"Le jour le plus long!". Plusieurs journaux algériens ont eu la même idée de "Une" pour marquer le jour J de l’élection Présidentielle qui a lieu aujourd’hui pour départager entre six candidats en lice dont le président sortant, Abdelaziz Bouteflika.
23 millions d'électeurs algériens sont appelés aujourd’hui à voter dans 50.000 bureaux de vote. Plus de 260.000 policiers et gendarmes ont été déployés pour sécuriser le scrutin. Pour de nombreux algériens, c’est une "élection jouée d’avance", comme les précédentes. La seule grosse différence est une montée des appréhensions au sujet d’un possible dérapage dans la violence des contestations après l’annonce du scrutin.
La décision d’Abdelaziz Bouteflika, malade, à la mobilité très restreinte et à l’élocution ardue à la suite d’un AVC, de se porter candidat à un quatrième mandat a suscité chez une partie des élites de la sidération d’abord puis de l’exaspération.
Deux ans plus tôt, Bouteflika avait pourtant édicté une sentence pour toute sa génération: "tab jnana", nous "avons fait notre temps".
Ce sont des ministres qui ont mené campagne pour Bouteflika en laissant entendre qu’il ferait une apparition à moment ou un autre. Le président Bouteflika s’est contenté de quelques apparitions télévisées à l’occasion de rencontres avec des ministres de passage où il a émis parfois des observations contre son principal adversaire, Ali Benflis, qui ont suscité des polémiques.
L’enjeu du taux de participation
Les communicateurs de Bouteflika ont fait valoir, sans vraiment convaincre les adversaires d’un quatrième mandat synonyme pour eux d’une présidence à vie, que le président "gère le pays avec sa tête, pas avec ses pieds".
La direction de campagne de Bouteflika a indiqué qu’il ira voter aujourd’hui, à 10 heures, à l’Ecole Cheikh Bachir El-Ibrahimi à El-Biar, sur les hauteurs d'Alger, selon un communiqué de son staff. Ce sera la première sortie publique de Bouteflika depuis deux ans.
Disposant des appareils d’Etat et d’un soutien total des médias audiovisuels, y compris des télévisions privés algériennes au statut encore flou, Bouteflika est donné comme favori.
Le véritable baromètre de cette élection est le taux de participation en général beaucoup plus faible que ce qu’annoncent les chiffres officiels. Dans son dernier "message", Bouteflika a d’ailleurs appelé les Algériens à aller voter en critiquant dans l’abstention une "propension délibérée à vouloir demeurer en marge de la nation".
Pour de nombreux observateurs, les victoires de Bouteflika en 2004 et en 2009 ne sont pas contestables en soi, mais ils estiment que le taux de participation a été gonflé.
Alors que la présidentielle de 2009 était créditée officiellement d’un taux de participation de 74,11%, un câble de l'ambassade américaine à Alger révélé par Wikileaks a donné une estimation de 25 à 30%. Un chiffre qui se rapproche du taux réel de 23% généralement évoqué "en off" en Algérie.
Plusieurs partis et personnalités algériennes ont appelé au boycott et mené une campagne sur ce thème. Ali Benflis qui s’est installé comme principal rival de Bouteflika est handicapé par ces appels au boycott. Il a mené une campagne très offensive en mettant en garde régulièrement contre la fraude, ce qui a créé de vives tensions avec le camp Bouteflika. Ce dernier l’a même accusé devant le chef de la diplomatie espagnol José Manuel Marcia-Margallo puis l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi, de faire dans le "terrorisme" et la "fitna".
La baston pour Barakat… un message
Ces échanges vifs ont créé un climat d’appréhensions qui fait craindre des dérapages. Les médias audiovisuels proches de Bouteflika ont poursuivi outrageusement leur campagne contre "les fauteurs de Fitna" et les "agents de la déstabilisation".
Hier, les services de sécurité ont étouffé dans l’œuf et sans aucun ménagement la tentative du mouvement Barakat de manifester devant la faculté centrale d’Alger. Un message que la "gestion démocratique des foules", selon la formule très imagée du chef de la police algérienne, n’est plus de mise.
L’état-major de l’armée a mis toutes les unités en "état d’alerte" en prévision de l’après-élection et des contestations qu’elles pourraient engendrer. Les Algériens, sans paniquer, attendent la suite des évènements.
Les stations d’essence ont été prises d’assaut ces deux derniers jours. Les Algériens font le "plein pour le cas où…".
Ce "jour le plus long" n’est cependant "pas un grand jour pour la démocratie", écrit le Quotidien d’Oran. "C'est une formalité qu'un régime vieillissant accomplit poussivement, dans la difficulté".
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23 millions d'électeurs algériens sont appelés aujourd’hui à voter dans 50.000 bureaux de vote. Plus de 260.000 policiers et gendarmes ont été déployés pour sécuriser le scrutin. Pour de nombreux algériens, c’est une "élection jouée d’avance", comme les précédentes. La seule grosse différence est une montée des appréhensions au sujet d’un possible dérapage dans la violence des contestations après l’annonce du scrutin.
La décision d’Abdelaziz Bouteflika, malade, à la mobilité très restreinte et à l’élocution ardue à la suite d’un AVC, de se porter candidat à un quatrième mandat a suscité chez une partie des élites de la sidération d’abord puis de l’exaspération.
Deux ans plus tôt, Bouteflika avait pourtant édicté une sentence pour toute sa génération: "tab jnana", nous "avons fait notre temps".
Ce sont des ministres qui ont mené campagne pour Bouteflika en laissant entendre qu’il ferait une apparition à moment ou un autre. Le président Bouteflika s’est contenté de quelques apparitions télévisées à l’occasion de rencontres avec des ministres de passage où il a émis parfois des observations contre son principal adversaire, Ali Benflis, qui ont suscité des polémiques.
L’enjeu du taux de participation
Les communicateurs de Bouteflika ont fait valoir, sans vraiment convaincre les adversaires d’un quatrième mandat synonyme pour eux d’une présidence à vie, que le président "gère le pays avec sa tête, pas avec ses pieds".
La direction de campagne de Bouteflika a indiqué qu’il ira voter aujourd’hui, à 10 heures, à l’Ecole Cheikh Bachir El-Ibrahimi à El-Biar, sur les hauteurs d'Alger, selon un communiqué de son staff. Ce sera la première sortie publique de Bouteflika depuis deux ans.
Disposant des appareils d’Etat et d’un soutien total des médias audiovisuels, y compris des télévisions privés algériennes au statut encore flou, Bouteflika est donné comme favori.
Le véritable baromètre de cette élection est le taux de participation en général beaucoup plus faible que ce qu’annoncent les chiffres officiels. Dans son dernier "message", Bouteflika a d’ailleurs appelé les Algériens à aller voter en critiquant dans l’abstention une "propension délibérée à vouloir demeurer en marge de la nation".
Pour de nombreux observateurs, les victoires de Bouteflika en 2004 et en 2009 ne sont pas contestables en soi, mais ils estiment que le taux de participation a été gonflé.
Alors que la présidentielle de 2009 était créditée officiellement d’un taux de participation de 74,11%, un câble de l'ambassade américaine à Alger révélé par Wikileaks a donné une estimation de 25 à 30%. Un chiffre qui se rapproche du taux réel de 23% généralement évoqué "en off" en Algérie.
Plusieurs partis et personnalités algériennes ont appelé au boycott et mené une campagne sur ce thème. Ali Benflis qui s’est installé comme principal rival de Bouteflika est handicapé par ces appels au boycott. Il a mené une campagne très offensive en mettant en garde régulièrement contre la fraude, ce qui a créé de vives tensions avec le camp Bouteflika. Ce dernier l’a même accusé devant le chef de la diplomatie espagnol José Manuel Marcia-Margallo puis l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi, de faire dans le "terrorisme" et la "fitna".
La baston pour Barakat… un message
Ces échanges vifs ont créé un climat d’appréhensions qui fait craindre des dérapages. Les médias audiovisuels proches de Bouteflika ont poursuivi outrageusement leur campagne contre "les fauteurs de Fitna" et les "agents de la déstabilisation".
Hier, les services de sécurité ont étouffé dans l’œuf et sans aucun ménagement la tentative du mouvement Barakat de manifester devant la faculté centrale d’Alger. Un message que la "gestion démocratique des foules", selon la formule très imagée du chef de la police algérienne, n’est plus de mise.
L’état-major de l’armée a mis toutes les unités en "état d’alerte" en prévision de l’après-élection et des contestations qu’elles pourraient engendrer. Les Algériens, sans paniquer, attendent la suite des évènements.
Les stations d’essence ont été prises d’assaut ces deux derniers jours. Les Algériens font le "plein pour le cas où…".
Ce "jour le plus long" n’est cependant "pas un grand jour pour la démocratie", écrit le Quotidien d’Oran. "C'est une formalité qu'un régime vieillissant accomplit poussivement, dans la difficulté".
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