais malheureusement plus d'actualité.
Le film, réalisé par Matt Reeves et inspiré du roman de science-fiction de Pierre Boulle, débute 10 ans après la fin de l'épisode précédent. On se rappelle que César, le chimpanzé cobaye de James Franco dont l'intelligence avait été considérablement accrue par un rétrovirus fait pour combattre Alzheimer, avait partagé cette mutation génétique avec ses copains. Et c'est à partir de là que les singes domestiques de San Francisco ont commencé à développer des capacités dites humaines, jusqu'à dominer leurs anciens maîtres.
Alors que les chimpanzés sont génétiquement très proches de nous, le scénario de la saga ne semble pas tenir de la plus improbable des sciences-fictions. La question que l'on se pose à l'issue d'un tel film sort du cadre de la simple expérience de pensée: les primates pourraient-ils un jour constituer l'espèce dominante?
Il faut dire qu'entre les chimpanzés et nous, la différence génétique est infime: 1,2% du code seulement, selon The Atlantic, 1,5% selon le généticien de l'évolution Pierre Darlu en 1998 dans Libération. La question de la potentialité d'un tel scénario n'a donc rien de naïf.
Mais ces chiffres, bien qu'impressionnants, sont loin d'être le plus important. "La génétique ne veut pas tout dire", souligne Emmanuelle Grundmann, contactée par Le HuffPost. Pour cette primatologue, auteure de L’homme est un singe comme les autres (Hachette pratique, 2008), parmi d'autres ouvrages sur les primates, c'est du côté des ressemblances comportementales qu'il faut se tourner: "Dans les années 60, à partir des premières observations de terrain, et non pas en captivité, on s'est rendu compte que certains comportements ou capacités, qu'on croyait être l'apanage des êtres humains, existaient aussi chez les singes."
On sait notamment, depuis le début des années 60, grâce à la célèbre primatologue Jane Goodall mais aussi grâce à des travaux japonais, que les grands singes, non seulement utilisent des outils, mais en fabriquent aussi.
De plus, cette faculté à fabriquer des outils est culturelle: "Selon les sites, les grands singes ne fabriquent ni n'utilisent les mêmes outils." Ce qui prouve bien que les savoirs et les pratiques de ces animaux ne se transmettent pas par héritage génétique mais bel et bien socialement - encore un trait qu'on croyait propre à l'humanité.
"Toutes nos compétences, les singes les ont"
Les grands singes ont par ailleurs conscience d'eux-mêmes, comme on peut le constater dans la vidéo ci-dessous, dans laquelle le macaque examine des implants et se contorsionne pour apercevoir les parties cachées de son anatomie.
Le Rhésus macaque face à son image par sciencesetavenir
Plus généralement, les singes peuvent eux aussi avoir des comportements qu'on définirait comme moraux: ils sont empathiques, capables de compassion, et même de rire...
Ajoutons à tout ceci que les singes vivent de façon organisée, même si les modèles varient selon les espèces. "Chez les chimpanzés, les mâles se disputent la place du chef. Les femelles héritent, elles, du statut de leur mère. La gradation selon laquelle elles sont situées dans le groupe définit l'accès à la nourriture", note la primatologue.
"Toutes nos compétences, les singes les ont, mais à des degrés différents", explique Emmanuelle Grundmann. Exemple type, celui du langage (car oui, dans La planète des singes, ils parlent à voix haute et non pas avec des signes). "Les singes ont recours à un langage artificiel ou symbolique, détaille la primatologue, mais parce que leur larynx est situé beaucoup plus bas que chez l'homme, ils ne sont pas capables de parler".
Coup de pouce génétique
Au final, c'est peut-être, comme dans La Planète des singes, un coup de pouce génétique qu'il faudrait aux primates pour voir leurs capacités radicalement évoluer.
Mais comme le souligne Slate.fr à partir d'un article de Nerdist, il faudrait commencer par ajouter des neurones dans le cerveau des chimpanzés, car nous en avons douze fois plus qu'eux. Ce qui implique qu'ils devraient avoir une boîte crânienne plus grosse.
Cependant, cela ne serait pas suffisant: il faudrait sûrement "transplanter des cellules souches neurales dans son cerveau et espérer qu’elles soient recrutées afin d’établir de nouvelles connexions importantes". Ou alors, comme l'indique The Atlantic, il faudrait injecter dans le génome des chimpanzés de l'ADN humain.
Alors, les grands singes domineront-ils un jour la planète? "C'est trop tôt pour le dire, hésite Emmanuelle Grundmann. Ce n'est pas impossible, mais on ne sera jamais dans leur cerveau pour savoir ce qu'ils pensent vraiment." Et la primatologue de conclure sur une pirouette: "Vu la raréfaction de l'espèce, à ce rythme-là, on ne le saura jamais". Un scénario à l'opposé de La Planète des singes mais malheureusement plus d'actualité.
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