"Menace persistante". C'est le titre d'un rapport sur "l'évolution d'Al Qaïda et autres djihadistes salafistes" rendu public il y a quatre jours par la Rand Corporation qui affirme que le nombre des groupes djihadistes a connu une croissance de 58% entre 2010 et 2013.
Dans le débat récurrent sur le niveau de la menace représentée par Al Qaïda, le rapport va dans le sens des alarmistes et des critiques des républicains qui, aux Etats-Unis, accusent le président Barack Obama de crier trop vite victoire.
Des tendances qui, indique le rapport, impliquent que les Etats-Unis doivent rester concentrés dans la lutte contre la prolifération des groupes salafistes-djihadistes qui connaissent une résurgence en Afrique du Nord et au Moyen Orient.
Dans le niveau de menace pour les Etats-Unis, les groupes s'activant au Yémen, à la frontière pakistano-afghane et aussi un nombre croissant d’Américains radicalisés qui combattent le régime Assad en Syrie. En deuxième position viennent les menaces venant de groupes actifs dans des pays comme la Somalie (Al-Shabab), l'Irak, la Libye et le Nigeria (Boko Haram).
La Libye représente le sanctuaire le plus actif pour les groupes salafistes-djihadistes, alors que la guerre en Syrie est le conflit qui suscite le plus d'attrait pour les djihadistes, indique le rapport. La quasi-totalité de ces nouveaux djihadistes activent en Afrique du Nord (notamment en Libye avec Ansar Charia ou en Egypte au sein du réseau Muhammad Jamal) et au Levant (Jabhat al Nusra et Liwa al Islam en Syrie).
L'affaiblissement d'un nombre de gouvernements dans la région MENA ainsi que la propagation des réseaux djihadistes sont les principales raisons de cette expansion, explique l'auteur de la recherche, Seth G. Jones, spécialiste de la lutte anti-terroriste et professeur adjoint en études internationales avancées.
Les gouvernements affaiblis ont du mal à établir l'ordre et faire respecter la loi, ça laisse un vide que remplissent les groupes terroristes.
La propagation des réseaux djihadistes quant à elle est due au retour des djihadistes vétérans de l’Irak, de l’Afghanistan et du Pakistan en Afrique du Nord ou au Levant où toutes les conditions sont réunies pour établir des réseaux de recrutement et d'entrainement.
L'auteur avance aussi d'autres hypothèses de la résurgence les conflits sectaires entre sunnites et chiites (les djihadistes-salafistes en Irak, Syrie et Liban sont financés par des parties étatiques et non-étatiques du Golfe) mais cela ne peut servir d'explication pour l'Afrique du Nord où les conflits sectaires sont minimes.
Al Qaida décentralisée
Le mouvement Al Qaida est devenu plus décentralisé, note l'étude de la Rand Corporation qui analyse l’évolution d’Al Qaida et des autres groupes salafistes djihadistes, ainsi que leur impact sur la politique américaine. Les groupes terroristes sont classés selon quatre catégories: Al Qaida mère au Pakistan sous le contrôle d'Ayman Zawahiri, les groupes ayant précédemment prêté allégeance à Al Qaida (en Afrique du Nord, Syrie, Somalie et Yémen), les formations sans allégeance officielle mais engagées à établir un émirat islamique, et enfin les individus et les réseaux inspirés par Al Qaida.
AQMI représente une menace moyenne pour les Etats-Unis et tend à cibler "l'ennemi proche", c'est à dire les pouvoirs locaux, par opposition à "l'ennemi lointain" représentés par les américains.
La grande variété géographique et ethnique, la divergence des objectifs, ainsi que la pression créée par la lutte anti-terroriste sont les causes de cette décentralisation, d'autant plus que la coordination devient difficile et qu'une structure hiérarchique est plus facile à éliminer.
Une structure décentralisée est aussi une vulnérabilité pour Al Qaida selon la recherche, car les objectifs à long terme sont difficiles à accomplir. Aussi, sans supervision, des groupes de moindre importance peuvent usurper du pouvoir et s’accaparer des ressources. Enfin, une telle structure favorise une plus grande probabilité de divisions.
L'exemple d'AQMI illustre cette décentralisation et les différences entre les affiliés d'Al Qaida. La filiale de l'Afrique du Nord a mené beaucoup moins d’attaques que les autres groupes, mais a couvert beaucoup plus d'espace, planifiant des attaques et des kidnappings au Mali, au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Le groupe s’est auto-financé et a par exemple reçu 30 millions de dollars en octobre 2013 pour relâcher des otages français.
"Forward partnering"
À la lumière de ces conclusions, le rapport recommande aux États Unis du “forward partnering” avec un nombre de pays, dont l’Algérie, la Libye et l’Egypte. Le “forward partnering” comprend entraîner, équiper et conseiller ces gouvernements sans implication directe dans les opérations. L'auteur conseille également d'encourager les alliés OTAN a coopérer avec les gouvernements des pays où la menace directe sur les intérêts américains est limitée, comme au Maroc ou au Mali.
Dans le débat récurrent sur le niveau de la menace représentée par Al Qaïda, le rapport va dans le sens des alarmistes et des critiques des républicains qui, aux Etats-Unis, accusent le président Barack Obama de crier trop vite victoire.
L'étude du think tank américain affirme que le nombre des formations salafistes-djihadistes actives à travers le monde est passé de 31 en 2010 à 49 en 2013. Les estimations du nombre des combattants actifs au sein de ces groupes varient entre 40 000 et 100 000 djihadistes, alors qu'en 2010, ce chiffre se situait entre 10 000 et 60 000 combattants. Le nombre des attaques menées par ses groupes d'Al Qaïda ou affilés est également en hausse et sont le fait de groupes opérant en Tunisie, Algérie, Mali, Libye, Egypte y compris au Sinaï ainsi qu’au Liban et en Syrie.
Des tendances qui, indique le rapport, impliquent que les Etats-Unis doivent rester concentrés dans la lutte contre la prolifération des groupes salafistes-djihadistes qui connaissent une résurgence en Afrique du Nord et au Moyen Orient.
Dans le niveau de menace pour les Etats-Unis, les groupes s'activant au Yémen, à la frontière pakistano-afghane et aussi un nombre croissant d’Américains radicalisés qui combattent le régime Assad en Syrie. En deuxième position viennent les menaces venant de groupes actifs dans des pays comme la Somalie (Al-Shabab), l'Irak, la Libye et le Nigeria (Boko Haram).
L’auteur du rapport met en garde contre la tentation, prêtée à Barack Obama, de réaffecter l’attention et les ressources du Moyen Orient vers l’Asie du pacifique. Sur la base des menaces évoquées, les " États-Unis ne peuvent pas se permettre de se retirer ou rester dégagé de parties essentielles de l'Afrique du Nord, Moyen-Orient et en Asie du Sud", a déclaré Seth Jones, auteur de l'étude et directeur adjoint du Centre de politique de sécurité et de défense internationale à la RAND
La Libye représente le sanctuaire le plus actif pour les groupes salafistes-djihadistes, alors que la guerre en Syrie est le conflit qui suscite le plus d'attrait pour les djihadistes, indique le rapport. La quasi-totalité de ces nouveaux djihadistes activent en Afrique du Nord (notamment en Libye avec Ansar Charia ou en Egypte au sein du réseau Muhammad Jamal) et au Levant (Jabhat al Nusra et Liwa al Islam en Syrie).
L'affaiblissement d'un nombre de gouvernements dans la région MENA ainsi que la propagation des réseaux djihadistes sont les principales raisons de cette expansion, explique l'auteur de la recherche, Seth G. Jones, spécialiste de la lutte anti-terroriste et professeur adjoint en études internationales avancées.
Les gouvernements affaiblis ont du mal à établir l'ordre et faire respecter la loi, ça laisse un vide que remplissent les groupes terroristes.
La propagation des réseaux djihadistes quant à elle est due au retour des djihadistes vétérans de l’Irak, de l’Afghanistan et du Pakistan en Afrique du Nord ou au Levant où toutes les conditions sont réunies pour établir des réseaux de recrutement et d'entrainement.
L'auteur avance aussi d'autres hypothèses de la résurgence les conflits sectaires entre sunnites et chiites (les djihadistes-salafistes en Irak, Syrie et Liban sont financés par des parties étatiques et non-étatiques du Golfe) mais cela ne peut servir d'explication pour l'Afrique du Nord où les conflits sectaires sont minimes.
Al Qaida décentralisée
Le mouvement Al Qaida est devenu plus décentralisé, note l'étude de la Rand Corporation qui analyse l’évolution d’Al Qaida et des autres groupes salafistes djihadistes, ainsi que leur impact sur la politique américaine. Les groupes terroristes sont classés selon quatre catégories: Al Qaida mère au Pakistan sous le contrôle d'Ayman Zawahiri, les groupes ayant précédemment prêté allégeance à Al Qaida (en Afrique du Nord, Syrie, Somalie et Yémen), les formations sans allégeance officielle mais engagées à établir un émirat islamique, et enfin les individus et les réseaux inspirés par Al Qaida.
AQMI représente une menace moyenne pour les Etats-Unis et tend à cibler "l'ennemi proche", c'est à dire les pouvoirs locaux, par opposition à "l'ennemi lointain" représentés par les américains.
LIRE AUSSI: Lakhdar Brahimi sur la Syrie: "Toute la région risque d'exploser"
La grande variété géographique et ethnique, la divergence des objectifs, ainsi que la pression créée par la lutte anti-terroriste sont les causes de cette décentralisation, d'autant plus que la coordination devient difficile et qu'une structure hiérarchique est plus facile à éliminer.
Une structure décentralisée est aussi une vulnérabilité pour Al Qaida selon la recherche, car les objectifs à long terme sont difficiles à accomplir. Aussi, sans supervision, des groupes de moindre importance peuvent usurper du pouvoir et s’accaparer des ressources. Enfin, une telle structure favorise une plus grande probabilité de divisions.
L'exemple d'AQMI illustre cette décentralisation et les différences entre les affiliés d'Al Qaida. La filiale de l'Afrique du Nord a mené beaucoup moins d’attaques que les autres groupes, mais a couvert beaucoup plus d'espace, planifiant des attaques et des kidnappings au Mali, au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Le groupe s’est auto-financé et a par exemple reçu 30 millions de dollars en octobre 2013 pour relâcher des otages français.
"Forward partnering"
À la lumière de ces conclusions, le rapport recommande aux États Unis du “forward partnering” avec un nombre de pays, dont l’Algérie, la Libye et l’Egypte. Le “forward partnering” comprend entraîner, équiper et conseiller ces gouvernements sans implication directe dans les opérations. L'auteur conseille également d'encourager les alliés OTAN a coopérer avec les gouvernements des pays où la menace directe sur les intérêts américains est limitée, comme au Maroc ou au Mali.
Retrouvez les articles du HuffPost Maghreb sur notre page Facebook.