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Irak: Le puissant dirigeant chiite Moqtada al-Sadr défie les insurgés sunnites

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Le puissant dirigeant chiite Moqtada al-Sadr a promis de "faire trembler la terre sous les pieds" des insurgés sunnites tandis que le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a mis en garde ses rivaux politiques contre toute tentative d'exploiter l'offensive rebelle pour le marginaliser.

Les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au levant (EIIL), à l'offensive depuis plus de deux semaines en Irak, ont ouvert dans l'ouest du pays une voie vers la Syrie en s'emparant du poste-frontière de Boukamal, pendant de celui d'Al-Qaïm qu'ils contrôlent déjà, à la faveur d'une entente locale avec Al-Qaïda.

Ils progressent ainsi vers leur objectif de créer un Etat islamique dans une zone à cheval entre la Syrie et l'Irak, pays désormais au bord de l'implosion.

"Nous ferons trembler la terre sous les pieds de l'ignorance et de l’extrémisme", a cependant promis le dirigeant chiite Moqtada al-Sadr dans une allusion à la vaste offensive des insurgés sunnites qui leur a permis de s'emparer de larges pans de territoire dans le nord et l'ouest de l'Irak.


Le puissant chef chiite s'est de plus déclaré opposé à l'envoi de 300 conseillers militaires en Irak, dont 40 étaient mardi à pied d'oeuvre, assurant qu'il n'accepterait qu'un "soutien international de la part de pays qui n'occuperaient pas l'Irak".

A ce titre, l'Iran, allié chiite du pouvoir de même confession à Bagdad, a secrètement déployé des drones de surveillance en Irak où elle convoie également du matériel militaire par voie aérienne, a affirmé mercredi le New York Times.

Les déclarations de Moqtada al-Sadr sont intervenues peu après un défilé à Sadr City, dans le nord de Bagdad, de combattants qui lui sont restés fidèles et se sont engagés à combattre l'offensive des insurgés qui menace de diviser l'Irak.

L'Armée du Mahdi dirigée par Moqtada al-Sadr, qui a combattu les forces américaines lors de leur intervention en Irak, est jusqu'à présent restée inactive même si les combattants loyaux à Moqtada al-Sadr ont promis de combattre les insurgés.

Alors que des notables de tribus sunnites ont appelé à la mise en place d'un gouvernement ne tenant pas compte des résultats des législatives du 30 avril qu'ils qualifient de mascarade, le Premier ministre al-Maliki a estimé qu'une telle démarche constituerait "un coup d'Etat à l'encontre de la Constitution et du processus politique".

Maliki, dont le bloc électoral est arrivé en tête lors du scrutin d'avril mais ne parvient pas à former une coalition de gouvernement, a dénoncé "une tentative de la part de ceux qui sont contre la Constitution d'éliminer le jeune processus démocratique et de voler leur vote aux électeurs".

Il a ainsi prévenu contre toute tentative d'exploiter "ce à quoi le pays est confronté (...) pour obtenir des gains politiques".

En dépit des pressions occidentales, M. Maliki a exclu la formation d'un gouvernement de salut national.

Propos "mal interprétés"

Washington a cependant minimisé la mise en garde du Premier ministre irakien, des responsables américains affirmant même que M. Maliki restait disposé à mettre sur pied ce gouvernement d'union nationale au 1er juillet.

Pour la porte-parole du département d'Etat Marie Harf, les propos du Premier ministre irakien ont été "mal interprétés".

D'après elle, M. Maliki "a dit qu'il rejetait l'idée d'un gouvernement d'urgence, d'une sorte de gouvernement provisoire imposé hors du cadre constitutionnel". "Il s'est clairement engagé pour boucler le processus électoral, réunir le nouveau Parlement et avancer dans le processus constitutionnel vers la formation d'un gouvernement", a décrypté Mme Harf.

"Il s'agit d'un moment très critique pour l'Irak, et la formation d'un gouvernement est notre principal défi", avait affirmé mardi le secrétaire d'Etat américain John Kerry, annonçant par ailleurs qu'il se rendrait vendredi en Arabie saoudite pour insister sur "la grande urgence" en Irak, après ses visites à Bagdad, à Bruxelles pour une réunion de l'Otan, et à Paris jeudi.

A Boukamal, des membres du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, ont "prêté allégeance à l'EIIL dans la nuit de mardi à mercredi" permettant au groupe jihadiste ultra-radical, qui progresse dans l'est de la Syrie comme dans l'ouest de l'Irak, de contrôler les deux côtés du poste-frontière, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les combattants d'Al-Nosra et ceux de l'EIIL, autrefois alliés en Syrie contre le régime, s'affrontent depuis le début de l'année dans des combats qui ont fait des milliers de morts.

Face à cette offensive fulgurante, nombre de soldats irakiens ont baissé les armes, certains abandonnant leurs positions. Si elles semblent relever la tête, les troupes ne sont pas parvenues à reprendre les vastes pans de territoire perdus.

Mercredi, l'armée est toutefois parvenue à repousser des insurgés de l'importante base aérienne de Balad, située à environ 70 km au nord de Bagdad. Un autre assaut a été repoussé dans Haditha, province d'Al-Anbar, à l'ouest de Bagdad.

L'offensive des insurgés sunnites a déjà fait près de 1.100 morts et plusieurs centaines de milliers de déplacés.

L'ONU a lancé un appel urgent de fonds pour aider un million de personnes affectées par le conflit, qui compromet de plus les récoltes, mettent en péril la sécurité alimentaire du pays, a déploré l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

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