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Afghanistan: second tour de la présidentielle sous menace des taliban

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Bravant les menaces des taliban, les Afghans votaient samedi au second tour de la présidentielle pour désigner le successeur de Hamid Karzaï, qui devra conduire le pays dans une ère nouvelle après le retrait de l'Otan, d'ici à la fin 2014.

Cette élection, toute première passation de pouvoir entre deux présidents afghans démocratiquement élus, est considérée comme un test majeur pour ce pays pauvre et en partie contrôlé par les talibans, que plus de douze années d'intervention militaire occidentale n'ont pas réussi à mater.

Farouchement hostiles à ce scrutin qu'ils estiment téléguidé par Washington, les talibans ont affirmé à la mi-journée avoir mené 246 opérations dans tout le pays.

Les rebelles islamistes ont toutefois pour habitude de gonfler l'ampleur et le nombre de leurs attaques et les opérations de vote se déroulaient globalement dans le calme.


L'incident le plus sérieux a été signalé dans le Logar (sud de Kaboul), une province au sud de Kaboul, où deux personnes "qui allaient voter" ont été tuées par des talibans, a indiqué le chef-adjoint de la police locale, Abdul Wali Toofan.

A Kaboul, des tirs de roquettes ont touché une zone près de l'aéroport de Kaboul avant même l'ouverture des bureaux de vote à 07H00 (02H30 GMT), sans faire de victime, selon l'Otan.

Les insurgés avaient multiplié les attaques lors du premier tour, le 5 avril, sans parvenir à empêcher une participation importante.


400 000 soldats et policiers

Et ce samedi encore, le déchaînement de violence promis par les talibans ne semblait guère décourager les électeurs, hommes et femmes, nombreux à exhiber fièrement leurs doigts marqués à l'encre antifraude.

"On a bien entendu quelques explosions dans la ville, mais pas de quoi nous faire peur. Ici, c'est tous les jours de toute manière. Et ce n'est pas ça qui m'empêchera de voter pour décider de l'avenir de mon pays", a dit à Kaboul Ahmad Jawid, un étudiant de 32 ans.

A Kaboul, un important dispositif de sécurité était visible dans les rues, quadrillées par des forces afghanes déterminées à déjouer toute tentative d'attaque. Au total, quelque 400.000 soldats et policiers ont été déployés dans tout le pays.

Les Afghans étaient appelés à trancher entre le favori Abdullah Abdullah, 53 ans, ancien porte-parole du commandant Massoud, arrivé largement en tête du premier tour du 5 avril (45%), et son adversaire Ashraf Ghani, 65 ans, un ex-cadre de la Banque mondiale (31,6%).

Progressistes, modérés, les deux hommes, qui ont voté dans la matinée à Kaboul, se sont engagés à lutter contre la corruption endémique et pour le développement économique de ce pays dépendant de l'aide internationale.

"Je suis venu pour participer à l'élection, pour que mon bulletin puisse apporter du changement dans nos vies", a déclaré à l'AFP Janat Gul, un commerçant de 45 ans, dans un bureau de vote de Kaboul.

"Je voterai pour le candidat qui redressera notre économie, créera des emplois et changera notre quotidien. Si notre économie tourne bien, il n'y aura plus d'insurrection, et plutôt que de se battre, les gens seront occupés à travailler", a-t-il dit.


Fraude, l'autre péril

Ce scrutin marquera la fin de l'ère Karzaï, seul homme à avoir dirigé l'Afghanistan depuis la chute des talibans en 2001, et auquel la Constitution interdit de briguer un troisième mandat.

Le président sortant a voté tôt samedi dans une école. "Venez voter, venez tous voter!", a-t-il lancé. "En participant à l'élection, vous permettrez à l'Afghanistan d'aller vers plus de stabilité".

Avec plus de 13 points d'avance sur son rival, la victoire semble à portée de main pour Abdullah Abdullah, qui s'était retiré avec fracas du deuxième tour de la précédente présidentielle, en 2009, en dénonçant des fraudes massives.

"Nous ne pouvons accepter ne serait-ce qu'un seul bulletin de vote frauduleux en notre faveur. Et nous espérons que les autres diront la même chose", a dit M. Abdullah.

Les résultats provisoires du scrutin devraient être publiés le 2 juillet, et la fraude pourrait avoir un effet dévastateur dans une configuration où les deux candidats, et leurs partisans, se disputeront pied à pied les voix des électeurs.

Le prochain président prendra ses fonctions le 2 août, avec une question urgente à régler: la signature d'un traité bilatéral de sécurité avec Washington, qui permettrait le maintien d'un contingent américain d'environ 10.000 hommes après le départ des 50.000 soldats de l'Otan, fin 2014.



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