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France - Allemagne: ce quart de finale de la Coupe du monde est-il encore une affiche de légende?

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Sur le papier, c'est peut-être la plus belle affiche des ces quarts de finale de la Coupe du monde au Brésil. La France affronte l'Allemagne, vendredi 4 juillet à 18 heures, heure française au stade du Maracana de Rio. Forcément très attendu, ce choc fleure bon l'histoire et fait resurgir bien des souvenirs. Les médias se sont empressés de ressortir le traumatisme de Séville, devenue une quasi-affaire d'Etat en 1982.

Pour rappel, si vous êtes parvenu à y échapper jusque-là, la Mannschaft éliminait les Bleus en demi-finale du Mondial espagnol après un match ponctué par une séance de tirs aux buts insoutenable et surtout par l'"attentat" (jamais sanctionné) du gardien allemand Harald Schumacher sur le défenseur français Patrick Battiston. En 1986, les Bleus retrouvaient l'Allemagne au même stade de la compétition, au Mexique cette fois mais avec à l'arrivée une nouvelle défaite qui les privait encore de finale. Depuis, les deux sélections ne se sont jamais retrouvées en match officiel.




Qualifiés lundi en disposant du Nigeria (2-0), les Bleus ont enfin l'occasion de prendre leur revanche, comme l'ont souhaité certains "anciens" ces derniers jours. "Vengez-nous de Séville!" a lancé l'ancien défenseur Maxime Bossis, tandis que le sélectionneur de l'époque, Michel Hidalgo, a affirmé qu'il "souffrait encore de cette nuit noire", décrivant des joueurs prostrés et en larmes après la défaite de 1982.

Ce vendredi soir, faut-il vraiment s'attendre à une "revanche" de légende entre les deux équipes? Pas sûr, en réalité, que l'affiche France-Allemagne ait gardé tout son lustre auprès du grand public, n'en déplaise aux médias.

1. Cela n'évoque rien aux joueurs


D'abord parce que l'équipe elle-même n'a pas connu le traumatisme de 1982. Parmi les 23 Bleus présents au Brésil, seuls Mickaël Landreau (1979) et Patrice Evra (1981) étaient nés. Hormi le staff, personne dans la sélection n'a donc pas le moindre souvenir d'une confrontation officielle entre la France et l'Allemagne.

Reconnaissant que les années 80 avaient "marqué l'esprit des gens et l'histoire du football français", Didier Deschamps a rappelé mardi en conférence de presse qu'il s'agissait bien du passé et qu'il ne comptait absolument pas actionner ce levier pour les motiver.


Football / Le meilleur de la conférence de... par rmcsport


"Ils (les joueurs, ndlr) n'étaient pas nés, je vais parler de quoi? Joachim Löw a tout à fait raison. Respect pour les anciens et ce qui s'est passé mais on ne va pas jouer les anciens combattants", a dit le sélectionneur national en faisant allusion aux propos de son homologue allemand. La veille, ce dernier avait lui aussi affirmé qu'il ne souhaitait pas parler du passé avec ses joueurs, préférant se concentrer sur les derniers matchs amicaux, "qui peuvent jouer un rôle dans l'analyse". Lors des huit dernières rencontres entre la France et l'Allemagne, les Tricolores se sont imposés cinq fois pour un match nul et deux défaites.

2. Les tensions ont disparu (ou presque)


Depuis les années 80, l'animosité entre la France et l'Allemagne s'est clairement atténuée. Europe, couple Mitterrand-Kohl, programme Erasmus et autres jumelages ont contribué à rapprocher les deux pays... et le temps a passé et l'Allemagne est devenue notre meilleur partenaire, voire notre modèle.

Cela s'est aussi concrétisé sur le plan du football. Depuis l'arrêt Bosman de 1995, de nombreux joueurs français et allemands sont partis jouer à l'étranger, se retrouvant dans les mêmes clubs, les mêmes championnats ou les mêmes compétitions.




Cette saison, Olivier Giroud, Laurent Koscielny et Bacary Sagna étaient les coéquipiers de Per Mertesacker, Lukas Podolski et Mesut Özil à Arsenal, tandis que Karim Benzema et Raphaël Varane ont côtoyé Sami Khedira au Real. Vendredi, les Madrilènes croiseront Thomas Müller, Manuel Neuer, Philipp Lahm et Jerome Boateng, qu'ils connaissent bien pour les avoir affrontés en Ligue des champions.

Sans oublier ces joueurs français qui ont fait le bonheur de la Bundesliga, à l'image de Bixente Lizarazu, Johan Micoud, Willy Sagnol et évidemment Franck Ribéry, même s'il sera forfait pour cette fois.

3. L'Allemagne n'est plus l'implacable machine de guerre qu'elle était


"Le football est un jeu simple: 22 hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent". La citation de Gary Lineker a fait le tour du monde mais n'est vraiment plus d'actualité. Si elle affiche une belle régularité aux places d'honneur (finaliste du Mondial en 2002 puis 3e en 2006 et 2010, finaliste de l'Euro 2008 et demi-finaliste en 2012) , la Mannschaft ne ressemble plus au rouleau-compresseur qu'elle fut autrefois.




L'Allemagne n'a pas remporté la moindre compétition depuis sa victoire à l'Euro 1996 en Angleterre, tandis que la France remportait de son côté le Mondial en 1998, l'Euro en 2000 puis la Coupe des confédérations en 2001 et 2003 avant d'accéder à la finale du Mondial en 2006. La Mannschaft a donc perdu son statut d'équipe à battre au profit de l'Espagne, sur le toit du monde entre 2008 et 2012. Sans parler de l'Italie, qui s'est imposée comme la meilleure ennemie des Bleus depuis 1998.

4. L'Italie a pris la place de meilleure ennemie


Loin des yeux, loin du cœur. Mais surtout hasard des tirages de phases finales. A défaut de rencontrer l'Allemagne en compétition, les Bleus se sont rabattus sur les Azzurri, avec lesquels ils entretiennent une rivalité féroce depuis la Coupe du monde 98.

A domicile, ils les ont éliminés en quart de finale en passant par une séance de tirs aux buts épique. En 2000, les Bleus champions du monde en titre retrouvent les Italiens en finale de l'Euro à Rotterdam. Le scénario du match est incroyable, avec l'égalisation de Wiltord dans les arrêts de jeu et le but en or inscrit par Trezeguet en prolongations, qui permet à l'équipe de France de réaliser un doublé historique Coupe du monde-Euro.




L'Italie doit attendre 2006 pour laver ce double affront en battant cette fois les Bleus en finale de la Coupe du monde, encore aux tirs aux buts, après un match marqué par le fameux coup de tête de Zidane sur Materazzi.

En 2008, la Squadra Azzurra prend une nouvelle fois la mesure de la France et l'élimine dès le premier tour de l'Euro. Autant dire que s'il doit y avoir un vrai "match de la revanche", de la tension et de la hargne, ce sera sans doute lors d'un France-Italie. Peut-être lors du prochain Euro 2016... en France?


5. L'Allemagne ne mettra pas de l'huile sur le feu


En rugby, quelques jours avant chaque "crunch" (le match France Angleterre du Tournoi des VI nations), les médias français et anglais se font un devoir de faire monter la pression, titrant sur la faiblesse de l'adversaire ou sur la supériorité de leur équipe nationale. Les joueurs ne se privent pas non plus de faire monter la sauce par déclarations interposées. Pour ce France-Allemagne, rien de tapageux. Et pour cause: l'Allemagne ne pense pas une seconde à 1982 ou 1986. La France est juste l'équipe qui se met en travers de leur route pour accéder à la demi-finale. Rien de plus.

Rien d'étonnant, finalement. 1982 est loin et surtout, n'a pas marqué les esprits allemands, qui gardent plutôt en mémoire la finale perdue cette année-là face à l'Italie. Une impression que confirme Sebastian Christ, notre confrère du HuffPost allemand: "Honnêtement, vous n'êtes pas notre meilleur ennemi. Nous n'avons pas beaucoup de souvenirs communs avec l'Equipe de France. Il y a plus d'histoires à raconter sur notre rivalité face aux Anglais ou face à l'Italie, que nous ne battons jamais dans les matches importants".

L'Italie a décidément pris toute la place, il n'y a plus qu'eux que l'on adore détester...

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