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Algérie: Souvenez-vous du massacre de Sétif le 8 mai 1945

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Souvenez-vous, il y a 69 ans. Le 8 mai, des milliers d'Algériens manifestent en marge de la célébration de la victoire des alliés sur les nazis pour revendiquer leur droit à l'autodétermination. La France d'alors le leur fera payer très cher.

D'après les historiens, entre 8.000 et 15.000 Algériens perdront la vie dans la terrible répression qui suivra ce mouvement.

"Aucun drapeau autre que celui de la France ne doit être déployé"

Pour comprendre comment un massacre de cet ampleur à pu avoir lieu alors que la plus terrible des guerres venait de s'achever, il faut remonter au débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942.

Cette opération met un terme à l'ordre colonial brutal du régime de Pétain et permet à des dizaines de milliers d'Algériens de s'enrôler au côtés des forces françaises libres. Ces deux éléments, conjugués à l'ordonnance du 7 mars 1944 du général De Gaulle donnant la nationalité française à plus de 60.000 conscrits algériens, attisent les espoirs du mouvement nationaliste algérien principalement incarné par le Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj.

Lorsque ce dernier est emprisonné et déporté à Brazzaville le 23 avril 1945, c'est tout un peuple qui vibre d'indignation, bien déterminé à faire libérer son leader historique.

Le 1er mai 1945, le PPA organise une manifestation pour réclamer la libération de Hadj, qui se soldera de trois morts dans les rangs du parti.

A Setif le 8 mai 1945, jour de la reddition Allemande, les musulmans sont autorisés à manifester séparément mais à la condition express que "aucune bannière ou autre symbole revendicatifs, aucun drapeau autre que celui de la France ne doit être déployé. Les slogans anti français ne doivent pas être scandés. Aucune arme, ni bâtons, ni couteaux ne sont admis".

Mais les 10.000 manifestants qui arpentent la ville ne l'entendent pas de cette oreille. Les slogans se font de plus en plus nationalistes et l'hymne Min Djibalina retentit, entrecoupée d'appels à libérer Messali Hadj.

C'est alors qu'un jeune leader scout, Aïssa Cheraga va faire basculer le sort de toute l'Algérie. En brandissant le drapeau algérien, Cheraga entraîne une réaction des colons et policiers qui surveillaient le cortège. Le drapeau sera repris par le jeune Bouzid Saal, abattu par balle.

Plus rien ne pourra alors arrêter l'escalade.

"Nous sommes des chiens"

La police, prise de panique, tire sur les manifestants, qui se vengent sur les premiers Européens qu'ils croisent. La révolte s'étend très vite dans les petits villages qui ornent les montagnes de Kabylie.

Le 11 mai 1945, le général De Gaulle ordonne à l'armée d'intervenir pour rétablir l'ordre. La répression sera d'une violence terrible. Massacres de civils, bombardements de villages, usage de blindés, de la marine et de l'aviation, rien n'est épargné à l'horreur pour soumettre les sous-citoyens de l'empire français.




Des images du massacre de Sétif




La répression prend officiellement fin le 22 mai à travers de joyeuses cérémonies organisées par l'armée. Chaque homme algérien est invité à se prosterner devant le drapeau français et à répéter la phrase suivante: "Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien".

Un enquête fut ordonné par De Gaulle mais elle ne mènera à rien. Les responsables du massacre ne seront jamais inquiétés. Si la répression préfigure la barbarie sans nom qui aura cour lors de la guerre d'Algérie, elle aura surtout cimenté dans le coeur des Algériens la volonté de se libérer du joug colonial, quel qu'en soit le prix.


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