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Sotchi 2014: Le menu qui attend Vladimir Poutine moins de deux mois avant les Jeux olympiques d'hiver

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INTERNATIONAL - Une grâce présidentielle d'un côté, une série d'amnistie de l'autre. Libérés à trois jours d'intervalle, Mikhaïl Khodorkovski et les membres des Pussy Riot n'ont pas grand chose en commun, si ce n'est la nationalité russe et un ennemi commun: le président Vladimir Poutine.

Si la libération des deux jeunes femmes du groupe punk contestataire a été permise par une loi d'amnistie votée par le Parlement russe à l'occasion des 20 ans de la Constitution du pays, celle de l'ex-oligarque a été interprétée par certains comme une volonté d'améliorer l'image de la Russie à l'approche des Jeux Olympiques qui doivent se tenir en février à Sotchi. À peine sortie de prison, une des membres des Pussy Riot libérées dénonçait une "opération de communication" du maître du Kremlin.

Non, Vladimir Poutine n'a pas changé et sa tentative -décrite par le politologue russe Konstantin Kalatchev- "de limiter les angles d'attaque" et d'"améliorer son image", n'échappe pas à ses détracteurs. Moins de deux mois avant le début des compétitions devant les caméras du monde entier, d'autres sujets brûlants vont d'ailleurs compliquer la mission que s'est assignée Vladimir Poutine.

Une économie au ralenti


La Russie a lancé des gigantesques travaux pour préparer Sotchi, une station balnéaire du Caucase, dans le sud de la Russie, à l'organisation des jeux Olympiques les plus chers de l'histoire, dont la facture totale est estimée à 50 milliards de dollars (36 milliards d'euros).

Mais alors que le ralentissement économique rattrape le pays (elle a enregistré au troisième trimestre 2013 le plus faible taux de croissance depuis la crise de 2008-2009) et que l'évasion de capitaux atteint des niveaux record, le gouvernement russe prépare un soutien financier aux investisseurs privés chargés de préparer Sotchi et incapables de rembourser les crédits accordés par les pouvoirs publics.

La menace intérieure


Un Russe sur quatre pense que des attentats peuvent se produire pendant les jeux Olympiques de Sotchi, selon un sondage réalisé récemment par le centre indépendant Levada, quelques semaines après que le chef de la rébellion islamiste dans le Caucase russe, Dokou Oumarov -qui a revendiqué plusieurs attentats meurtriers en Russie ces dernières années- a appelé en juillet "à empêcher par tous les moyens" la tenue des JO.

En réaction, le président russe a signé mi-novembre un décret renforçant encore les mesures de sécurité qui s'imposeront aux visiteurs. Ce décret impose notamment à tous les Russes en visite dans la station balnéaire de la mer Noire de se signaler en personne aux autorités locales dans les trois jours suivant leur arrivée, et non pas dans les 90 jours comme il est habituellement prévu. Quelque 37.000 policiers et l'armée de terre seront mobilisés pour assurer la sécurité des Jeux, le plus grand événement international organisé par la Russie depuis la chute de l'URSS en 1991.



Homosexualité, droits de l'Homme: manifestations à prévoir


Les manifestations à Sotchi pendant les JO seront finalement possibles, à condition d'obtenir l'accord de la ville et l'aval du Service fédéral de sécurité (FSB). Le président Vladimir Poutine avait signé en août un décret interdisant tout rassemblement ou manifestation près des sites olympiques du 7 janvier au 21 mars 2014, soit un mois avant l'ouverture des Jeux et après la clôture des jeux Paralympiques le 16 mars.

Outre les écologistes, les militants de différentes causes tenteront certainement de manifester en février. Des défenseurs de la cause homosexuelle entendent notamment profiter de la tribune offerte par les JO pour protester contre la récente loi russe interdisant la "propagande" de l'homosexualité devant mineurs, un texte qu'ils jugent discriminatoire.

En revanche, le mouvement de contestation menée par la timide opposition russe, qui avait mobilisé des dizaines de milliers de personnes contre Vladimir Poutine à l'hiver 2011-2012 s'est essoufflé et semble manquer d'une personnalité vraiment capable de rivaliser avec le maître du Kremlin.

Des écolos décidés


Les interpellations et intimidations d'écologistes russes critiquant les multiples dégâts causés à l'environnement par l'organisation des Jeux de Sotchi se multiplient à l'approche des JO, déplorait récemment le journal Novaïa Gazeta. Ils dénoncent en particulier les dommages causés aux plages de la mer Noire, au parc national de Sotchi et à la Réserve naturelle du Caucase, deux zones protégées.

Un militant de premier plan de l'ONG Surveillance écologique du Caucase du Nord, a ainsi été interpellé à l'aéroport de Krasnodar, capitale de la région de Sotchi, fouillé et interrogé pendant plusieurs heures par des agents du Service fédéral de sécurité (FSB), au motif farfelu qu'il ressemblait à un membre d'une organisation terroriste recherché. Fin octobre, un autre militant de premier plan de l'organisation avait été arrêté par la police qui l'accusait d'avoir diffamé un juge.

Par ailleurs, les membres de Greenpeace arrêtés en septembre après une action contre une plateforme pétrolière dans l’Arctique russe et poursuivis pour "hooliganisme", sont toujours incarcérés malgré la loi d'amnistie qui les concerne.

Des homologues qui manquent à l'appel


C'est certainement le cadet des soucis de Vladimir Poutine, mais lui qui s'attache aux symboles devra composer avec des absences remarquées. Une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement prévoient de se rendre aux JO de Sotchi en février, selon le président du comité d'organisation, Dmitri Tchernychenko. Mais il y aura des absents de marque, tels les présidents français et allemand, François Hollande et Joachim Gauck. Le président américain Barack Obama n'ira pas lui non plus à Sotchi et aucun haut dirigeant américain ne fera le déplacement. Cette décision a été interprétée en Russie comme un "boycott" pour protester contre les violations des droits de l'homme dans le pays.

En revanche, le Britannique David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel réfléchissent à la possibilité de se rendre à Sotchi. "Pour combattre les préjugés, il est plus efficace d’être présent que de boycotter", a notamment indiqué le Premier ministre britannique.

Le dossier syrien au point mort


La Russie et Poutine ont affirmé leur autorité en 2013 sur la scène internationale, s'imposant en tant que pacificateur de fortune dans le conflit syrien avec la proposition surprise de détruire les armes chimiques du régime sous le contrôle international, solution alternative aux frappes américaines.

Contrairement aux attentes, le président syrien Bachar al-Assad est toujours au pouvoir dans son pays, conforté par le soutien de Moscou, le principal allié de Damas, et une conférence internationale de paix sur la Syrie doit avoir lieu fin janvier à Genève. Mais les combats meurtriers se poursuivent en Syrie et le leadership de Vladimir Poutine sur ce sujet pourrait être mis en cause sur la scène internationale si aucune issue positive ne se profile.

Le dossier ukrainien sape la confiance de l'UE


Les manifestations pro-européennes à Kiev contre le rejet, au profit de la Russie, d'un accord d'association avec l'UE semblent perdre de leur élan après l'annonce par Moscou de l'octroi de 15 milliards de dollars à l'Ukraine et de la baisse du prix du gaz russe livré à cette ex-république soviétique.

Mais l'Union européenne peut légitimement en vouloir à la Russie d'avoir tout fait pour inciter l'Ukraine à saborder un accord d'association prévu de longue date. S'il défend les intérêts de son pays en assurant l’hégémonie russe sur les pays de l'ex-URSS, Vladimir Poutine pourrait en payer le prix fort et a déjà sapé le peu de confiance que les pays de l'UE lui accordaient.

Une organisation gangrenée par la corruption


Réparties pour moitié entre fonds publics et fonds privés , le budget des JO explose en partie à cause d'une corruption que certains dénoncent avec insistance. "Putin's Olympics", un film-documentaire révélant des faits de corruption pour obtenir des marchés sur les immenses chantiers de Sotchi, n'est pas le bienvenu en Russie, racontait récemment The Guardian. La productrice du film, l'Allemande Simone Baumann, a affirmé au journal britannique avoir été approchée par des agents russes qui lui auraient proposé 600.000 livres (720.000 euros) pour ne pas diffuser son documentaire. Elle a décliné l'offre.

Le magnat russe du bâtiment Valeri Morozov raconte dans le film avoir été obligé de verser des pots-de-vin allant jusqu'à 50% du montant du marché pour pouvoir effectuer des travaux. Après avoir dénoncé les faits aux autorités russes, il a reçu des menaces de mort. Réfugié en Grande-Bretagne après avoir fui la Russie il y a deux ans, Valeri Morozov affirme avoir porté lui-même l'argent des pots-de-vin à l'administration présidentielle au Kremlin.

Et malgré les milliards d'euros dépensés par la Russie pour organiser les jeux et moderniser les infrastructures de Sotchi des bords de la mer Noire, des milliers d'habitants continuent d'être touchés par des coupures de courant récurrentes. En 2012, la Russie pointait au 133e rang (sur 174) des pays perçus comme les moins corrompus, selon le classement annuel de référence de l'ONG Transparency International.

Rendez-vous à Saint-Pétersbourg en 2024 ?


Malgré tous les sujets de discorde mis en lumière par l'organisation des Jeux Olympiques, Vladimir Poutine ne semble pas très affecté par les timides remontrances internationales. La Russie manifeste d'ailleurs déjà son intérêt pour les jeux d'été en 2024 à Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays qui accueillera des matches... du Mondial-2018 de football.

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