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France - Fête nationale du 14 juillet: Pourquoi l'extrême-droite se mobilise contre la présence de l'Algérie et du Vietnam

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Une cérémonie sous tension? Le défilé du 14 juillet marquera lundi à Paris le premier temps fort des célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Placée sous le signe de la mémoire, cette fête nationale a priori consensuelle est pourtant l'objet d'une polémique lancée par l'extrême-droite française.

En cause, la présence inédite de représentants de près de 80 nations qui furent impliquées d'une manière ou d'une autre dans le conflit, parmi lesquelles on retrouvera bien sûr les Etats-Unis, la Russie, l'Allemagne ou la Grande-Bretagne, mais aussi d'anciennes colonies comme l'Algérie. A l'image de nombreux pays invités, elle a fourni des dizaines de milliers de combattants à la France lors de la guerre de 14-18, et perdu des milliers d'hommes dans le conflit.

Sans surprise, la présence annoncée de soldats algériens a provoqué l'indignation du Front national mais aussi de certaines associations de pieds-noirs, de harkis et d'anciens combattants. Ces protestations s'inscrivent dans un "contexte anti-algérien" marqué notamment par les polémiques autour des Fennecs lors de la Coupe du monde, souligne Le Monde (articles abonnés). Mais l'Algérie n'est pas la seule à être ciblée.

Algérie et Vietnam, même combat?


Si l'Algérie se voit reprocher les exactions commises par les indépendantistes du FLN entre 1954 et 1962, la nostalgie de l'Algérie française, bien présente au sein de l'extrême-droite, n'est sans doute pas étrangère à cette polémique. De manière plus inattendue, le Vietnam est aussi pointé du doigt. Lors de la guerre de 14-18, l'Indochine française (dont il était la principale composante) a fourni 43.000 hommes au contingent français, pour la plupart dans des bataillons non-combattants. 1120 soldats furent tués note Philippe Chapleau, auteur du blog Lignes de défense.

On est loin des 173.000 Algériens mobilisés en 14-18 (pour 23.000 tués), mais cette contribution a son importance, d'autant que le Vietnam a lui aussi acquis son indépendance après une longue guerre sanglante. A la différence de l'Algérie, la présence du Vietnam n'a pas été évoquée directement par le Front national. Mais d'autres personnalités et mouvements classés "à la droite de la droite" s'en sont chargés. C'est notamment le cas de Jacques Bompard, qui a dénoncé la représentation des deux pays.

Diên Biên Phu, un anniversaire douloureux


"L’armée communiste vietnamienne et l’armée algérienne risquent de venir fouler le sol qui avait connu le passage des libérateurs un 26 août 1944", écrit sur son blog le député-maire Ligue du Sud d'Orange, membre fondateur du FN dont il a démissionné en 2005. Il reproche aux deux anciennes colonies de n'avoir "jamais formulé un seul pardon pour les milliers de martyrs suppliciés au nom de leur attachement à la France". Raison supplémentaire pour polémiquer, on commémore cette année le 60e anniversaire de la bataille de Diên Biên Phu, cuisante défaite française évoquée par le site Boulevard Voltaire, qui s'insurge contre les "Việt Cộng" et interpelle ses lecteurs en toute sobriété: "Vous voyez les États-Unis inviter Al-Qaïda à défiler dans les rues de New York ou Washington en 2061?".

Dans le même registre, le quotidien catholique d'extrême-droite Présent s'indigne de l'invitation faite au "Vietnam rouge" et "communiste". Selon l'écrivain Alain Sanders, auteur de cet article au vitriol, les soldats vietnamiens sont "les descendants des bourreaux Viet-Minh" et des "camps de la mort" et n'ont pas leur place à la cérémonie du 14 juillet, d'autant plus que leur pays n'existait pas en 14-18. Il juge que leur présence constituerait une "insulte" à "nos soldats tombés en Indochine".

Une présence avant tout symbolique


Malgré ces polémiques historiques, la représentation de l'Algérie, du Vietnam et des autres pays invités sera très symbolique et réduite à la portion congrue. En effet, aucun chef d'Etat étranger ne sera présent. La plupart des 80 nations invitées ne seront représentées que par un officiel en tribune - le plus souvent le ministre de la Défense - ainsi qu'un porte-drapeau et deux gardes qui participeront à une "parade aux emblèmes" face à la tribune officielle place de la Concorde. Et aucune de ces délégations de trois soldats ne participera au défilé qui partira ensuite sur les Champs-Elysées.

"Le Président de la République a convié des représentants gouvernementaux de 80 pays ayant engagé des troupes ou des travailleurs sur le continent européen pendant la Grande Guerre à assister au défilé sur les Champs-Élysées, indique l'Elysée, qui précise que ces représentants seront "accompagnés d’une délégation militaire de trois soldats" ainsi que de "quatre jeunes gens âgés de 18 à 25 ans" pour une animation de clôture. Cela suffira-t-il cette fois à calmer les ardeurs des militants d'extrême-droite, qu'ils soient contre la présence des ex-colonies ou plus généralement anti-gouvernement?

"Le risque pour le chef de l'Etat est de voir le défilé perturbé par des sifflets venant de la foule amassée sur les trottoirs des Champs-Elysées", rappelle Le Monde, qui cite les précédents du 14 juillet et du 11 novembre 2013. Si l'on en croit Wallerand de Saint-Just, chef de la fédération parisienne du FN, il ne faudra pas compter sur son parti pour d'éventuels débordements. "C'est d'ailleurs indécent de manifester sa mauvaise humeur contre le président de la République lors d'une cérémonie patriotique", affirme-t-il. Pas sûr que tous les opposants soient du même avis.


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