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Censure et régression des libertés en Egypte: Le feuilleton "Ahl Iskandiriya" passe à la trappe

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La nouvelle était, jusqu’à hier, donnée au conditionnel, elle est désormais officielle. Le feuilleton "Ahl Iskandiriya " (Gens d’Alexandrie) écrit par Bilal Fadhl et réalisé par Kheyri Bichara est interdit de diffusion durant le Ramadan et probablement pour très longtemps.

Le thème du feuilleton portant sur le parcours d’un officier de police corrompu qui torture à mort un jeune égyptien n’est guère apprécié par le pouvoir et ses soutiens et des pressions ont été exercées y compris sur le partenaire Koweitien dans la production.

Sa thématique "révolutionnaire " va à l’encontre du nouveau "cours" autoritaire en Egypte où il est de bon ton dans les médias en guerre contre les Frères Musulmans de ne faire que des louanges pour les appareils sécuritaires.

Le feuilleton a beau être une fiction, il rappelle le martyre de Khaled Mohamed Saïd, mort le 6 juin 2010, à Alexandrie, à la suite de coups violents assenés par des policiers.

Khaled Mohamed Saïd est devenu un symbole pour les contestataires de la dictature policière et la médiatisation de son martyre a contribué au déclenchement de la révolution égyptienne. La page Facebook créée par Wael Ghonim "Nous sommes tous Khaled Saïd " avait attiré des milliers de personnes avant de devenir un des fers de lance médiatique sur les réseaux de la contestation.


Le feuilleton "gens d’Alexandrie" raconte une situation similaire où un jeune homme meurt sous la torture. Depuis quelques jours, l’auteur du scénario faisait état d’une interdiction du feuilleton sans qu’aucune source officielle ne confirme ou n’infirme. C’est désormais définitif, l’interdiction est officielle, a indiqué hier l’écrivain Bilal Fadhl dans un communiqué qui se terminé ironiquement par un "bonne année à tous et Ramadan Karim ! "

La télévision du Koweit ne veut pas de "crise"

"De façon définitive et à mon vif regret, le feuilleton (Gens d’Alexandrie) ne verra pas le jour. J’ai été informé officiellement, à l’instant, par les responsables de l’Egyptian Media Production City que le feuilleton que j’ai écrit et qui a été réalisé par Kheyri Bichara ne verra pas le jour durant le mois de Ramadan".

L’écrivain rappelle qu’après les réactions suscitées par les premières informations sur l’interdiction, les deux chaines de télévision qui devaient le diffuser, Al-Hayat et Al-Mehouer, s’étaient engagées à respecter leurs engagements.

"Désormais, le feuilleton est arrêté à la source, si on peut dire " a indiqué l’écrivain en révélant que la Télévision du Koweit, qui était partenaire dans la production, a décidé de se retirer car "ainsi que me l’a dit un responsable de la Media Production City, elle ne veut pas créer une crise avec le gouvernement égyptien".


LIRE AUSSI: L'Egypte ne sait plus rire, Bassem Youssef arrête l'émission satirique Al Bernameg sur MBC


La télévision koweitienne accepte cependant de participer à a production d’autres feuilletons qui ne suscitent pas "l’ire de la police et ne crée pas de crise politique". Pour l’écrivain, ce retrait est l’effet des pressions que "l’on peut deviner aisément".

Bilal Fadhl relève que des journalistes hostiles à la Révolution du 25 janvier "se sont extasiés" devant les problèmes rencontrés par le feuilleton et ont présenté la chose "comme une victoire du peuple égyptien".

Les choses, a-t-il dit, sont allés jusqu’à qualifier les auteurs du feuilleton "d’ennemis de la révolution de janvier", de "traitres" et de "diffamer la police" et d’appartenance à l’organisation des Frères Musulmans et d’intelligence avec l’étranger.

Une association présumée d’artistes a même demandé à la Media Production City d’accepter de supporter d’éventuelles pertes financière en "hommage à l’appareil de la police ".

Les pressions exercées sur les acteurs locaux se sont désormais étendues à l’extérieur et "contraignent un partenaire qui était partie prenante à tous les niveaux depuis le début à se retirer".

L’auteur du feuilleton a dénoncé une "détérioration du climat des libertés" et a critiqué ceux qui justifient les atteintes au "nom de la stabilité"




Il a appelé les écrivains et intellectuels qui ont choisi de ne pas voir les atteintes aux libertés à prendre conscience de la gravité de ce qui arrive. Ils ne doivent pas croire que leur silence d’aujourd’hui "leur épargnera l’interdiction et l’arbitraire s’ils veulent exprimer leurs opinions loin des instructions secrètes et des décisions autoritaires" ?


L’écrivain Ala Aswany, qui a soutenu le coup d’Etat contre le président Mohamed Morsi, constate sur twitter qu’il n’est "permis désormais qu’un seul avis, une seule opinion, une seule parole. Il n’est plus permis de critiquer ou d’avoir un avis divergent. Il n’est permis que de faire le laudateur au détriment de la vérité".




"Je suis solidaire avec mon talentueux ami Bilal Fadhl, l’auteur du feuilleton "gens d’Alexandrie" qui est puni pour son opposition au pouvoir. Bilal que je connais n’aura pas peur et ne changera pas".

Le 3 juin dernier, l’humoriste Bassem Youcef, avait, de guerre lasse, décidé d’arrêter son émission satirique Al-Bernameg qui avait résisté au gouvernement des Frères Musulmans avant de devenir non-grata sous le règne du maréchal Sissi.


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