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Procès du Hirak: Après le coup de massue, les détenus de nouveau animés par l'espoir d'un verdict plus clément en appel

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PROCÈS - “Nasser Zefzafi a accepté, hier dans l’après-midi, de faire appel du verdict”. C’est le coordinateur du collectif des avocats de la défense des détenus du Hirak, l’avocat Mohamed Aghnaj, qui l’annonce au HuffPost Maroc. Dans une déclaration, ce dernier reconnait que la tâche n’était pas des plus faciles, d’autant que le délai pour s’en acquitter était presque arrivé à terme. 

Le délai consenti par la justice pour faire appel de ce verdict, soit dix jours, prend fin, en effet, ce vendredi. “Mais étant donné qu’il s’agit, ici, d’un délai franc, le jour de la notification ne comptant pas et le jour de l’échéance non plus, le lundi sera la dernière échéance pour interjeter appel au profit de ces détenus”. 

Objectif: recours en appel

Au total, ils sont 53 à avoir été condamnés le 26 juin à des peines allant de 1 an de prison avec sursis à 20 ans de prison ferme. “Nous leur avons rendus visite à plusieurs reprises, depuis la semaine dernière, pour les convaincre de faire appel. Personnellement, ce sont 4 visites que j’ai effectuées auprès d’eux dans ce but”, précise l’avocat Mohamed Aghnaj. Les familles et la défense ont fédéré leurs efforts pour atteindre ce but.

“Nous leur avons expliqué que faire appel, s’il ne leur semble pas utile, est, de toute façon, dans leur intérêt”, indique l’avocat Abdelkarim Elmoussaoui, membre du collectif de défense de ces détenus, au HuffPost Maroc. Il ajoute que les avocats ont précisé aux détenus que “si les trois juges ayant délibéré en première instance ont peut-être démontré une certaine orientation, les 5 juges de deuxième degré, qui décideront du verdict en appel, représentent une “nouvelle chance”. “Réviser de nouveau les éléments du dossier présente un espoir d’une lecture objective. J’ai, personnellement, donné un exemple à Nasser Zefzafi en lui affirmant que j’avais un client qui avait écopé de 20 ans de prison en première instance, mais que ce verdict a finalement été annulé par la Cour d’appel”, nous confie l’avocat Abdelkarim Elmoussaoui. 

Des personnalités ont également contribué à cette tentative de convaincre Nasser Zefzafi, comme le précise au HuffPost Maroc, l’avocat Abdelaziz Nouaidi membre du collectif de défense de ces détenus. “Des personnalités notamment politiques, dont Nabila Mounib, à la tête du PSU, lui ont adressé un appel pour accepter de faire appel”, raconte-t-il.

Rabie Al Ablaq, la double peine

Si les détenus ont été convaincus, Rabie Al Ablaq, lui, maintient encore son refus de faire appel. “Il dit qu’il ne trouve pas d’utilité à le faire, à devoir de nouveau revivre le procès. Nous avons fait tout ce qui est en notre pouvoir pour l’en dissuader mais il campe sur sa décision”, déplore l’avocat Mohamed Aghnaj.  Ce dernier décrit un corps affaibli par 39 jours de grève de la faim, au cours desquels Al Ablaq a aussi décidé d’arrêter le sucre et l’eau depuis près d’une semaine. “Il a perdu beaucoup de son poids. Il est dans un état désastreux!”, assure l’avocat. Impossible de lui faire changer d’avis, Rabie Al Ablaq poursuit sa grève de la faim coûte que coûte. “Sa mère l’a imploré de l’arrêter, lors de la visite qu’effectuent les familles aux détenus, mercredi dernier. Elle l’a finalement quitté les larmes aux yeux”, témoigne Amina Khalid, membre du Comité de soutien du Hirak à Casablanca.

“Son refus est une position personnelle que l’on respecte, mais cela n’empêche pas la défense de recourir à l’appel. Il dit qu’il refuse, pas qu’il interdit à ses avocats de le faire”, nuance l’avocat Abdelkarim Elmoussaoui, pour qui l’appel au profit de Al Ablaq ne laisse aucun doute auprès de la défense.

Le journaliste Hamid El Mahdaoui, condamné à 3 ans de prison ferme, le 28 juin dernier, après que son dossier ait été séparé de celui des détenus du Hirak, a lui aussi accepté de faire appel, indique à notre rédaction sa soeur, Asmae El Mahdaoui. “Mon frère refusait au début de faire appel, en protestation du procès inéquitable dont il a fait l’objet en première instance. Ses avocats ont tenté de l’en dissuader. Et nous, sa famille, nous avons réitéré auprès de lui cette tentative au cours de la visite que nous lui avons rendue, mercredi”. Asmae El Mahdaoui confie que son frère a pris, à ce moment-là, un moment pour réfléchir avant de s’absenter un quart d’heure pour aller signer le PV officialisant sa demande de recours en appel. “C’est une affaire que l’opinion publique suit de près. Il faut continuer à se battre, à démontrer l’innocence de mon frère”, dit-elle déterminée. 

Le recours en appel ouvrira un nouveau chapitre dans le procès des détenus du Hirak et celui du journaliste Hamid El Mahdaoui. La procédure sera aussi importante que le dossier, prévient Me Elmoussaoui, pour qui la première audience ne sera fixée qu’à la rentrée, c’est-à-dire, au mois de septembre.

Grâce royale, “le vœu de tous”

D’ici là, c’est la date du 30 juillet, jour de la fête du Trône, qu’attendent avec impatience à la fois les avocats et les familles des détenus, dans l’espoir que le roi annonce sa grâce au profit de l’ensemble. “En tant qu’avocat de Hamid El Mahdaoui, je sollicite le souverain pour lui accorder sa grâce royale”, nous avait déclaré l’avocat Mohamed El Hini. “Cette intervention royale permettra d’apaiser la tension et les esprits, mais aussi de rectifier des jugements prononcés au nom du roi en faveur de l’élan démocratique choisi par le Maroc”, avait-il plaidé. 

Me Nouaidi précise aussi de son côté, que la grâce royale représente “un vœu unanime”: “Nous le souhaitons tous, d’abord en tant qu’individus”. Et de préciser que Nasser Zefzafi n’avait jamais présenté de demande de grâce royale. “Il a toujours clamé son innocence et n’a pas fait de demande de ce genre estimant qu’il est injustement incriminé”, soutient l’avocat, rappelant que “de nombreux détenus du Hirak avaient présenté cette demande dès leur arrestation au moment où intervenait une médiation. Mais elle ne leur a pas été accordée”. 

Pour Nouaidi, cette première tentative vaine en a certainement dissuader d’autres. “Mais si Zefzafi et/ou d’autres décident de le faire, nous encouragerons cette initiative”, tient-t-il à préciser. Sa consoeur, l’avocate Khadija Rougani nous souligne, pour sa part, que “la défense n’a aucun lien ni de près ni de loin avec la demande de grâce royale”. “Ce sujet reste en dehors des prérogatives des avocats. Il concerne plutôt les familles des détenus, mais n’implique aucunement la défense”, insiste-t-elle.   

Les familles des détenus, elles non plus, “ne se sont pas encore exprimées sur une éventuelle demande de grâce royale, pour l’instant”, précise Amina Khalid, qui a rencontré ces familles à l’occasion de leur visite hebdomadaire des détenus, mercredi dernier à Oukacha. Cette militante et membre du Comité de soutien du Hirak à Casablanca décrit des familles toujours sous le choc des condamnations et confie qu’elles sont très préoccupées par le sort de leurs enfants et proches, surtout après des rumeurs qui indiqueraient un élargissement de la grève de la faim à l’ensemble des détenus. 


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